Il y a quelque chose d’infiniment tendre qui se dégage de cet album. C’est assez indéfinissable comme sensation mais dès les premières pages tournées j’ai su que j’allais m’y sentir bien. Le trait de Sophie Burrows participe évidemment grandement à cette impression de cocon dont on voudrait ne jamais sortir. Et pourtant, il ne se passe pas grand chose dans les presque 200 pages de cet épais roman graphique. Pas grand chose et pourtant tout est dit. Et tout ça sans un mot…
Elle est là au milieu de la foule anonyme. Seul son manteau rouge la distingue des autres âmes esseulées qui se croisent sans se voir. La solitude est une habitude. Les mêmes gestes, les mêmes trajets, les mêmes mimiques sociales, la même maladresse. Elle traverse la ville, rêve en grand, vit petit. Elle aimerait juste un sourire. Une main tendue. Une promesse….
Il marche vouté. Comme s’il avait envie de disparaitre. Le pas trainant, la tignasse rouge rebelle, il a arrêté de penser que du beau l’attend quelque part. Pas si simple de nouer des liens dans une ville monstre. Plus facile de laisser le temps filer et de se trouver des excuses. Bien moins risqué d’être transparent. Il aimerait juste une rencontre, un autre que lui, quelqu’un à qui parler…
Attention talent ! Je découvre le trait de Sophie Burrows et je suis sous le charme. Distinguée « Student illustrator of the year » au V&A Illustration Awards, Crushing est sa première bande dessinée traduite en français. Son univers graphique m’a littéralement tapé dans l’œil. Une vraie douceur se dégage de ce crayonné qui enveloppe le destin de ses personnages d’une infinie délicatesse. Pas un mot non, tout est murmure. Sophie Burrows a tout compris. Les solitudes qui s’ancrent, les jours vides, les petits bonheurs comme autant de bouées de sauvetage, ces trajectoires de vies qui bousculent autant qu’elles isolent. Elle a l’intelligence des regards, saisit l’ultra moderne solitude et dit de la façon la plus pure qui soit les difficultés à trouver l’amour. C’est beau ♥
Crushing. Amours et solitudes dans la ville de Sophie Burrows Éditions Gallimard (Janvier 2022) 160 p. / 20 € / ISBN : 978-2-07-516112-1 |
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10 commentaires
Natiora · 2 février 2022 à 08h20
Noukette OU l’art de dénicher des pépites qui me sont totalement inconnues <3
Blandine · 2 février 2022 à 09h55
Natiora a tout dit 😉
Je suis sous le charme !
Nathalie · 2 février 2022 à 15h25
Je n’aurai pas spécialement été attirée par la couverture, mais ce que tu en dis donne envie !!
eimelle · 2 février 2022 à 16h01
les planches sont vraiment très inspirantes!
Violette · 4 février 2022 à 19h32
un vrai coup de coeur, quoi ! 🙂 C’est vrai que ça a l’air doux et confortable 🙂
Antigone · 5 février 2022 à 14h38
Oh ça me plairait beaucoup !
PatiVore · 6 février 2022 à 17h39
Je ne connaissais pas, c’est beau, je vais voir si elle est à la bibliothèque !
L'Irrégulière · 12 février 2022 à 11h26
Que ça a l’air doux ! Je note !
Caro · 24 février 2022 à 21h57
Le manteau rouge, la solitude, la foule anonyme et l’absence de dialogues m’ont fait penser en premier lieu à l’album Béatrice (chez Rue de Sèvres), mais là, le graphisme est totalement différent… Je vais aller voir du côté de ma bibliothèque, sait-on jamais…
Jérôme · 2 mars 2022 à 18h40
Ce genre de dessin me parle énormément.