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La falaise aux baisers volés. C’est comme ça qu’ils ont pris l’habitude de l’appeler. Là qu’ils se retrouvent en secret, à l’abri des regards, pour laisser libre court à cet amour interdit. Là que leurs mains se frôlent, que leurs bouches se rejoignent, que leurs peaux cherchent sans cesse à s’épouser… Malgré tout.

 

Martin et Virginie s’aiment. Ils ne savent plus trop comment tout ça a bien pu commencer, ni où, ni quand… Mais au fil des ans, malgré eux, cet amour hors-la-loi, fou et passionnel a grandi, devenu totalement incontrôlable… Alors quand Virginie s’avance ce jour-là sur le chemin des douaniers, c’est pour annoncer à Martin que leur histoire est terminée. Elle ne peut pas. Elle ne peut plus. Ils sont frère et sœur. Ils n’auraient jamais dû…

 

Ils ont essayé pourtant. Tenté de fuir l’évidence… Martin est parti loin, très loin, pensant que les kilomètres l’aiderait à oublier celle qu’il ne peut pas aimer. Virginie s’est mariée, a eu des enfants. Des ruptures brutales, nécessaires, prendre le large pour résister. Mais à chaque retour, l’évidence… et la rechute, fatale.

 

Dieu sait que le sujet est sensible et casse-gueule… Tels des funambules inconscients – ou courageux, au choix – Zidrou et Springer s’emparent du tabou de l’inceste avec une rare délicatesse, réalisant un numéro de haute-voltige totalement fascinant. Le fil a beau être ténu, fragile, ils s’y avancent avec intelligence, pesant chacun de leurs pas, marchant presque sur des œufs.

Attentif à ne jamais émettre aucun jugement, Zidrou met le lecteur en position de voyeur, témoin d’une histoire d’amour atypique qui aurait pu être une « simple » histoire d’adultère… Mais rien n’est simple. Il y a l’amour, indiscutable, pur, vibrant. Il y a ces regards qui s’aimantent et qui en disent trop. Il y a les corps qui ne peuvent s’empêcher de se rejoindre, comme une urgence. Et Springer met en scène ces corps, cet amour incontrôlable, ce désir interdit qui les ronge…

 

Malgré le malaise, le lecteur est littéralement happé par cette histoire hors du commun. Peut-être parce que cette histoire, quoi qu’on en dise ou qu’on en pense, est avant tout une histoire d’amour. Parce que Zidrou et Springer ne jouent pas sur le côté racoleur, préférant la sobriété et l’intensité des non-dits. Parce qu’ils se gardent bien de juger, déroulant leur histoire avec toute la retenue nécessaire. Et parce qu’on ne peut s’empêcher d’être ému, même si, même si…

 

Étonnant et indispensable Zidrou. Décidément un scénariste à part dans le monde de la BD…

Du même duo, je ne peux que vous conseiller Le beau voyage, tout est dans le titre…

 

 

Un récit fort et troublant que je partage avec ma copine Stephie

 

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Éditions Futuropolis (Août 2015)

64 p.

 

Prix : 15,00 €

ISBN : 978-2-7548-1003-6

 

 

BD de la semaine saumon

C’était ma BD de la semaine…

…aujourd’hui chez Yaneck

 

 

 

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Challenge 2% Rentrée littéraire chez Hérisson

8/12


40 commentaires

Stephie · 2 septembre 2015 à 07h52

Je suis ravie du partage sur ce sujet compliqué. Et je suis ravie de voir ce que tu en retiens toi aussi. Bisous

    Noukette · 28 octobre 2015 à 23h44

    Compliqué comme sujet oui… mais Zidrou est un génie…! 😉 Ravie de ce partage avec toi miss !

jacques · 2 septembre 2015 à 08h25

Oauuu, quel album !
Entre les mains de Daniel pour chronique actuellement. Je lui piquerais volontiers après.

    Noukette · 28 octobre 2015 à 23h44

    Un sacré album oui, qui pique là où ça fait mal…!

Jerome · 2 septembre 2015 à 12h48

L’absence de jugement était primordial sur un tel sujet je trouve. Je le lirai, c’est certain, puisque tu en fais un indispensable 😉

Marion · 2 septembre 2015 à 13h11

Même si le trait de Springer ne m’attire pas plus que ça, je suis hyper tentée par cet album !

    Noukette · 28 octobre 2015 à 23h45

    Le trait n’est pas ce qu’il y a de plus attirant dans cet album, non… Mais l’album vaut clairement le détour…

Sandrine · 2 septembre 2015 à 13h58

Un sujet pas facile. Les dessins me plaisent un peu moins.
Je note pour feuilleter tout de même.

    Noukette · 28 octobre 2015 à 23h46

    Jette y un œil oui, l’histoire vaut la peine qu’on s’y attarde…

Bouma · 2 septembre 2015 à 14h55

pour le coup ce n’est pas le sujet mais plutôt le dessin qui me rebute.
à voir si je tombe dessus à la bib.

    Noukette · 28 octobre 2015 à 23h47

    Pas fan du graphisme non plus, mais tu devrais essayer de passer outre…

Yaneck · 2 septembre 2015 à 15h09

Je reviens te lire dès que j’aurai publié (et surtout écrit) ma propre chronique…

franfran · 2 septembre 2015 à 16h08

Je la veux, je la veux, je la veux !!! et vendredi je fais grande provision à la librairie, c’est la rentrée je mérite 😉
bisous ma copine et mille mercis <3

lasardine · 2 septembre 2015 à 16h21

sujet casse-gueule en effet… mais traité par Zidrou, j’irai en confiance!
je note donc ce titre!

    Noukette · 28 octobre 2015 à 23h48

    C’est aussi ce que je me suis dit… et je ne le regrette pas !

Moka · 2 septembre 2015 à 16h28

Parce que c’est Zidrou, je dis oui. Mais plus tard, quand mes finances me le permettront.

    Noukette · 28 octobre 2015 à 23h48

    Magnifique cet album, il devrait te plaire…!

sabine · 2 septembre 2015 à 16h44

Sacré sujet en effet et beau billet. J’ai très envie de découvrir le traitement du thème et les choix qui président à l’album. Je note très précieusement ce titre.

    Noukette · 28 octobre 2015 à 23h49

    J’y suis entrée sur la pointe des pieds dans cet album, c’est en effet magnifiquement traité…!

Syl. · 2 septembre 2015 à 19h29

Bonsoir Noukette et bonne rentrée !
Je suis indécise. Le sujet est particulier. Mais je verrai à la biblio…

    Noukette · 28 octobre 2015 à 23h49

    Sujet casse-gueule… mais brillamment traité !

Oliv · 2 septembre 2015 à 23h47

Je pense le tenter même si, même si… ! Bel avis qui balance bien l’effet indivisible de cette lecture 🙂

Valérie · 4 septembre 2015 à 00h19

Je me doutais que ton billet serait enthousiaste, et j’aime cette fidélité à tes auteurs chouchous.

    Noukette · 28 octobre 2015 à 23h50

    Quand on aime… c’est toujours plus facile de sortir de sa zone de confort ! 😉

gambadou · 5 septembre 2015 à 22h13

Le côté voyeur me met un peu mal à l’aise, comme le thème d’ailleurs !

    Noukette · 28 octobre 2015 à 23h51

    C’est particulier, c’est vrai, mais si tu acceptes d’aller au-delà de tes à priori (qui étaient aussi les miens), tu risquerais d’être agréablement surprise…

Eric the Tiger · 6 septembre 2015 à 07h49

Les dessins ne me tentent pas trop. De plus, malgré ton enthousiasme qui fait plaisir à lire, la thématique ne m’apparaisse pas particulièrement, je pense passer mon chemin. Comme quoi, les goûts et les couleurs… Au plaisir de te relire…

    Noukette · 28 octobre 2015 à 23h52

    Ça ne se discute pas en effet… Mais si tu changes d’avis un jour, je lirai ton billet avec grand intérêt ! 😉

antigone · 6 septembre 2015 à 10h45

Malgré le sujet dérangeant, ton billet me tente beaucoup. Tu sais trouver les mots. Je note. 😉

    Noukette · 28 octobre 2015 à 23h53

    Merci Antigone… ce ne fut pourtant pas facile ! 😉

Livresse des Mots · 6 septembre 2015 à 11h53

Très contente de vos retours, à Stephie et toi. J’avoue que j’attendais un petit peu avant de me lancer. Mais je le lis dès la semaine prochaine, vous m’avez fortement tentée !

yueyin · 20 janvier 2016 à 07h24

Décidément tentante cette bd, j’aime les sujets délicats quand ils sont bien traités 🙂

L’indivision / Springer & Zidrou – Mille et une Frasques · 2 septembre 2015 à 02h11

[…] Une lecture forte, un pavé dans la mare que je partage avec Noukette. […]

L’indivision (Lundi One-shot) | Les Chroniques de l'invisible · 14 septembre 2015 à 08h18

[…] Noukette […]

Zidrou et Benoît Springer – L’Indivision | Sin City · 21 octobre 2015 à 11h50

[…] Ils en parlent également : Noukette […]

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