Aimer quelqu’un, ça veut dire l’aimer entièrement. Avec ses qualités et ses défauts, les choix qu’il ou elle fait en matière de coupe de cheveux, de vêtements, de bijoux, de poils. La personne qui m’aimera devra accepter mes oreilles percées et mes poils aux jambes. Aimer quelqu’un en lui demandant de s’enlever des poils, de perdre des kilos ou de se refaire le nez, ce n’est pas l’aimer vraiment. L’amour ne doit pas être conditionné. Et si j’attire moins comme ça, eh bien… ça fera le tri. C’est un risque que je prends.
Salomé n’y faisait même pas attention avant que sa mère ne lui mette le nez dessus. Les gambettes à l’air sous son short de pyjama, il fallait vraiment le vouloir pour remarquer ses poils sur les jambes. Un non sujet. Sauf pour sa mère qui insiste pour lui prendre un rendez-vous chez son esthéticienne à l’institut Beauté Korail. A un mois des épreuves du brevet, Salomé à d’autres préoccupations mais se laisse faire pour avoir la paix. Après tout, le voyage scolaire en Allemagne approche à grands pas, elle sera tranquille pour un moment. Sa meilleure amie le fait bien elle, c’est même une excitée de la pince à épiler, un peu trop d’ailleurs. Et puis il parait que Karina sait y faire. Avec la musique relaxante et le parfum de la cabine on pourrait presque se croire en vacances…
Sauf que ça fait un mal de chien. Passé l’instant de torture qui lui parait une éternité, Salomé est décidée : c’était la première et la dernière fois. Les bandelettes, la cire chaude, les poils arrachés à la racine et les cris de douleur impossibles à retenir… plus jamais ça ! Que sa décision plaise à sa mère, à son entourage et à tous ceux qui sont prompts à juger dans la cour du collège… qu’importe. Omé a des poils et elle s’en fiche. Pourquoi devrait-elle s’en débarrasser ?
Tu imagines ?
Les femmes ont eu des rasoirs avant d’avoir des chéquiers et le droit de vote !
Une nouvelle collection de textes courts « à lire et à écouter avec les yeux et les oreilles grands ouverts »… bienvenue à La brève qui succède à la collection Presto qui proposait déjà aux lecteurs des textes percutants et accessibles avec en bonus la première moitié de chaque roman lue par l’auteur à télécharger sur le site de l’éditeur. On retrouve dans la Brève un concept similaire mais cette fois ci c’est la totalité du texte lu qui est accessible via un QR code à flasher sur la quatrième de couverture. Simplissime. Une petite heure d’écoute pour Au poil, lu par Sophie Adriansen, c’est peu dire si cette collection a toute sa place dans les CDI de collège ! Élèves « dys » ou empêchés de lire, petits lecteurs ou lecteurs frileux, lectures offertes ou écoute autonome et silencieuse… si les autres titres publiés sont aussi réussis que Au poil, Six contre un de Cécile Alix ou Ma story de Julien Dufresne-Lamy (réédités pour l’occasion) je prédis un bel avenir à cette collection !
Et ce texte alors ? Au poil ! Intelligent, décomplexant, drôle et féministe, il donne à réfléchir sur cette pression sociale – masculine ? – qui pèse sur les femmes pour qu’elles rendent leurs poils invisibles. Parce que c’est plus acceptable, plus sexy, plus « propre ». Parce qu’une femme qui se laisse pousser les poils se laisse forcément aller. Parce qu’une femme se doit d’être toujours impeccablement épilée. Et si être femme aujourd’hui c’était aussi pouvoir s’assumer avec ses poils si on le souhaite ? Un livre à mettre entre toutes les mains, dès 13 ans, pour secouer un peu les mentalités et rappeler aux jeunes filles qu’elles sont libres de faire ce qu’elles veulent de leur corps. Qu’on se le dise !
Une lecture que je partage avec Jérôme, évidemment !
Au poil de Sophie Adriansen Éditions Magnard jeunesse – Collection La brève (Mars 2022) 80 p. / 8,90 € / ISBN : 978-2-210-97551-4 |
3 commentaires
gambadou · 16 mars 2022 à 17h13
Je ne connaissais pas cette collection, je note. On a un petit soucis avec quelques classes qui refusent le 1/4h lecture, je me demande si je ne vais pas plutôt le mettre de la lecture audio. Si ça dure une heure, ça veut dire qu’en une semaine on peut avoir lu le livre.
Alex-Mot-à-Mots · 18 mars 2022 à 11h32
Et dire que c’était une de mes préoccupation d’ado.
Caro · 19 mars 2022 à 23h03
Mis sur ma dernière commande… Hâte de découvrir ce texte !