station ElevenStation Eleven ou ma dernière révélation littéraire…

Oui parce qu’il m’en faut finalement beaucoup pour arriver à me déconnecter du monde à ce point. Qu’il est également assez rare que je lise un pavé en si peu de jours. Qu’il est tout aussi étonnant de me voir à ce point happée par un roman, possédée même. Qui plus est par un roman d’anticipation tendance post-apocalypse… Autant dire un genre aux antipodes de mes lectures habituelles, sûrement la faute à La route de Mac Carthy, ma seule référence en la matière… que j’avais profondément détesté et qui m’avait ennuyée ferme (mes plus plates excuses aux fans…)

Quand on me dit « post-apocalyptique », bêtement, je pense zombies, hémoglobine et survie, entre autres joyeusetés. Avec Station Eleven, Emily St. John Mandel élève le genre à quelque chose de différent, en utilise les codes tout en les détournant. C’est habile, bien mené, complexe et extrêmement addictif. Dès les premières pages, j’ai succombé à l’extraordinaire aventure de la Symphonie Itinérante, cette troupe de théâtre solitaire parcourant les villes désertes d’une Terre ravagée par une épidémie foudroyante. Dès les premières pages je me suis attachée aux personnages en me demandant si j’avais bien raison de le faire. Une étincelle de vie au cœur même du chaos. L’art comme ultime témoignage des vestiges d’un monde révolu…

Le roman s’ouvre sur la mort brutale d’un célèbre acteur au milieu d’une représentation du Roi Lear à Toronto. On le saura assez vite, Arthur Leander sera le fil rouge entre tous les autres personnages apparemment sans lien entre eux, notamment par le biais d’un comics dessiné par sa première femme intitulé Station Eleven… Peut-être le patient zéro, peut-être pas, en tous cas le premier cas vraisemblable de cette grippe de Georgie qui décimera plus de 99% de la population mondiale en quelques jours. Vingt ans plus tard, la survie s’organise et des grappes de survivants forment des petites communautés soudées. Parmi eux, un petit groupe d’artistes, comédiens, musiciens qui s’évertuent à jouer Shakespeare et Bethoven lors de ses haltes dans les différents villages-oasis croisés sur leur route. Des petites parenthèses de bonheur, fugace… Show must go on…

« Et tous ces gens, avec leur collection de petites jalousies, de névroses, de syndromes post-traumatiques non diagnostiqués et de rancœurs brûlantes, vivaient ensemble, voyageaient ensemble, répétaient ensemble, jouaient ensemble trois cent soixante-cinq jours par an, compagnie permanente, en tournée permanente. Mais ce qui rendait la situation supportable, c’était les amitiés, bien sûr, la camaraderie, la musique et Shakespeare, ces moments de beauté et de joie transcendantes où on se moquait de savoir qui avait utilisé le restant de colophane pour frotter son archet ou qui avait couché avec qui (…) »

L’auteure est maligne. Sous couvert de roman post-apocalyptique elle nous emmène dans un voyage inattendu aux confins de l’humain. Une galerie de personnages inoubliables que l’on suivra pendant (un peu), après (beaucoup) et avant la « fin du monde » (une bonne partie du roman). Ce sont eux le point fort de Station Eleven. Eux qui focalisent l’attention, eux qui tentent de dessiner l’avenir sur les ruines d’un passé encore vivace pour la plupart d’entre eux. Parmi eux, Kirsten, l’une des petites filles présente lors de la fameuse représentation du Roi Lear. Petit à petit, les fils se tissent, les pièces s’imbriquent une à une et esquissent un nouveau monde aussi fascinant qu’angoissant…

Pas de scène sensationnelle, pas d’effet de manche superflu. L’auteure avance ses pions lentement, en s’attardant sur la psychologie des personnages, ce qui les relie, ce qui les oppose, ce qui les pousse vers l’avant et les motive à recréer un monde viable. Un vrai bonheur de lecture que je partage avec un infini plaisir avec ma Framboise, on a adoré !

 

Les avis de Eva, Léa Touch Book, Marie-Claude, Nicole, Sandrine...

 

Éditions Rivages (Août 2016)

477 p.

 

Prix : 22,00 €

ISBN : 978-2-7436-3755-2

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23/18

Challenge 3% rentrée littéraire catégorie « Touche à tout » réussi

chez Hérisson et Léa Touch Book


29 commentaires

Aifelle · 22 octobre 2016 à 06h22

Je suis en pleine lecture et je confirme le côté addictif 🙂

Sandrine · 22 octobre 2016 à 07h35

Le post apo fait partie de mes lectures, il s’en publie beaucoup aujourd’hui et je dois certainement en lire trop car ce roman m’a profondément ennuyée. J’aurais aimé lire l’histoire de la Symphonie itinérante, être happée comme toi, mais j’ai surtout lu l’histoire des amours de Leander qui sont loooooongues et sans intérêt à mes yeux.

Laure · 22 octobre 2016 à 08h10

Bon, c’est décidé, je l’achète aujourd’hui !

clara · 22 octobre 2016 à 08h12

J’ai beaucoup, beaucoup aimé !

framboise · 22 octobre 2016 à 08h56

Quelle lecture et quel plaisir immense de lecture :-p puis tout contre toi, ce fut encore meilleur <3 <3 <3

Moka · 22 octobre 2016 à 09h28

J’avais déjà lu une chronique très élogieuse au sujet de ce roman et j’avoue que la tienne me donne clairement envie de le lire d’urgence.

Edyta · 22 octobre 2016 à 11h12

Après avoir lu un énième avis très enthousiaste, je viens de le réserver dans ma bibliothèque.

A_girl_from_earth · 22 octobre 2016 à 12h34

Il est dans ma LAL mais de plus en plus, avec tous ces billets très positifs, je pense à le faire basculer dans ma PAL !

Mo · 22 octobre 2016 à 14h26

Il va falloir que je le lise… c’est une évidence vu vos chroniques.
Je vais adorer c’est sûr
Merci les meufs de ce bon conseil 😉 <3

jerome · 22 octobre 2016 à 14h55

Que d’enthousiasme autour de ce roman. Et comme le tien compte bien plus que les autres, je ne vais pas pouvoir y échapper… 😉

Nicole G · 22 octobre 2016 à 16h28

Il est dans mon top 3 de cette rentrée littéraire et pas près d’être délogé… Une fluidité dingue alors que la construction est on ne peut plus complexe et un immense plaisir de lecture !

Léa Touch Book · 22 octobre 2016 à 17h10

C’est un de mes gros coups de cœur de cette rentrée 🙂

Valérie · 22 octobre 2016 à 18h11

ll n’était pas pour moi mais je salue la qualité de son écriture.

krol · 22 octobre 2016 à 18h50

Et bien quel enthousiasme !

Fanny · 22 octobre 2016 à 20h09

J’attendais peut-être le tien pour enfin me décider. C’est fait, je vais me le procurer. 😉

Acr0 · 22 octobre 2016 à 20h14

Ah oui la dimension sociale est vraiment au cœur du récit. J’aime le post-apo d’une manière générale, et j’ai adoré ce roman-ci, de manière précise 😉

luocine · 22 octobre 2016 à 21h35

comme je n’ai pas aimé » la route » je me dis pourquoi pas …on verra, pas sûre quand même .

Manuel Montero · 23 octobre 2016 à 00h15

Dans le genre post-apocalyptique et cyber-punk particulièrement moral par sa noirceur je me souviens de « L’allégresse des rats » de Marie-Agnès Michel

Kathel · 23 octobre 2016 à 09h56

Je suis sûre d’aimer, ton avis confirme cette impression, mais je ne me presse pas !

Marion · 23 octobre 2016 à 11h34

Tu m’as convaincue. Je le commande aujourd’hui

Eva · 23 octobre 2016 à 13h39

Coup de coeur inattendu ! tout aussi enthousiaste que toi : )

Marie-Claude · 24 octobre 2016 à 04h04

Un beau, très beau billet, Noukette. Tu sais donner envie! Je l’ai beaucoup aimé, surtout pour le côté lumineux qu’il dégage.

cathulu1 · 24 octobre 2016 à 16h55

Mon premier roman postapo et j’ai adoré!:)

yueyin · 25 octobre 2016 à 07h01

Décidément il me fait envie ce roman 🙂 le post apo fut un de mes genre fétiche jadis mais en vieillissant, mon petit coeur est devenu tout mou (et je n’ai même pas envisagé d’essayer de tenter d’entrouvrir la route brrrrr) mais celui-là peut-être 🙂

Alex-Mot-à-Mots · 25 octobre 2016 à 18h43

Il est noté et re-noté !

Le Papou · 21 novembre 2016 à 13h03

Noté…encore ! Mi di a ou merci.
Le Papou

Sandrion · 17 octobre 2018 à 16h10

Deux ans plus tard… je lis ton billet ! je vois qu’on partage ce roman coup de coeur… j’ai trouvé qu’elle avait vraiment un style magistral et on est scotchés dès le départ !

Station Eleven – Emily Saint John Mandel – Bar à BD · 22 octobre 2016 à 14h19

[…] Une lecture divine et partagée avec ma copine Noukette❤ […]

Station Eleven – Emily St. John Mandel – Mes pages versicolores · 16 janvier 2017 à 10h05

[…] ce genre de récit. Mais voilà, vous le savez, il n’y a que les imbéciles qui…Et puis le billet de Noukette est arrivé! Et hop, il a fini sur la liste du Père […]

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