Il me faut un coupable. Qui je vais haïr s’il n’y a pas de mec à maudire ? D’empaffé à s’emplâtrer ? J’ai une colère à déverser, moi. Dix-sept ans que je la rumine. Des années qu’elle macère. Faut que ça sorte. Faut que je cogne ! Faut que quelqu’un trinque !
Loris a grandi sans béquille, sans tuteur pour l’aider à pousser droit. A 17 ans, l’adolescent n’a jamais connu son père, sa mère n’a jamais laissé filtré aucune information à son sujet. L’absence, elle, a pris trop de place. Et avec elle, trop de questions, une brûlure qui ronge, cette sensation de pièce manquante qui empêche les pieds de s’ancrer au sol.
Et puis la révélation, celle qui bouscule mais redistribue les cartes… Dans le bureau de la proviseure, alors qu’il est convoqué suite à des gestes déplacés envers une camarade, sa mère dégoutée le compare à son géniteur. « T’es bien comme ton père, tiens ! » Quelques mots qui font tout basculer et révèlent le mensonge sur lequel il a tenté de se construire. Non. Il n’était peut-être pas le fruit d’une erreur de jeunesse, celui d’une nuit un peu trop arrosée… Exclu trois jours du lycée, Loris saute dans un train direction Grenoble à la recherche de celui dont il ne sait rien. Trois jours d’enquête, trois jours d’errance intime et de profonds bouleversements…
Comment peut-on mentir à son fils sur l’existence de son père ? Qu’est-ce qui peut pousser une mère à se taire ?
Un texte brut et intense qui questionne les liens familiaux, l’identité à construire et la difficulté à être soi. Gilles Abier ne prend pas Loris par la main. Il le bouscule, il le malmène. Cette vérité qu’il cherche, elle finira par lui exploser au visage, faisant voler en éclats la petite histoire qu’il s’était imaginée pour expliquer le silence assourdissant de sa mère. Un autre mensonge, plus facile à accepter que la sombre et dramatique réalité avec laquelle il devra maintenant composer pour avancer…
Il n’y a pas à dire, le format court sied décidément à merveille à Gilles Abier. Je ne suis pas étonnée de retrouver son nom au catalogue de cette nouvelle collection pour ados qui promet des novellas noires « qui parlent sans fard du monde, de son état, de ses colères. » Comme ton père est un récit tendu, maitrisé de la première à la toute dernière ligne, que je vais m’empresser de mettre entre les mains de mes (grands) collégiens. Ils vont se prendre une méchante claque et ils vont adorer ça. A lire !
Une lecture jeunesse qui fait « outch » partagée avec Jérôme.
Comme ton père de Gilles Abier Éditions In8 – Collection Faction (Septembre 2021) 96 p. / 8,90 € / ISBN : 978-2-36224-125-3 |
3 commentaires
Alex-Mot-à-Mots · 28 septembre 2021 à 13h04
Une nouvelle collection qui a l’air passionnante.
Nathalie · 29 septembre 2021 à 17h50
Ouch ! Cette nouvelle collection à l’air intéressante, mais dure !
Jerome · 2 octobre 2021 à 17h09
Du Gilles Abier dans le texte, j’adore !