L’homme en Noir – Giovanni Di Gregorio / Grégory Panaccione

Dans la vie de Mattéo il y a son papa, sa maman et son chien Tommy. Dans la vie de Mattéo il y a aussi son meilleur ami Ivan et toute une clique de supers-héros inspirants. Mais dans la vie de Mattéo, il y a aussi cette ombre menaçante qui l’enveloppe chaque soir dans son lit. Un homme en noir prêt à envahir ses cauchemars dès que la porte se referme et que la lumière s’éteint… Mattéo n’arrive pas à le faire fuir, il a beau convoquer tous les pouvoirs de ses héros préférés, fermer les yeux très fort ou au contraire les ouvrir très grands pour ne pas s’endormir.. il est là. Jusque dans la cour de son école, partout où son regard peut se poser. Il l’observe et semble l’attendre, un petit rictus au coin des lèvres…

Mattéo a tout pour être heureux oui… Alors qui est cet homme en noir qu’il est le seul à voir et qui le terrorise ? Est-il réel ou ne vit-il que dans son imaginaire… dans ses souvenirs peut-être…? Que faire pour combattre ce danger insaisissable qui l’empêche d’avancer…?

Parfois, j’ai l’impression de ne pas être dans le bon monde…

En préambule de l’album, Giovanni Di Gregorio explique que cette histoire est librement inspirée de son expérience personnelle mais qu’il ne s’en est rendu compte qu’à la fin. C’est très fort si l’on y réfléchit… Ces images, ces souvenirs, enfouis au plus profond pour qu’ils ne puissent pas nuire. Cette puissance de l’oubli pour permettre de grandir, malgré tout, cette capacité du corps et de la mémoire à effacer l’horreur et à enterrer l’indicible pour ne plus avoir mal. Il faudra du temps à Mattéo pour comprendre et regarder devant. Du temps pour ne plus se laisser envahir par la peur. Il lui faudra de l’aide aussi, celle d’une docteure « des émotions » qui elle comprendra dans quel abîme il se noie…

Douloureuse histoire sur le thème des violences sexuelles infligées aux enfants. La métaphore de « l’homme en noir » est une trouvaille toute en subtilité qui permet de suggérer l’horreur sans sombrer dans une débauche voyeuriste malvenue. L’apparente naïveté du dessin de Grégory Panaccione est un formidable révélateur des émotions ressenties par le jeune garçon dont on vit chaque tremblement avec émotion. C’est de l’intérieur que le lecteur vit cette histoire et il s’en souviendra…

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