On apprend d’abord que l’histoire que l’on va lire s’inspire d’une histoire vraie. On lit ce titre et ce sous-titre, « le crime d’exister », qui disent l’indicible. On s’attend à un récit dur, de ceux qui laissent des traces et restent gravés longtemps dans la mémoire. On est pourtant bien loin du compte…

La postface révèle des faits insensés et des chiffres qui donnent la nausée. Des faits inhumains et insoutenables longtemps restés sous silence. On découvre l’existence de ces pensionnats catholiques dirigés pendant plus d’un siècle par des nonnes et des prêtres. Plus d’une centaine au Canada. Des « Residential Schools » où plus de 150 000 enfants indiens ont subi les pires sévices et humiliations visant à « sauver leurs âmes » en extirpant le « sauvage » en eux. Au moins 30 000 enfants auront trouvé la mort dans ces prisons et lieux de torture qui ne disent pas leur nom. La dernière de ces écoles a été fermée en 1996. Hier…

 

Mukwa fait partie de ces enfants indiens à rééduquer. A 11 ans il est envoyé de force à Sainte Cécilia, un pensionnat canadien aux méthodes éducatives radicales. Privation de nourriture, coups, humiliations, viols et chaise électrique… « Kill the Indian in the child ». Tuer l’Indien dans l’enfant. Qu’importe finalement si l’enfant survit ou nom, le cimetière caché du pensionnat pourra bien accueillir une tombe anonyme de plus.

Mukwa devient numéro 15. Il courbe l’échine, se fait un ami et jure de s’enfuir de l’enfer pour rejoindre ses parents et ses sœurs restés vivre à la réserve. Sa mère était si fière de sa longue chevelure tressée, ils risquent de ne pas le reconnaître avec sa tête rasée. Les pires sévices n’y feront rien, Mukwa ne reniera jamais sa culture, sa religion, ses origines, ses racines…

 

« Un petit Indien mort de plus ou de moins,

les Blancs n’en avaient pas grand-chose à faire… »

 

Un scandale méconnu qui donne froid dans le dos. Un fait divers sordide qui fait écho à toutes ces morts anonymes. Le récit, court, ne souffre pas qu’on le pose. Elise Fontenaille s’est inspirée de l’histoire de Chanie Wenjack, un indien ojibwé retrouvé mort de froid en 1966 après avoir fui son pensionnat. Son histoire avait mis le feu aux poudres et contribué à révéler l’existence de ces écoles. Aujourd’hui encore, les Indiens continuent de se battre pour obtenir réparation. L’auteure se fait leur porte parole et leur donne une voix. Le récit est édifiant, souvent insoutenable. Glaçant. Essentiel.

 

Une pépite jeunesse à mettre dans les mains des grands ados, dès 14 ans. Et une lecture que je partage avec Jérôme, comme chaque mardi.

 

Editions Oskar (Septembre 2017)

Collection Société

94 p.

 

Prix : 9,95 €

ISBN : 979-10-214-0592-9

 

pepites_jeunesse


1 commentaire

Marie-Claude · 6 mai 2018 à 01h36

Je l’ai commandé et je l’attends.
(J’ai honte pour mon pays…)

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