« On n’en veut pas de leur vie. Qu’on nous fiche la paix. Qu’on arrête de nous changer de maison comme des sacs depuis dix ans. On n’avait rien demandé. Même pas de naître. Naître pour quoi ? Pour rester là ? Au milieu du bordel ? Avec nos doudous dans nos mains ? Les regarder s’agiter ? Crier ? Être écartelé ? Vivre pour n’avoir que des morceaux de vie ? Une moitié de maison ? Une moitié de Maman ? Un échantillon de Papa ? Des débris ? Jamais plus rien d’entier ? Et une valise. Toujours la valise. Notre roulotte. On la fait, on la défait, on la refait. Les habits mal séchés, les miettes, les peaux de banane séchées, les bonbons collés, ça finit par puer. JE HAIS LES VALISES. »

 

Coincé sur la banquette arrière entre trois demi-sœurs qu’il n’a pas choisies, un petit frère et une Samsonite rouge qui menace de lui tomber sur la tête, Greg rumine. Douze ans qu’il supporte ces allers-retours Toulouse-Agen dans l’Alpha Roméo d’occasion de papa pour le week-end de l’ascension. Douze ans qu’il supporte cette belle maman un peu trop blonde, un peu trop souriante, un peu trop parfaite. Douze ans qu’il s’accommode de cet entre deux et se contente de moitiés, de quarts et de lambeaux à défaut d’une vie pleine et entière.

 

A dix sept ans, Greg n’a que peu de souvenirs de sa vie d’avant. Aujourd’hui, il peine encore à s’habituer à n’être qu’une pièce du puzzle. Un week-end sur deux et la moitié des vacances. Heureusement qu’il y a Rog, son fidèle ordinateur. Et Solène dont il attend fébrilement le coup de fil libérateur…

 

Un texte surprenant qui commence comme un cri de rage et se termine par un cri d’amour pour une famille rafistolée bien plus entière et précieuse qu’il n’y parait. Un monologue criant de vérité qui dit les choix, les renoncements, la colère, la peine et les souvenirs d’avant. La voix d’un adolescent tiraillé entre sa colère et l’amour maladroit qu’il éprouve finalement pour ses moitiés, ses quarts et ses lambeaux de vie…

 

Maligne, Isabelle Vouin imagine un évènement inattendu et percutant pour bousculer Greg et relativiser son mal-être malgré tout bien réel. Un roman incisif qui se lit dans un souffle et qu’on referme avec le sourire… avec la certitude que la vie offre parfois de belles raisons de se réjouir.

Une belle réussite à glisser dans les mains des adolescents qui vivent ou non dans une famille recomposée. Les questions qu’il soulève, universelles, sauront leur parler et les toucher. Le texte idéal pour relancer le rendez-vous des pépites jeunesse après la pause estivale… et une lecture évidemment partagée avec mon complice Jérôme.

 

 

Éditions Talents Hauts (Mars 2018)

Collection Ego

64 p.

 

Prix : 7,00 €

ISBN : 978-2-36266-231-7

pepites_jeunesse


3 commentaires

Moka · 21 août 2018 à 10h08

Yeah ! Te enfin vous voilà de retour, et avec un texte fort qui semble mériter pleinement son titre de pépite.

Alex-Mot-à-Mots · 23 août 2018 à 09h29

Chic, les pépites jeunesse reviennent !

jerome · 23 août 2018 à 12h50

Une pépite parfaite pour nous retrouver, comme tous les mardis ou presque 😉

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *