l'enfant quiLes mots de Jeanne… Une consolation, et une évidence, encore…

Ces silences, cette vibration intime et essentielle. Ces émotions qui entrent en résonance, tout ce qui se cache, se dit ou ne se dit pas….

« On ne sait jamais comment alléger la tristesse des mères qui disparaissent. La tristesse, elle, ne disparaît pas. »

L’enfant qui fait ressurgir l’enfance. Une enfance qui tâtonne, cherche les réponses et expérimente la douleur de l’absence. La mère n’est plus. Elle a disparu comme elle était venue. Sans bagages, dans un bruissement de jupon rouge terni par le temps. Volatilisée, sans un bruit, sans même un soupir. On passe sa vie à chercher la mère, la clé, l’insondable mystère de cette filiation que l’on n’a pas choisi…

L’enfant marche dans la forêt et ressent la béance avec force. Il l’habite là, profond, incisif, le manque… Il se terre sous la peau, fait ressentir sa piqure, se réveille souvent, intense et douloureux. Elle n’avait pas les mots la mère. Juste des chants et cette langue venue d’ailleurs qui rendait le père fou de rage parfois. Elle n’avait pas les mots mais elle était là, discrète présence au monde, même si les bras n’enserraient pas. Elle lui a légué le mystère, le mouvement et la liberté. Elle lui a légué le silence…

« Ta bouche d’enfant est une caverne. Les mots, là, dans un repli. »

Le père renonce. A comprendre la vagabonde qui lui avait volé son cœur d’un seul regard trouble. A saisir l’insaisissable et l’amour volatile. A oublier les corps qui s’épousent sans mots dans la profondeur de la nuit. Elle est partie sans bruit, la maison vide bruisse encore de son absence. La mémoire parfois se réveille, le désir encore fait mal…

La grand-mère observe. Peut-être a-t-elle certaines clés, sans le vouloir. Cette vagabonde elle ne l’aimait pas beaucoup. Mais il y a eu l’enfant. Et l’enfant était tout….

Des pages tissées dans l’étoffe du souvenir et au plus proche de l’émotion. Des mots à la mère, des mots d’enfance, l’intime qui se ressent plus qu’il ne se dit. Et l’écriture, épurée et charnelle, terrienne et puissante, touche au sublime. Elle puise dans l’imaginaire de l’enfance, cherche et trouve le chemin du cœur, s’affranchit du monde pour mieux le dessiner, brut et sensuel. Elle le réinvente, vibre des mots contenus, du silence assourdissant de la mémoire et de la langue secrète des mères…

 

L’enfant qui… un roman d’une rare force qui relie au monde. Essentiel ♥

 

« Les mains ouvertes des mères sont des livres d’images.

Et l’enfance apprend le souci de la vie qui se perd. »

Éditions Actes Sud (Mai 2017)

112 p.

 

Prix : 13,80 €

ISBN : 978-2-330-07898-0

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29 commentaires

LaFée · 4 mai 2017 à 00h13

Quel magnifique billet qui donne à la fois envie et qui fait peur, avec un tel sujet…

Fanny · 4 mai 2017 à 06h40

Tu sais quoi? Je n’ai pas lu ton billet en entier( fait rare) mais il ne m’a fallu lire que « Essentiel ♥ » pour être convaincue. Jeanne, oui, comme une évidence.

Aifelle · 4 mai 2017 à 07h44

J’ai aimé tout ce que j’ai lu d’elle et elle a une si belle écriture .. c’est noté.

Blandine · 4 mai 2017 à 09h03

Ton billet est magnifique!

Saxaoul · 4 mai 2017 à 09h06

Je me doutais que tu serais forcément conquise !

framboise · 4 mai 2017 à 09h33

espère aujourd’hui ce bijou <3 merci ma copine pour ce superbe billet <3

Jostein · 4 mai 2017 à 09h49

Pas facile de parler de ce court roman mais tu le fais très bien.

luocine · 4 mai 2017 à 11h58

une auteure que j’ai peu lue mais que je sais avoir une écriture envoûtante et extraordinaire.

Nicole G · 4 mai 2017 à 17h47

Je viens de l’acheter… Otages intimes m’a tellement plu que je n’ai pas hésité une seconde. C’est une écriture précieuse, qui apaise… Hâte de m’y plonger, au calme.

Cristie · 4 mai 2017 à 18h38

Très beau billet ! Quand j’aurai un peu écouler ma PAL … !

gambadou · 4 mai 2017 à 20h16

Je fonce chez mon libraire samedi

krol · 4 mai 2017 à 23h01

Quel beau billet !

Mo · 5 mai 2017 à 06h02

<3
Comment faire l'impasse après une telle chronique ?? Et puis, comment faire l'impasse quand on a déjà goûté aux mots de Jeanne Benameur ?
<3

Océane · 5 mai 2017 à 10h58

Tu es la plus belle ambassadrice de ses mots !

Au Fil des Plumes · 5 mai 2017 à 13h55

Ton billet m’a donné des frissons!

Moka · 6 mai 2017 à 08h53

Pas étonnant de te lire aussi conquise…

Leiloona · 6 mai 2017 à 09h59

Ouch … le style de Benameur et le thème choisi .. Comment dire, vais être chamboulée je crois.

Antigone · 6 mai 2017 à 15h21

Un roman qui sera lu, assurément ! 😉 Ton billet est très beau, très poétique et finalement assez mystérieux.

Jérôme · 7 mai 2017 à 09h02

Tu as l’art de parler de Jeanne comme personne. Et ce qui est merveilleux c’est qu’elle en a conscience je crois 😉
Un billet magnifique, et en même temps c’était couru d’avance 😉

Didi · 8 mai 2017 à 11h07

Et un souffle de mystère dans ce billet …
Un nouvel enfant de Je

Didi · 8 mai 2017 à 11h08

Jeanne Benameur.
Décidément je ne fais que des bêtises avec les commentaires ici ou chez moi :O)
Bon Lundi bisous

Cristina · 8 mai 2017 à 14h21

Toujours convaincante quand il s’agit de Jeanne Benameur 🙂

Alex-Mot-à-Mots · 9 mai 2017 à 13h12

Chic, un nouveau roman de cette auteure. Et en plus, tu as aimé.

LB · 10 mai 2017 à 15h10

Ohlala, voilà qui est tentant…

Géraldine · 17 mai 2017 à 19h39

Je ne doute pas de la beauté de ce roman, mais ce n’est pas le genre de lectures dont j’ai besoin ces temps-ci. Peut-être plus tard, à suivre !

Nadine · 23 mai 2017 à 03h01

Dire que je n’ai encore jamais lu cette auteure. J’en meurs d’envie!

Emma · 31 mai 2017 à 12h55

J’ai beaucoup de retard avec cette auteure, mais un tel article m’incite vraiment à me pencher plus sur ses ouvrages.

faurelix · 5 juin 2017 à 18h20

Tellement longtemps que je n’étais pas passé par chez toi et je découvre des titres qui m’ont échappé dont celui-ci ! je l’ai noté, j’ai envie de lire à nouveau Benameur 🙂

L’enfant qui– Jeanne Benameur – Mes pages versicolores · 14 mai 2017 à 11h20

[…] Jeanne pour ces mots qui ont résonné en moi plus que nécessaire. Comme l’énonce Noukette, une lecture qui s’est révélée nécessaire. Pour elle, pour lui, pour […]

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