Quand un roman est trop « intime », j’ai deux façons de l’aborder… Je peux y entrer sur la pointe des pieds, me faire toute petite pour ne pas déranger, tendre l’oreille doucement, regarder par le trou de la serrure et devenir le témoin discret et silencieux d’une histoire personnelle qui sous le prisme du roman devient presque universelle. Dans ce cas là, l’expérience est souvent bouleversante, parce qu’elle réveille des peurs viscérales sur la perte des êtres qui nous sont chers, parce qu’elle fait écho et résonne, longtemps… Je peux aussi regarder se dérouler l’histoire en simple spectateur, voir les êtres de papier évoluer sous mes yeux sans ressentir la moindre émotion, passer au large sans m’impliquer, sans réussir à faire le lien avec ma propre vie, sans que le cœur batte un peu plus fort…

 

« Toutes les quatre, nous expérimentons à nouveau l’évidence d’être une famille, chose étrange, dont on ne sait pas très bien s’arranger quand si longtemps nous nous en sommes fichues, chacune occupée à se dépêtrer de l’enfance. »

 

J’aurais voulu entrer dans cette histoire et ressentir l’émotion visiblement sincère de l’auteure. J’aurais voulu m’attacher à ces sœurs dans ces moments que l’on sait devoir vivre un jour mais dont on repousse au plus loin la simple idée. J’aurais voulu faire partie de cette famille à la fois brinquebalante et solide qui vacille de ses fragiles fondations à la mort de la mère, puis du père. J’aurais voulu comprendre l’intérêt de la « présence » de David Bowie dans tout ça…

 

Peut-être que je m’attendais à autre chose. Les petits riens du quotidien qui font la trame des souvenirs, ces fils qu’on tisse doucement, ces accrocs qu’on reprise… Je ne les ai pas trouvés. Sur le thème du deuil et des liens familiaux, je garde en tête les très beaux livres de Sophie Lemp et Anne Goscinny. Des textes simples et pudiques, des textes qui ne mentent pas et ont provoqué en moi une véritable émotion. Il y a du vrai, oui, dans le roman de Sonia David. Tout ce qu’elle décrit de la complexité des liens familiaux, de cette distance qu’on prend parfois, de ces chemins qui éloignent des êtres qui s’aiment trop, ou mal, parce qu’ils n’ont pas le choix. Tous ces regrets et rancœurs qui s’accumulent et ces douleurs, brutales, qui remettent tout en perspective. Il y a du vrai oui. Mais je n’y ai pas cru…

 

Les avis de Alex, Antigone, Cathulu, Charlotte, Cuné, Delphine-Olympe, Joëlle, Lucie, Sabine

 

Éditions Robert Laffont (Août 2017)

174 p.

 

Prix : 17,00 €

ISBN : 978-2-221-20028-5

 

#MRL17

By Hérisson

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