– A ton avis, Vic, pourquoi il y a tant de films qui mettent en scène des voyages en voiture ?

– Je ne sais pas. Peut-être parce que c’est photogénique.

– Mmh, c’est moyennement photogénique l’habitacle d’une voiture.

– Pas faux. Mais il y a l’horizon. C’est romantique l’horizon.

– Mouais.

– C’est peut-être aussi le paradoxe que ça convoque : on avance en même temps qu’on est enfermé. Ça crée une alchimie bizarre, comme un court-circuit fictionnel. Les histoires de voiture semblent être des histoires où il se passe toujours des choses.

– J’aime mieux cette explication.

– Et tu penses que notre histoire pourrait devenir un film ou un livre, Yaz ?

– Non. Aucune chance. Pas assez d’aventure. Ni de crimes. Ou de drogue, ou d’alcool.

– Tu es sûre que tu as douze ans ?

J’ai toujours aimé les rencontres improbables. Celles qui font entrer en scène des êtres que tout oppose et où les carapaces se fendillent. Ces pas de deux où la confiance en l’autre est la condition pour avancer dans une direction qu’on n’avait même pas vraiment choisie. J’aime ces héros qui font un bout de chemin ensemble, qui partagent leurs silences et se soignent dans le regard de l’autre. Et j’aime par dessus tout ces échappées belles où éclosent les plus belles amitiés… Coline Pierré sait raconter ces histoires là. Elle sait orchestrer ces rencontres qui font du bien…

Victor n’a jamais eu le choix. A 21 ans, il sera braqueur comme son père et comme ses frères qui marchent fièrement dans les pas de leur illustre ainé. Pas de place pour les sentiments ni pour les atermoiements de fillette, il est temps qu’il fasse ses preuves et se montre digne de la famille dans laquelle il est né. « Mais Victor se fiche de tout ça. Il voudrait une existence paisible. Il voudrait aider les autres, s’occuper d’animaux, tomber amoureux, et lire des livres qui le bouleversent. »

Yazel est une orpheline sourde de 12 ans. Recueillie par une tante richissime avare en sentiments, elle se réfugie dans un monde de silences, de couleurs et de sensations et se confie à ses parents décédés dans des lettres qu’ils ne liront jamais. Livrée à elle-même, invisible, figurante dans sa propre vie. « Mais Yazel a de tout autres plans en tête (…) Elle rêve de devenir peintre ou photographe, de raconter des histoires en images, sans mots et sans sons. En sourdine. Elle rêve de faire du silence qui l’entoure un art bavard et un art tout court. »

Fuir. Prendre l’air. Être enfin soi-même loin des carcans et autres prisons dorées. Se libérer des liens qui enferment et choisir ceux qui permettront enfin de pousser droit. Prendre racine. S’ancrer. S’inventer une famille qui nous ressemble… Deux, c’est déjà une famille non…?

Plus de 340 pages de bonheur à l’état brut. J’ai englouti ce roman-bonbon au cœur de l’été et il m’a fait du bien. Ça parle de cette langue qu’il faut parfois inventer pour mieux se comprendre, d’amour mais pas d’amoureux, de folie(s) et d’élans, des chemins de traverse qui tracent les destins et des silences assourdissants qui nous crient l’essentiel. C’est un roman qui bâtit des ponts et rien que pour ça vous allez l’adorer..!

Une lecture partagée avec mon complice Jérôme qui signe le retour d’une nouvelle saison des « pépites jeunesse » !

 

L’avis de Pépita

 

Éditions du Rouergue (Mai 2019)

Collection DoAdo

344 p.

 

Prix : 14,80 €

ISBN : 978-2-8126-1800-0

pepites_jeunesse

 


4 commentaires

Nathalie · 27 août 2019 à 04h24

Tu exagères ! Comment veux tu que l’on résiste après avoir lu ton billet ? J’ai très envie de le lire maintenant.

Véro · 27 août 2019 à 08h28

Elle a raison Nathalie : tu exagères ! 😉 et je note et ma LAL s’allonge et c’est une histoire sans fin…

Jerome · 30 août 2019 à 13h18

Coline Pierré aime ces rencontres improbables et elle sait y faire pour qu’on les apprécie !

Alex-Mot-à-Mots · 31 août 2019 à 13h40

Et c’est reparti pour les pépites jeunesses !

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