La révolte des personnagesDepuis quand les personnages ont-ils leur mot à dire sur l’histoire qui est en train de s’écrire…? Depuis que le monde a changé pardi et que les princesses modernes n’ont rien de petites filles proprettes qui se tiennent bien droites en attendant sagement qu’on leur choisisse un mari…

Notre malheureux auteur, qui avait l’intention d’écrire un conte de fées somme toute des plus classiques en voit donc de toutes les couleurs, obligé à chaque intervention de ses personnages de tout récrire. Même le château s’y met, vexé qu’on ne lui consacre qu’une seule petite ligne de rien du tout… Qu’à cela ne tienne. L’auteur lui donne des pierres blanches étincelantes, des jardins et des belles fontaines.

La plus difficile à contenter reste quand même l’héroïne de l’histoire, la princesse Emeraude, qui refuse d’épouser un beau prince de la haute. La mode, c’est les roturiers, l’auteur ne lit-il donc jamais la presse people ? Et puis elle est bien décidée à dire non à la dictature de l’apparence…

Va pour un paysan alors, ah non, pardon, le paysan n’est pas disponible, déjà amoureux de la jolie Martine. Va pour le meunier donc, qui se doit, selon les voeux de la princesse, d’être « un homme bon, gentil, dévoué, fidèle, drôle, et assez intelligent. » L’auteur doit pouvoir lui trouver ça non…? Exécution, le meunier est métamorphosé en prince bien vêtu, une vieille femme sortie de nulle part transformant les animaux du coin en fier attelage. Tss, n’y aurait-il pas plagiat de Cendrillon là…? Pour le meunier, ça vaut bien parution immédiate devant un tribunal !

Et puis vient l’incontournable et tant attendue scène du bal. Et là, Emeraude a une idée bien arrêtée sur l’épineuse question de la robe : « Je suis affreusement lasse de ces grandes robes à cerceaux qui passent à peine par les portes et m’obligent à me contorsionner au risque de me déclencher un lumbago ! Pourquoi est-ce que je ne porte pas une petite robe en soie rouge de chez Christian Dior ? » Et puis c’est quand même plus pratique pour aller faire pipi…, ben quoi, même les princesses vont au p’tit coin non ?

Mouarf !! Ce petit roman est un bijou de drôlerie, moderne de bout en bout, jusque dans les illustrations de Kristel Arzur. Pas évident de détourner les contes classiques. Ici, le pari est réussi haut la main : tous les clichés, tous les lieux communs propres au genre, sont démontés l’un après l’autre. L’auteur, sans cesse interrompu par ses personnages qui ont tous leur mot à dire sur le déroulement de l’histoire, passe donc son temps à tout reprendre, intégrant bon gré mal gré les revendications de chacun. Pas de tout repos ! Au final, le conte n’a évidemment plus rien de traditionnel et ne ressemble absolument pas à ce que l’auteur avait l’intention d’écrire… pour le plus grand plaisir des petits et des grands !

Merci qui ? Merci Jérôme ! Aussitôt reçu, aussitôt lu, je me suis régalée !

 

Éditions Alice (Mai 2013)

Collection Primo

64 p.


8 commentaires

jerome · 21 septembre 2013 à 18h08

Ah génial, tu as aimé ! Je me disais bien que ça pourrait te plaire, c’est drôle, moderne, décalé et bourré de références mais en même temps on a toujours un doute. Je me demandais si ma première impression archi-positive serait partagée par d’autres. Quelque part tu me rassures 😉

    Noukette · 23 septembre 2013 à 00h21

    Oui, c’est vraiment une jolie trouvaille que tu as fait là !!! Je suis persuadée que les enfants vont adorer ce ton décalé, c’est très bien vu et tellement moderne !

cristie · 21 septembre 2013 à 22h47

Il fait envie !

    Noukette · 23 septembre 2013 à 00h24

    Une trouvaille de Jérôme, qui dis mieux…? 😉

L'Irrégulière · 22 septembre 2013 à 11h40

ça a l’air génial !!!!!

    Noukette · 23 septembre 2013 à 00h29

    Le détournement de contes de fées, voilà qui devrait te plaire ! 😉

gridou · 23 septembre 2013 à 12h08

C’est pour enfants? Pour quel âge??

    Noukette · 1 octobre 2013 à 10h08

    Oui, dès 8 ou 9 ans je dirais, même s’ils ne comprendront sûrement pas toutes les références…!

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