Dernière lecture jeunesse en date et dernière lecture tout court avant que tout ne me tombe des mains. Ça reviendra, j’en suis certaine, il le faut. Lire pour tenir. Et parce qu’il va devenir plus que nécessaire de s’ouvrir des fenêtres sur l’ailleurs, quel qu’il soit…
Et elle m’a enchantée cette lecture. Étonnée aussi parce qu’elle ne prend pas les chemins dans lesquels elle aurait facilement pu s’embourber. Parce que Gwladys Constant, fine observatrice de la planète ado, ne fait pas de son héroïne un cliché et la fait grandir, intelligemment, tout en lui prenant la main pour la guider un peu.
Et pourtant quand l’histoire démarre on reste sur nos gardes. Cette histoire d’amour à priori à sens unique entre une adolescente groupie et son chanteur préféré… on pourrait trouver ça banal et un peu trop facile. Mais Gwladys Constant nous raconte une histoire, une vraie. Celle de Ludivine, seize ans et de son premier coup de foudre d’abord musical pour un sombre chanteur méconnu du grand public qui va peu à peu prendre son envol et devenir une star incontournable. Celle de Elie Emerson, chanteur torturé poète à ses heures, qui vit mal ce succès grandissant et ne sait trop comment gérer son image publique. Celle de cette passion de Ludivine pour Elie qui grandit dans l’ombre au fur et à mesure des années, fidèle, intacte. Un premier courrier, suivi d’autres, chaque année. Ludivine écrit, elle aussi. Ses mots, elle les lui dédie, tout comme chacune de ses pensées. Et un jour, peut-être, elle aura le courage et l’audace d’aller à sa rencontre…
Et puis, de temps à autre, Ludivine écrivait à Elie Emerson, un mail, ou une lettre. Elle ne savait pas s’il recevait et donc lisait ce qu’elle écrivait. Elle se disait, parfois, qu’elle était bien sotte d’adresser toutes ces lignes depuis plus de trois ans à une vedette probablement inondée de courrier, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. D’une certaine manière, elle réagissait à ce qu’elle lisait dans la presse ou sur le net. C’était un échange singulier, différé, un dialogue conduit par elle seule.
Elle est forte Gwladys Constant. J’ai aimé sa façon de faire évoluer la relation de Ludivine avec Elie, cette attention qu’elle porte à chacun de ses personnages dans leur révolution intime et personnelle. Elie n’est pas qu’un chanteur à minettes torturé, Ludivine est elle loin de la groupie écervelée prête à tout pour rentrer en contact avec sa star préférée. Leur « relation » prend un tour inattendu et surprend tant elle permet d’explorer si justement leur psychologie. Cerise sur le gâteau, une belle réflexion sur le processus créatif et l’écriture comme moyen d’exorciser ses démons et de dire l’amour. Entre autres.
A découvrir, dès que possible…
Une belle découverte jeunesse partagée avec Jérôme comme (presque) chaque mardi. Et promis, on revient mardi prochain pour une nouvelle pépite, on a du stock… et pas question de se laisser abattre 🙂
Éditions Alice (Janvier 2020)
Collection Le chapelier fou
140 p.
Prix : 12,00 €
ISBN : 978-2-87426-414-6
4 commentaires
Alex-Mot-à-Mots · 24 mars 2020 à 12h06
J’espère que l’envie de lire t’es revenue.
Violette Doucettement · 24 mars 2020 à 17h41
faut pas se laisser abattre, tout à fait. Personnellement, c’est le 1er jour où ça va à peu près, moralement parlant… J’essaye de m’accrocher à la lecture, mais dur dur… Merci pour ce titre!
Stephie · 26 mars 2020 à 18h34
Vous en parlez drôlement bien, tous les deux 🙂
Karine · 28 mars 2020 à 01h04
Quand vous vous y mettez à deux… il faut, quoi!