La mauvaise rencontreJ’avais beaucoup aimé Un secret à sa sortie, un peu moins La petite robe de Paul qui m’avait laissé comme un sentiment de malaise… J’avais cependant hâte de découvrir cette histoire d’amitié entre Loup et Mando, me demandant si pour moi ce serait cette fois une heureuse ou une mauvaise rencontre…

 

Inséparables…

 

Loup, le narrateur, et Mando se connaissent depuis le bac à sable, autant dire depuis toujours. La plupart des souvenirs du narrateur sont liés à des expériences vécues avec son alter ego : leurs jeux d’enfants, leurs découvertes, leurs passions communes pour la littérature fantastique ou les promenades interminables au cimetière du père Lachaise… En grandissant, les deux amis continuent d’évoluer côte à côte, même si la vie leur fait prendre des chemins différents : Loup s’orientera vers la psychanalyse et deviendra le disciple du « Professeur », un psychanalyste de renom, tandis que Mando lui se dirigera vers le droit et l’économie. Pourquoi, alors, parler de « mauvaise rencontre » ? Dès le début du roman, l’auteur nous pointe du doigt ce qui apparaîtra comme des failles dans leur amitié : de petites trahisons en non-dits, l’histoire s’effrite petit à petit, Loup s’éloigne de plus en plus tandis que Mando, exclusif, fidèle, sombre dans la folie…

 

Trahisons et remords

 

S’il me restait une seule chose de la lecture de ce livre ce serait la force de l’écriture de son auteur… J’aime la façon dont les mots s’égrainent avec fluidité, les phrases sont belles, agréables à lire, c’est un tel plaisir que certains passages mériteraient d’être lus à voix haute pour en saisir toute la portée et la profondeur. C’est également une très belle histoire d’amitié même si j’avoue que j’ai été moins conquise par les deux personnages principaux que par les personnages secondaires, des femmes qui ont toutes joué un rôle prédominant dans l’évolution du narrateur.

Nine, la nounou de Loup, sa seconde maman, qui lui voue un amour sans bornes, démesuré…, à qui il enverra chaque année une carte à la fête des mères, en douce, en cachette de la sienne. Pourtant il s’éloignera aussi d’elle avec le temps, la voyant de moins en moins, au plus grand désespoir de Nine. A sa mort, Loup connaîtra son premier deuil, ses premiers remords aussi…

Loup évoluera aussi aux côtés de Gaby, une compagne de bridge de sa mère, excentrique et débordante d’énergie. Cette femme plus âgée que lui, cette femme d’excès, sera une confidente, une vraie « amie d’enfance ».

L’histoire de cette amitié passionnelle et destructrice m’a touchée en de nombreux endroits même si le personnage de Loup m’a souvent profondément agacé…, de même que les très nombreuses références à la psychanalyse, surtout dans la deuxième partie du roman. Mais peut-on réellement en vouloir à Philippe Grimbert, lui même psychanalyste ?

Cette lecture restera cependant un bon souvenir et j’avoue avoir presque lu ce livre d’une traite. Je lirai avec plaisir les prochains romans de cet auteur dont j’aime la plume.

 

Premières phrases : « Il n’y a pas eu de filles dans cette histoire. Juste deux garçons et ça n’a pas été simple pour autant. Bien sûr, les années passant, une ou deux beautés y ont fait leur apparition, trois petits tours et puis s’en sont allées. Elles ont pris le bras de l’un, la bouche de l’autre, mais cela est resté une histoire de garçons. Rien n’aurait dû les séparer, crois de bois croix de fer, à la vie à la mort. Il n’y a pas eu de rivalités imbéciles, c’est autre chose qui les a déchirés, quelque chose qui était là depuis le début mais que personne ne pouvait encore imaginer. »

 

Au hasard des pages : « Durant des années je m’étais efforcé de me conformer à l’image que Mando se faisait de moi. J’avais parfois le sentiment que son existence en dépendait et je tentais de maintenir cette image inaltérable. Mais plus le temps passait et plus je m’épuisais. Je savais que je m’éloignais de lui. Qu’en était-il de son côté ? Peut-être ressentait-il ce déchirement comme un coup de scalpel, celui du chirurgien entre les poitrines de deux siamois. Parfois seul l’un des inséparables survivait, coupable pour toujours de devoir sa liberté à la disparition de l’autre. »

 

A lire également un avis mitigé chez Stéphie, et un autre plus enthousiaste chez Ma.

 

Grasset & Fasquelle (2009)

 

A noter que ce livre est également disponible dans les éditions Feryane, en gros caractères.

Boutique en ligne à cette adresse : www.feryane.fr

importorigin:http://aliasnoukette.over-blog.com/article-la-mauvaise-rencontre-philippe-grimbert-54771696.html

Catégories : Littérature française

6 commentaires

Commentaire n°1 posté par Stephie · 1 août 2010 à 18h08

Et figure-toi qu’en plus je m’en souviens à peine 😉

    Noukette · 1 août 2010 à 20h46

    Bah j’y peux rien j’ai un faible pour son écriture ! ;)) Va savoir si je me souviendrais moi… En tous cas, tu as une « mauvaise influence » sur moi, mon rendement de lectures m’épuise ! 😉

Commentaire n°2 posté par lancellau · 6 août 2010 à 10h51

Je me souviens aussi de cette écriture et surtout de ces personnages féminins très forts qui m’avaient marquée!! je garde un bon souvenir de ce roman lu il y a 1 an!

    Noukette · 6 août 2010 à 14h10

    L’écriture de Grimbert me touche beaucoup et comme toi j’ai particulièrement aimé les « filles » du roman !

Commentaire n°3 posté par cartonsdemma · 27 juillet 2011 à 16h53

Moi aussi j’ai beaucoup aimé, j’ai aussi aimé « La petite robe de Paul » http://lesptitscartons.canalblog.com/archives/2011/07/26/21679061.html
J’ai découvert ce blog récemment(par l’intermédiaire de celui de stéphie) et même si le mien n’est pas consacré initialement à la littérature c’est un vrai plaisir de lire tous ces commentaires

    Noukette · 27 juillet 2011 à 23h39

    je file découvrir le tien, c’est toujours un plaisir ! J’avais lu La petite robe de Paul avant ce blog, je me rappelle avoir été mal à l’aise, mais j’aime tellement l’écriture de Grimbert !

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *