« Je m’appelle Bastien… J’ai huit ans… Maman est malade depuis que je suis tout petit… Elle part souvent dans des centres psychiatriques… Elle a été dans la plupart des établissements spécialisés du sud-ouest. Je me demande si elle gagne des points sur une sorte de carte de fidélité. »
La maman de Bastien ne sourit presque jamais. Le plus souvent, elle pleure. Le reste du temps, elle tente de faire semblant d’aller bien. Mais personne n’est dupe, encore moins Bastien… Quand elle fait ses crises, elle ne se ressemble plus. Un animal apeuré, terrorisé, blessé. Des hurlements qui résonnent jusqu’aux sirènes de l’ambulance qui emmène maman au loin, encore. D’après les médecins, elle souffrirait de « troubles bipolaires à tendance schizophrénique ». Alors maman va à l’hôpital, souvent. Prend des médicaments, tout le temps. Après, un temps, les choses se calment, ils disent même qu’elle va mieux. Dans ses yeux pourtant, un vide immense…
Bastien a une deuxième chambre dans la maison de ses grands-parents, juste à côté. Assez loin pour ne pas être témoin des accès de démence de sa mère dont tente désespérément de le protéger son père démuni. Pas assez pour ne pas entendre la douleur et les cris, pas assez pour ne pas deviner ces scènes qui tournent en boucle dans sa tête d’enfant…
Mais parfois maman revit. L’espace de petites parenthèses aussi rares que précieuses. Des sourires, des promenades en forêt, et la lumière dans ses yeux. Une mince étincelle de vie et une overdose d’amour…
« Quand on se promène dans la rue, personne ne se rend compte que maman est malade depuis longtemps…
Sa maladie est invisible… silencieuse… honteuse… Alors qu’elle est toujours là… dans son dos…
Maman, elle est comme Jean Grey dans les X-men… elle peut exploser à tout moment ! Mais personne ne le sait… sauf moi… »
Bouleversant. Difficile de ne pas fermer ce roman graphique les larmes au yeux, surtout quand on sait que l’auteur s’est inspiré de son propre vécu pour l’écrire. Un récit très personnel et donc forcément très intime. Bastien a grandi avec la maladie de sa mère, une maladie insidieuse, toujours tapie dans l’ombre, prête à surgir à n’importe quel moment. Une maladie qui lui a volé sa mère et son enfance et l’a fait se réfugier dans un monde à lui, un monde où sa mère se transforme en super héroïne…
Graphiquement, c’est bluffant et incroyablement maitrisé. Si le trait se veut naïf et par moments enfantin, les couleurs choisies plongent le lecteur dans un patchwork d’émotions. Un rouge violent pour les crises de démence, du vert pour souligner les quelques parenthèses de vie presque normale et des tas de nuances pour évoquer les divers épisodes de l’enfance de Bastien. Un album intense jusque dans les dernières planches où le titre et l’énigmatique couverture prennent tout leur sens… et une bouleversante déclaration d’amour. Coup de cœur ♥
Les avis de Cathulu et Stephie
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Éditions Glénat (Février 2017)
154 p.
Prix : 19,50 €
ISBN : 978-2-344-01269-7
C’était ma BD de la semaine…
…aujourd’hui chez Stephie
19 commentaires
Marie-Claude · 15 mars 2017 à 04h06
Wow! Sujet sensible, traitement qui me semble magnifique. Je le veux!
Mo · 15 mars 2017 à 05h55
Déjà tentée après avoir lu Stephie… Un peu d’appréhension cela dit, c’est tout de même assez proche de ce que je rencontre au boulot et je crains les conclusions rapides en fait
le petit carre jaune · 15 mars 2017 à 09h24
Vous êtes démoniaques !! Ok je la sors de ma pile 🙂
Nathalie · 15 mars 2017 à 11h08
La couverture et les couleurs ne m’attirent pas plus que ça, mais ton billet donne envie ! Je note !
bouma · 15 mars 2017 à 13h22
déjà repéré chez Stephie, j’ai encore plus envie de la lire cette bd intrigante.
Jerome · 15 mars 2017 à 13h22
Tu enfonces le clou après Stephie, vilaine !
Fanny · 15 mars 2017 à 16h01
Je l’ai feuilleté à la Foire du Livre de Bruxelles! Et je ne l’ai pas pris, je me demande bien pourquoi!
Sita · 15 mars 2017 à 17h19
Ha je l’avais déjà repérée celle-ci, mais je dois dire que j’ai encore plus envie de me la procurer maintenant !
LB · 15 mars 2017 à 17h59
Une merveille !
luocine · 15 mars 2017 à 18h14
c’est bien que l’on raconte cela, les enfants confrontés à la maladie mentale de leurs parents ne peuvent pas s’en sortir s’ils ne racontent pas d’une façon ou d’une autre
Blandine · 15 mars 2017 à 18h55
BD déjà repérée et envie redoublée !
gambadou · 15 mars 2017 à 20h49
waou, ça à l’air de prendre aux tripes !
Marguerite · 15 mars 2017 à 21h27
Un sujet délicat et difficile… Ça semble bien fait alors je note !
Océane · 15 mars 2017 à 21h50
Waow, rien qu’avec ta chronique j’en suis bouleversée. Comment peut-il aborder cette histoire sans pathos ? C’est un sacré challenge, qu’il semble avoir réussi, à te lire. Vraiment bouleversant, oui.
lasardine · 15 mars 2017 à 22h18
repéré chez Stephie, tu confirmes ma grosse envie de découvrir cet album!
Antigone · 16 mars 2017 à 19h50
Réservé dans ma bibli !!! Devant ton coup de coeur, comment résister ? Et puis Cathulu et Stéphie… 😉
Violette · 17 mars 2017 à 16h36
tu ne lis que des coups de cœur !?? rahhh, vilaine! 🙂
Sylvie · 17 mars 2017 à 18h35
Ca a l’air triste mais ton coup de coeur ne me laisse pas insensible.
A_girl_from_earth · 18 mars 2017 à 13h45
Ohlala un sujet dur mais ton billet donne envie de se précipiter sur cet album de suiiite !