Coming in – Élodie Font / Carole Maurel

Le « coming in » a-t-il une fin ?

Le « coming out », c’est un ou plusieurs moments précis ; mais le coming in, le fait de se dire à soi-même que l’on est homosexuel(le) ?

Il n’y a pas un jour où l’on se réveille homosexuel(le). Il n’y a pas un jour où l’on ressuscite et, ça y est, toute notre souffrance s’est volatilisée pour toujours.

Il est parfois long le chemin pour arriver à se connaître. A s’accepter. A s’aimer. Élodie a traversé son adolescence sans comprendre ces sentiments diffus, inavouables et un peu gênants qui parfois l’étreignaient. Elle n’avait pas le droit, c’était mal. Dangereux même. L’esprit qui déraille, les rêves troublants, les vagues qui submergent le corps et l’âme… elle n’était pas autorisée à les ressentir. A force, on finit par se persuader et on rentre dans le cadre. Élodie refoule cette « différence » qu’elle ressent sans pouvoir l’expliquer et rencontre Sébastien. C’est un fiasco…

C’est un combat. Intime et déstabilisant. Il faut se battre pour ne pas perdre pied. Faire le deuil de la vie qu’on s’est imaginée et de cette femme qu’on croyait être. Oser être celle que l’on a toujours été sans jamais oser se l’avouer. Faire son « coming in ». Élodie Font nous parle d’elle et de son histoire, de ce changement de regard douloureux mais nécessaire sur elle même.

Après s’être racontée dans un podcast du même nom réalisé pour Arte radio, la journaliste confie à Carole Maurel la mise en images de cette longue traversée dans le brouillard. Faussement naïf, inventif, pluriel, sensible… son univers graphique s’accorde à merveille aux errances et aux bouleversements intimes de l’autrice. Et tout y est : ses questionnements, son besoin de comprendre, pas après pas. Le chemin est long, lent, difficile pour accepter d’être soi. Il faut du cran pour se lancer et sauter dans le vide. Un témoignage remarquable qui répondra aux questions que beaucoup n’osent même pas se poser. A lire, à partager et à mettre d’urgence dans les CDI de lycées.