Chaque année, à l’approche des vacances d’été, c’est la même effervescence chez les Manzatti. Quinze jours loin de la cité de la Fouilleuse, la tribu piétine et savoure cette parenthèse tant attendue. Les cordons de la bourse ont beau être serrés, pas question de tirer une croix sur cette traditionnelle escapade en famille. Même s’il faut faire des kilomètres pour voir la mer et s’entasser dans une petite maison de ville sans charme à la décoration très approximative. Direction Saint-Chinian, petite bourgade paumée dans le fin fond du Sud de la France !
Cette année pourtant, Eugénie, dix ans, n’arrive pas vraiment à se réjouir. Du haut de ses deux ans, sa petite sœur n’est pas la compagne de jeux idéale et sa sœur aînée, Adèle, a eu le droit d’inviter sa meilleure copine et ne compte pas partager avec elle ses petits secrets d’ado. Pendant les siestes à rallonge de ses parents et les virées clandestines des grandes au village, Eugénie s’ennuie et rêve d’être la nouvelle Jane Goodall. Reléguée dans une chambre qu’elle partage avec sa petite sœur, interdite de séjour dans ce que les grandes appellent pompeusement leur « studio », elle espère secrètement ne pas devenir ado trop vite.
Heureusement, il y a des échappées au vert, des sauts dans la rivière… et ce jeune joueur de tambour rencontré pendant la fête du 14 juillet. De petites bouffées de bonheur, ce sentiment désagréable de perdre sa sœur, cette sensation d’être toujours trop grande ou trop petite… entre enfance et adolescence, en équilibre sur un fil, Eugénie grandit…
J’aime les eaux douces et un peu froides de la solitude. Des ruisseaux qui me mènent vers une sorte de petite île que je rejoins à la nage pour m’asseoir dans ma cabane intérieure. Là, sans personne pour me regarder, je suis bien pour penser aux choses de la vie. Là, je peux devenir une fille formidable. Une autre moi, plus jolie et plus dégourdie. Une fille qui prend toute la place, une héroïne que tout le monde adore et qui passe son temps à sauver les gens et à lutter contre les injustices de la planète.
Du rire, une vision tendre et juste de l’enfance et de cet entre-deux délicat où tout est encore possible… Jo Witek nous régale avec cette chronique familiale pleine de pep’s et de fraicheur. Sa petite héroïne hypersensible est attachante en diable et impose son originalité. De la curiosité, de l’imagination, un brin d’espièglerie allié à beaucoup de bon sens, son regard sur le monde des grands qui l’attire autant qu’il la répugne est à la fois drôle et touchant. Une lecture qui fait du bien à conseiller les yeux fermés aux petits bouts qui grandissent !
Une nouvelle pépite jeunesse que je partage avec Jérôme, comme (presque) chaque mardi.
L’avis de Pépita
Parfois c’est long l’enfance. A la fin, on finit par s’ennuyer.
Éditions Actes Sud junior (Janvier 2020)
168 p.
Illustration de couverture par Olivier Tallec
Prix : 14,00 €
ISBN : 978-2-330-13040-4
6 commentaires
Nathalie · 22 avril 2020 à 08h30
J’aime beaucoup ce que fait Ni Witek pour les ados. Je connais moins ce qu’elle écrit pour les plus jeunes.
Moka · 25 avril 2020 à 08h43
Un roman avec Jo Witek aux commandes? Je signe.
Tu as vu/écouté ses lectures avec Guéraud?
Karine · 25 avril 2020 à 21h17
Tu es aussi enthousiaste que Jérôme, mais tu fais ressortir des aspects super différents! À tenter, donc.
Caro · 27 avril 2020 à 21h53
J’aime beaucoup ce qu’écrit Jo Witek, mais par contre les livres chez ActesSud sont quand même sacrément chers…!
choup · 1 mai 2020 à 17h59
je l’ai découverte cet hiver avec Dernier arrêt avant l’avenir, que j’ai beaucoup aimé/ une autrice à suivre il semble!
Jérôme · 23 mai 2020 à 19h41
ça m’a fait un bien fou de partir en vacances avec les Manzatti !