C’est un rituel. Chaque week-end, Marlène passe des heures au salon de coiffure sous l’œil critique de sa mère. Elle en ressort avec la chevelure domptée, lissée, impeccable. Plus une bouclette, exit les frisottis. C’est un passage obligé depuis qu’elle est entrée dans l’adolescence ; pour sa mère, inconcevable de se balader le cheveu libre. Ce n’est pas présentable, ça attire trop les regards, ça ne permet pas de se fondre dans la masse… Marlène déteste le salon. Et elle déteste tout autant ses cheveux lissés. Quand elle y repense, il est loin ce temps béni de l’enfance où elle pouvait courir, faire du vélo, jouer pendant des heures, se salir et revenir le cheveu hirsute sans que personne n’y voit rien à redire…

Je me demandais pourquoi il fallait soigner son apparence et non soi-même, et pourquoi les adultes se contredisaient si souvent. Sois toi-même, mieux vaut être honnête, mais aussi sois une autre, telle que les autres veulent que tu sois. Je voulais être moi-même. Je voulais que ça suffise et que tout le monde m’aime. Surtout ma maman.

Ne pas montrer ses origines. Ne pas les revendiquer ni même en être trop fière. Oublier ses racine dominicaines et s’intégrer à la société américaine bien pensante. Marlène a bien compris que c’est ce qui importe à sa mère, surtout depuis la mort de son père alors qu’elle n’était qu’une enfant. Elle sait aussi, au fond d’elle, que c’est pour la protéger. Elle ne peut qu’en être consciente alors qu’elle subit régulièrement des réflexions désobligeantes sur son physique et sa chevelure au collège. Est-ce qu’elle pourra un jour être elle-même ? Passer outre les préjugés racistes de ses camarades de classe et les habitudes familiales qui ont la vie dure ? Marlène en est persuadée, il y a des tas de façons d’être belle. Pourquoi cela devrait-être si dur de se montrer aux autres telle qu’elle se voit elle-même…?

Ce n’est pas si simple pour Marlène d’être elle-même mais elle a en elle la révolte de la jeunesse et la volonté de bouger les lignes. Il faut du temps pour déconstruire ce qu’on a appris à croire tout au long de sa vie, la mère de Marlène finira par se l’avouer face à sa rebelle de fille qui met un coup de pieds dans ses croyances familiales. C’est une chouette découverte que cette lecture là. J’ai fini par réussir à mettre la main dessus en cette fin d’année scolaire, jusqu’à maintenant l’album était sans arrêt emprunté par mes collégiens et je comprends pourquoi. Une belle histoire, des réflexions intéressantes et pas si futiles, un dessin accessible et plein de pep’s. Bonne pioche !

Frizzy de Claribel A. Ortega et Rose Bousamra
Éditions Jungle (Avril 2023)
224 p. / 16,95 € / ISBN : 978-2-8222-3871-7

Dernier rendez-vous de la BD de la semaine avant la trêve estivale… on se retrouve à la rentrée !

D’autres bulles à découvrir chez…

  

Natiora                                          Eimelle

 

  

Blandine                                           Katell


3 commentaires

eimelle · 3 juillet 2024 à 09h16

très bonne pioche pour finir cette saison de BD en effet !

Natiora · 3 juillet 2024 à 09h57

Ça doit être tellement gratifiant de voir les collégiens valider ses choix d’acquisition ! C’est vrai qu’elle a l’air très chouette cette BD 🙂

Katell · 3 juillet 2024 à 18h49

Une histoire comme je les apprécie.
Merci pour le partage.
Bel été à toi et belles lectures.

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *