Pereira s’ennuie mais ne le sait pas vraiment. Une petite vie morne et bien rangée aux articulations bien huilées, un boulot de rédacteur pour la page culturelle d’un journal très conservateur, rien ne déborde…
Pereira est seul et s’en accommode comme il peut. Chaque jour, il raconte ses journées à sa femme décédée en rentrant de son travail, parfois même, depuis son cadre, elle lui répond, son éternel sourire de jeune mariée aux lèvres…
Pereira aime la littérature française et ses auteurs aux idées larges. Chaque jour, il plonge avec bonheur dans les grandes œuvres du XIXe siècle et les traduit à ses fidèles lecteurs…
Pereira ferme les yeux par habitude sur ce qui se passe autour de lui. D’ailleurs, il ne pense pas grand chose du régime de Salazar, ni de la montée des nationalismes un peu partout en Europe. Tant qu’on le laisse faire son boulot, le reste lui importe peu….
Pereira ne sait pas vraiment ce qu’il fait ni ce qu’il attend quand il engage le jeune Francesco Monteiro Rossi comme pigiste. Il lui confie la rédaction de nécrologies d’auteurs pas encore morts… des nécrologies qui s’avèreront de virulents et subversifs pamphlets contre les dirigeants fascistes…
« Je crois que tu ne t’en rends pas compte…
…mais tu es en train de revenir doucement à la vie…
Qu’est-ce que tu racontes ? Je n’étais pas mort.
Si. Un peu. »
Pereira prétend est l’histoire d’un homme qui doucement, sans faire de bruit, fait sa révolution. Une révolution des plus intimes. Car c’est bien de cela dont il est question ici… Si Pereira entre en révolte, c’est bien plus vis à vis de lui même que vers un quelconque pouvoir en place. Du moins au début… Massif, essoufflé, veuf et vieillissant, Pereira n’a plus vraiment grand chose à attendre de la vie. C’est un petit grain de sable dans l’engrenage qui l’amènera à se remettre en question. Une petite étincelle de vie et de désobéissance. Une conscience politique qui se réveille. Une renaissance…
Surprenant d’inventivité et d’audace, le dessin de Pierre-Henry Gomont fait merveille et me ravit. Véritable funambule, l’auteur s’amuse et se joue de tous les codes. Il les triture, les malmène allant jusqu’à réinventer la narration. Les planches fourmillent de trouvailles de génie et les aquarelles subliment une Lisbonne qui apparaît comme un véritable personnage de l’histoire. Et dans cet écrin, la rencontre avec Pereira est de celles qu’on n’oublie pas…
Après Les nuits de saturne, très belle adaptation coup de cœur d’un roman de Marcus Malte, Pierre-Henry Gomont récidive avec un roman de Antonio Tabucchi. Et une fois de plus, il est impérial… ♥
Les avis de Jérôme et Moka
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Éditions Sarbacane (Septembre 2016)
160 p.
Prix : 24,00 €
ISBN : 978-2-84865-914-5
21/18
Challenge 3% rentrée littéraire catégorie « Touche à tout » réussi
chez Hérisson et Léa Touch Book
C’était ma BD de la semaine…
…aujourd’hui chez moi !
La BD de la semaine c’est aussi chez…
Moka Mylène Mo’ Jérôme
Enna Un amour de BD Hélène Sabine
Charlotte Stephie Saxaoul Nathalie
Marguerite Fanny
16 commentaires
Marguerite · 12 octobre 2016 à 04h24
Le résumé ne me dit rien mais ton avis oui ! Impérial, juste ça ? 🙂 J’avais vraiment aimé ses dessins dans « Rouge Karma » et j’avais noté « Les nuits de Saturne » quelque part.
Voici ma participation (BD de la semaine et Challenge Halloween, je fais une pierre deux coups) : http://lecturesdemarguerite.blogspot.ca/2016/10/elizabeth-bathory-croci.html
Fanny · 12 octobre 2016 à 06h50
De prime abord je n’aurais pas été tentée mais cet homme m’intrigue!
Voici ma contribution à la bd de la semaine:
https://pagesversicolores.wordpress.com/2016/10/12/rosalie-blum-camille-jourdy/
Bonne semaine!
Hélène · 12 octobre 2016 à 08h28
« Impérial » ? mazette, je note ! 😉
Mylene · 12 octobre 2016 à 08h43
Rhooooooooooooo tu donnes vraiment envie !! Je note 😀
enna · 12 octobre 2016 à 08h46
Je l’avais noté lors d’un précédent mercredi et tu confirmes!
Mo · 12 octobre 2016 à 10h33
Moka puis Jérôme puis toi… Bon, il est temps que je le sorte de ma PAL 😀 Moka m’a dit qu’elle veillerait à ce que je le sorte dans pas trop longtemps, m’est avis qu’elle ne sera pas la seule 🙂
Moka · 12 octobre 2016 à 13h15
Oui oui, je te surveille. 😀
Mo · 12 octobre 2016 à 13h48
Je vois ça ^_^ (si j’ai le temps, je me rue sur l’album ce week-end)
Moka · 12 octobre 2016 à 13h15
Je savais que tu succomberais !^^
Jerome · 12 octobre 2016 à 13h16
Une révolution intime, c’est tout à fait ça. Pierre-Henry Gomont est un auteur qui me surprend à chaque album et tu te doutes bien que j’adore ça 😉
Laure · 12 octobre 2016 à 17h56
Ca va être difficile de résister 😉
sabine · 13 octobre 2016 à 16h57
Je viens juste de le recevoir et je vais entamer mes vacances avec cet album !
Antigone · 16 octobre 2016 à 17h27
Ah tiens, je crois que cette BD était dans le lot des albums que je vais lire avec la bibliothèque… chic ! 😉
Louis parmi les spectres (Britt & Arsenault) – Bar à BD · 12 octobre 2016 à 10h28
[…] partage cette lecture à l’occasion de la « BD de la semaine ». Allez donc faire un tour chez Noukette qui rassemble aujourd’hui les liens des autres […]
Pereira prétend (Gomont) – Bar à BD · 28 octobre 2016 à 00h32
[…] Les chroniques de Moka, Jérôme, Noukette. […]
Pierre-Henry Gomont – Pereira prétend | Sin City · 27 mars 2017 à 11h47
[…] en parlent également : Mo’, Noukette, Moka, […]