Entre_eux_deux_editions_TheatralesUn hôpital, de nuit. Elle entre dans la chambre « purgatoire » avec fracas, volubile, intarissable. Elle n’est là qu’en transit, elle le sait. Lui aussi d’ailleurs, même s’il ne dit rien… Cette chambre, ils vont devoir la partager, juste pour une nuit, avant d’être transférés ailleurs, dans une maison de repos… C’est court une nuit. Mais ça peut durer une éternité…

 

Elle parle, beaucoup, peut-être trop. Elle a besoin des mots, ils la rassurent, l’aident à tenir debout. Les mots comme des refuges, une bouée de sauvetage… Pour oublier les vides, cette béance comme une blessure, cette colère et cette tristesse qui la rongent…

 

Lui écoute, ou peut-être qu’il fait juste semblant, qui peut le dire, finalement..? Cloué à son lit d’hôpital, il y a longtemps qu’il ne trouve plus les mots pour exprimer son mal-être, longtemps qu’il n’essaye plus, longtemps que ça se bouscule dans sa tête, que ça s’emmêle, que ça s’effrite. Et son corps ne suit plus, ses bras, bien trop lourds, l’attirent sans arrêt vers la chute… qu’il attend en vain.

 

Deux âmes perdues, qui peu à peu sombrent dans la folie. Inadaptées. Deux adolescents cabossés arrivés là comme en dernier recours… Et la rencontre a lieu, magique, tendre, inattendue… Les deux adolescents se racontent et se livrent, enfin, tentent de combattre leurs démons… Ils ont une nuit, une seule, pour se sauver la vie…

 

Catherine Verlaguet excelle dans la peinture des sentiments naissants. Ces deux adolescents qui ont poussé de travers se raccrochent l’un à l’autre pour s’ancrer enfin solidement dans une existence jusqu’alors brinquebalante. Ils s’observent, se cherchent, s’apprivoisent peu à peu, s’aiment… Les secrets  qui les hantent, leur passé tortueux, tout s’apaise. Possible, oui, que l’amour soit le meilleur des remèdes.

Beaucoup de délicatesse et de force dans cette pièce de théâtre au charme hypnotique. Beaucoup de pudeur aussi qui laisse deviner les dessous d’un amour salvateur aussi fulgurant qu’inespéré. Beau et troublant…

 

Une pépite jeunesse atypique partagée avec Jérôme, comme chaque mardi ou presque…

 

 

Au hasard des pages :

« Lui : Tu crois, toi ?

Elle : Quoi ?

Lui : Qu’on a des coins, en nous ?

Elle : En tous cas, si on en a, je voudrais que tu sois le premier à me les faire découvrir.

Ça m’arrive pas tous les jours, tu sais. La confiance. Ici, on est un peu au purgatoire, c’est vrai… entre deux… c’est comme si on existait pas.

Lui : Et pourtant…

Elle : Je ne me suis jamais sentie aussi vivante !

Lui : J’ai jamais autant existé, que là.

Elle : Alors ?

Pourquoi est-ce qu’à quinze ans ce serait forcément dans le mauvais sens du terme ? » (p. 38)

 

Éditions Théâtrales (Octobre 2015)

Collection Théâtrales jeunesse

57 p.

 

Prix : 8,00 €

ISBN : 978-2-84260-690-9

 

 

pepites_jeunesse


17 commentaires

franfran · 10 novembre 2015 à 08h05

théâtre jeunesse ? Ne savais même pas que ça existait…. vous me faites découvrir toujours des p’tits riens incroyables …. <3

    Noukette · 25 novembre 2015 à 17h07

    Et du très bon théâtre ! A mettre en scène ou à mettre en voix par des ados ça doit être sublime !

Jerome · 10 novembre 2015 à 12h22

Une divine surprise ! Tout ce qu’on aime finalement, typiquement le genre de texte que l’on adore partager ensemble. Vivement mardi prochain 😉

    Noukette · 25 novembre 2015 à 17h08

    Elle est parfaite cette pépite ! Je vais m’empresser de la proposer à mes ados…! 😉

Sandrine · 10 novembre 2015 à 18h08

Mais pourquoi pas tenter ?
L’idée me plait.

    Noukette · 25 novembre 2015 à 17h10

    Alors fonce ! Ça fait du bien parfois de sortir des sentiers battus !

laurielit · 10 novembre 2015 à 22h37

tout comme Framboise, je ne savais pas que ça existait le théâtre jeunesse mais je sens que ça va me plaire grandement. Je note!!

Sous les galets · 12 novembre 2015 à 13h20

Je n’avais pas compris qu’il s’agissait d’une pièce de théâtre, du coup j’ai été surprise par l’extrait, et j’ai du relire le billet. Ca a l’air très percutant, mais un peu désespéré non ?

    Noukette · 25 novembre 2015 à 17h10

    Et aussi plein d’espoir… C’est un très beau texte, vraiment !

Alex-Mot-à-Mots · 12 novembre 2015 à 13h51

Une pépite au théâtre, un genre si peu lu il est vrai.

    Noukette · 25 novembre 2015 à 17h12

    Ce qui est fort dommage… Cette collection est prometteuse !

lasardine · 13 novembre 2015 à 09h55

tu en parles drôlement bien!!
je vais voir si je la trouve

    Noukette · 25 novembre 2015 à 17h12

    Je suis presque certaine que ce texte peut te toucher !

Mokamilla · 13 novembre 2015 à 19h56

Parfait pour moi qui souhaite me remettre au théâtre, jeunesse comme classique.

    Noukette · 25 novembre 2015 à 17h13

    Je suis sûre que ce texte peut te parler… ♥

« Sept nains , W. Lupano , Roberto Ali | «sab's pleasures · 17 novembre 2015 à 19h30

[…] Lecture effectuée dans le cadre de    hébergée cette semaine chez Noukette […]

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