Depuis qu’elle a fait sa rentrée en 6e, Clémentine accède un peu plus à cette liberté qu’elle espérait depuis des mois. Sa mère finissant sa journée de travail trop tard pour venir la récupérer à la sortie du collège, chaque lundi, elle fait seule le chemin jusqu’à chez elle. Et elle y tient beaucoup. Mais un lundi, tout dérape… Dans une petite rue peu passante, elle se fait interpeller par un homme à l’intérieur d’une camionnette blanche garée le long du trottoir. Méfiante, il suffira pourtant de quelques secondes pour qu’elle voie ce qu’elle n’aurait pas dû voir…

 

De retour chez elle, Clémentine est effondrée et ne sait pas mettre des mots sur l’évènement fugace et pourtant extrêmement choquant qui vient d’avoir lieu. L’image encore figée sur la rétine, tenaillée par la peur et l’incompréhension, Clémentine se terre dans le silence. Pas un mot à ses parents, pas un mot à ses copines le lendemain en retournant au collège. Mais il y aura d’autres lundis. Et cet homme, peut-être, qui l’attend encore dans une ruelle un peu trop calme et qui pourrait aller plus loin….

 

« J’ai terriblement besoin d’être consolée, rassurée, pourtant je ne dis rien ; je pense à ce que j’ai vu et je me sens très sale. Honteuse. Presque coupable. Je ne sais pas ce que je dois dire, ni comment le dire.

Je n’ai rien fait de mal, quelqu’un m’a fait du mal, m’a blessée, terrifiée, mais je reste silencieuse, incapable de trouver les mots justes devant ma mère qui continue à déambuler d’un placard à l’autre, comme si rien ne s’était passé. Je reste muette. »

 

Réédition d’un texte paru en 2009, La camionnette blanche sonne juste et frappe fort. Sur un sujet finalement peu abordé en littérature jeunesse, Sophie Knapp préfère se focaliser sur les conséquences de l’évènement plutôt que sur l’évènement lui-même. Poids du secret, peur, honte, incompréhension, Clémentine s’enferme dans le silence, inventant des stratagèmes pour ne pas avoir à rentrer seule du collège. Tout plutôt que revivre cette scène qui tourne en boucle dans sa tête. Tout plutôt que recroiser cet homme au souffle court dans sa camionnette blanche. Effacer ces minutes interminables de sa mémoire. Effacer cette voix. Effacer ces gestes qui lui donnent envie de vomir. Même si rien ne se voit de l’extérieur, Clémentine souffre et se sent désespérément seule face à cette douleur. La peur la paralyse et l’empêche de vivre une vie normale.

 

Sophie Knapp aborde avec intelligence le traumatisme causé par l’agression subie par Clémentine. Si l’exhibitionniste n’a pas agressé physiquement la jeune fille, cette vision a sur elle de graves répercussions psychologiques. Enfermée dans son silence, il lui faudra du temps pour s’ouvrir et se confier à ses parents, loin de s’imaginer ce qu’elle a pu traverser. Un roman qui invite au dialogue, à avoir dans tous les CDI de collège.

 

Une nouvelle pépite jeunesse que je partage comme chaque mardi avec Jérôme.

 

Éditions Petit à petit (Août 2017)

 78 p.

Prix : 7,50 €

ISBN : 979-10-95670-33-9

 

pepites_jeunesse


7 commentaires

Alex-Mot-à-Mots · 29 août 2017 à 10h55

Une lecture autour de laquelle il faut dialoguer, en effet.

luocine · 29 août 2017 à 12h59

vu aussi chez Jérôme , c’est bien qu’il y ait des livres sur ce sujet.

Stephie · 29 août 2017 à 19h02

C’est noté 🙂

Saxaoul · 29 août 2017 à 19h47

Un roman à laisser traîner chez soi quand on a des collégiens aussi….

Violette · 29 août 2017 à 22h39

ohhh, le livre que je vais gagner dans quelques mois… OK, je sors :-O

Jerome · 30 août 2017 à 12h54

Un livre qui sonne très juste, et pourtant l’équilibre n’est pas simple à trouver avec un tel sujet.

(elle me fait rire Violette^^)

Fanny · 31 août 2017 à 16h52

Il est noté pour un futur emprunt! Merci!

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