À l’orée du monde – Kapik / Kim Consigny

James ne sait pas vraiment où il va mais il est décidé. Décidé à quitter sa vie d’avant, à se couper du monde et à laisser derrière lui un père et une mère qui ne s’aiment plus et le rendent malheureux. La photo d’une famille unie prouve qu’il y a eu des jours heureux mais cette époque est derrière lui. Gardée comme un talisman dans sa poche, elle lui donne la force d’avancer au creux de la forêt à la recherche des Enfants Perdus. James veut retrouver la trace de ces adolescents qui ont tout quitté pour vivre en autarcie au cœur de la nature. Il est près à devenir l’un d’eux, à suivre leurs règles, à tirer un trait sur le confort d’une vie citadine pour vivre en harmonie avec les éléments. Tout plutôt que de subir la séparation de ses parents.

Damon, Ben, Aldo et l’Enfant ne se laissent pas facilement approcher. Il faut montrer patte blanche pour intégrer leur communauté, accepter de se défaire de tout ce qui relie encore au passé et au monde des adultes. Protégés par l’arbre-mère, les Enfants Perdus ont recréé une société où chacun à son rôle, sa place. Un chef pour tracer le chemin, un chasseur pour nourrir la tribu, un cueilleur pour extraire de la forêt ce qu’elle veut bien leur offrir. James devra trouver sa place dans ce nouveau monde, se plier à de nouvelles règles, faire ses preuves aussi. Un monde utopique qui rejette le monde destructeur des adultes mais n’est pas toujours si bienveillant qu’il n’y parait…

Nous serons une grande tribu d’êtres innocents vivant en harmonie avec ce monde, les arbres et les animaux. On va tout recommencer, avec nos propres lois, nos manières de faire. Personne ne pourra venir nous dire quoi que ce soit

Vous l’aurez deviné, les résonances avec le chef-d’œuvre de James Matthew Barrie sont nombreuses dans ce récit d’apprentissage fortement inspiré par l’univers de Peter Pan. James et les Enfants Perdus ont fui le monde des adultes, ses contraintes, ses rêves évanouis, ses absurdités. Ils ont choisi une vie de peu, un retour aux sources et à l’animalité. Une vie de liberté… du moins en apparence. Kim Consigny et Kapik dépeignent avec subtilité le passage de l’adolescence à la vie d’adulte et le refus d’un monde qui œuvre pour sa propre destruction. Sous les visages enfantins, les tourments se devinent en sourdine alors que pour certains l’horloge de la fin de l’enfance s’apprête à faire résonner ses dernières notes. Au risque de briser certains idéaux… Une réinterprétation plaisante et accessible du mythe de Peter Pan à mettre dans les mains des jeunes ados.

Il n’y a malheureusement rien qu’on puisse faire contre le temps. On grandit tous un jour ou l’autre.

♣ Et la jolie moisson de bulles végétales de la team de la BD de la semaine ♣

    Blandine                                        Eimelle                                         Natiora

    Fanny                                             Hilde                                            Caroline

Moka                                            Maël

Mylène