Elle a fière allure Dorothy dans sa belle robe à carreaux bleue cousue exprès pour elle par sa grand-mère. C’est un grand jour aujourd’hui. Un jour qu’elle n’oubliera jamais. Un jour que personne ne pourra oublier…
Nous sommes en 1957 à Charlotte en Caroline du Nord et Dorothy est une des premières adolescentes noires à faire sa rentrée dans un lycée ségrégationniste réservé aux Blancs. Déterminée mais anxieuse, encouragée par ses parents qui ne peuvent malgré tout masquer leur inquiétude, la jeune fille de 15 ans est en marcher vers son destin…
Ce n’est pas un jour de bal que je l’ai portée, ta belle robe bleue, granny, mais le jour de la rentrée. Le jour le plus terrible de mon existence. Rien que d’y penser, tant d’années après, j’en tremble encore. Je ne sais plus si j’aurais ce courage, aujourd’hui. J’étais inconsciente, je crois.
Cette photographie de Dorothy Counts en couverture du roman a fait le tour du monde et a été récompensée par le Prix World Press Photo of the year. Prise par Douglas Martin lors de l’arrivée de l’adolescente au lycée Harry Harding, elle saisit toute l’ambivalence des sentiments qui ont dû la traverser alors qu’elle entre de plain-pied dans l’Histoire. Dorothy ne restera dans ce lycée que quatre jours. Quatre jours où elle aura vécu l’enfer avant que ses parents ne la retirent du lycée pour la protéger. Humiliations, insultes, coups, crachats, jets de pierres, menaces de mort… elle est à elle seule un symbole de la lutte de tout un peuple pour ses droits face à la bêtise crasse et à la haine raciale la plus immonde.
La fierté, la tension et l’angoisse se lisaient sur le visage de cette fille alors qu’elle approchait du temple du savoir, les sarcasmes de l’Histoire dans son dos. Cela m’a rendu furieux, cela m’a rempli à la fois de haine et de pitié. J’ai eu honte. L’un d’entre nous aurait dû être là avec elle.
James Baldwin
Figure de courage et de ténacité, Dorothy Counts provoque l’admiration. Presque soixante ans plus tard, elle se voit décerner un diplôme honorifique et reçoit des excuses publiques alors que le lycée Harding donne son nom à sa bibliothèque. Soixante ans après…
Le texte de Élise Fontenaille retrace en une cinquantaine de pages ces quatre jours dans l’enfer blanc, il résonne avec force. Un texte à faire découvrir dès 11 ans et à rapprocher de ces images connues d’élèves noirs escortés par les autorités aux portes de lycées ségrégationnistes. Ou encore de ce tableau de Norman Rokwell représentant la jeune Ruby Bridges (The problem we all live with, 1964). A mettre dans tous les CDI de collège.
Une lecture choc que je partage avec Jérôme, comme (presque) chaque mardi.
Éditions Oskar (Avril 2019)
Collection Elles ont osé
51 p.
Prix : 9,95 €
ISBN : 979-10-214-0675-9
9 commentaires
Nathalie · 8 octobre 2019 à 08h16
J’ai déjà lu plusieurs livres qui parlent de ces « essais » d’intégration. Et j’avoue que je ne sais pas comment faisaient ces jeunes gens pour continuer à avancer… Il faut un sacré courage pour aller au devant de la haine !!
Stephie · 8 octobre 2019 à 08h25
Ah oui, ça fait bien envie, tiens. Et ça donne envie de le coller dans les mains des ados.
Fanny · 8 octobre 2019 à 16h27
Je n’avais pas fait de chroniques sur mon blog mais j’ai « adoré », je l’ai trouvé très fort.
Alex-Mot-à-Mots · 8 octobre 2019 à 17h07
Je m’empresse de le noter pour mes ados. Merci.
krol · 9 octobre 2019 à 18h50
Un livre à mettre entre toutes les mains des collégiens alors ! Et pourquoi pas en CM 2 ?
Amandine · 12 octobre 2019 à 15h03
Encore un de ces textes forts qui va m’émouvoir.
Enna · 26 octobre 2019 à 19h40
Je note pour mon African American History Month challenge en février!
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