1958. Tulle, dentelle, mousseline ou satin… Au 14 du boulevard Valentin, dans le magasin de lingerie fine La Divine de Paris, il y en a pour toutes les courbes. En vitrine, Toinette observe de ses yeux de plastique le bel hiver qui couvre la tour Eiffel et le jardin du Luxembourg d’un beau manteau blanc. Elle a tout le temps du monde pour épier la faune bigarrée qui ralentit le pas pour admirer sa silhouette de mannequin ou les tordus qui s’exhibent en pensant que personne ne les voit. Mais finalement, c’est au sein de la boutique que se tissent les histoires les plus croustillantes. Ah oui… si elle pouvait parler… elle en aurait des choses à dire et des secrets à dévoiler…!
Au milieu des mannequins de celluloïd aux formes généreuses, madame Ledoyen attend avec impatience la nouvelle collection Printemps-Eté et presse Aline le nouvelle dactylo et Brigitte la vendeuse délurée de se mettre au travail. Séraphin, le patron de la boutique, débarque pourtant avec de mauvaises nouvelles et les contretemps s’enchaînent. Il y a des jours comme ça où rien ne se passe comme prévu…
Point de coquillages et crustacés ici, le lecteur découvrira bien assez tôt se qui se cache derrière cette couverture foisonnante de détails et ce titre intrigant. La surprise sera de taille… ou pas… mais est-ce bien le plus important ? Si les injonctions faites aux femmes… et aux hommes ont la vie dure, il suffit parfois d’un regard différent ou de confidences inattendues pour adoucir la honte de certains aveux. S’aimer soi-même, fendre la carapace… c’est peut-être ce qu’il y a de plus délicat finalement. De quoi rapprocher des êtres qui auparavant se croisaient sans vraiment se voir.
On en parle du plaisir fou de retrouver le Zidrou qu’on aime ? Ce scénario, c’est du velours. Tout s’imbrique à la perfection, les dialogues sont impeccables de drôlerie et les personnages sont si bien croqués qu’on ne peut que les aimer immensément. Mais ne vous y trompez pas, bien des choses se cachent derrière le vernis comique… Des sourires, de l’émotion, des révélations, un brin de philosophie et peut-être même la recette du bonheur, oui, rien que ça. Et puis, quand on confie la mise en images à Paul Salomone, impossible de se tromper. Ses aquarelles ont un charme indéfinissable, c’est doux et rétro, un peu désuet, tout ce que j’aime. Totale réussite que cet album, on fonce !
La Crevette de Zidrou et Paul Salomone Éditions Le Lombard (Février 2025) 96 p. / 20,45 € / ISBN : 978-2-8082-1683-8 |
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3 commentaires
Nathalie · 26 mars 2025 à 07h13
Il attend sagement son tour dans ma PAL… Mais je pense que je ne vais pas résister longtemps !
Enna · 26 mars 2025 à 09h41
Tu me donnes très envie!
eimelle · 27 mars 2025 à 07h22
il est très haut dans ma liste d’envies aussi!