Couleur de peau : miel, tome 2 – Jung

Il y a quelques mois, j’avais été marquée par ma lecture du premier tome de Couleur de peau : miel. Cette autobiographie de Jung mise en images et en mots était juste, touchante et drôle… J’ai enfin mis la main sur la suite de l’histoire de ce petit bonhomme adopté à l’âge de cinq ans par une famille belge en Corée du Sud. Dans le premier tome, l’histoire se centrait sur l’enfant, sa découverte de son nouveau pays, ses relations avec sa nouvelle famille. Ici, nous retrouvons Jung adolescent, l’enfant a grandi et les choses ne sont pas plus simples.

En 1980, Jung a  14 ans. Adolescent solitaire, il aime la nature et se plaît particulièrement en la présence des arbres.  Lui se voit toujours comme déraciné, allant jusqu’à se sentir étranger dans ce pays qui l’a accueilli. En grandissant, l’adolescent reste timide et complexé, d’ailleurs il parle peu et décide même de se taire complètement pendant les repas de famille où il se sent de trop. Il faut dire que les relations avec sa mère restent très conflictuelles, s’il y a de l’amour, celle ci ne montre guère ses sentiments, criant plus qu’elle ne parle.

Jung ne se sent pas belge, il ne se sent pas coréen non plus, d’ailleurs, jusqu’à maintenant, il avait toujours fuit la compagnie de ceux qui lui ressemblaient. Pourtant, au lycée, les choses changent. Petit à petit, il se rapproche de coréens adoptés comme lui, dont Laurie, une artiste qui deviendra sa meilleure amie. C’est à elle qu’il montrera ses premières planches qui curieusement abordaient déjà les mêmes thèmes que dans Couleur de peau… Jung vit dans un monde imaginaire peuplé de samouraïs et de geishas, à 17 ans, il est de plus en plus renfermé et mal dans sa peau. Difficile d’apprendre à accepter sa différence…

J’ai beaucoup aimé ce second tome, peut-être plus que le premier d’ailleurs. Pourtant, je l’ai trouvé plus dur, la naïveté de l’enfance en moins. Certains passages sont extrêmement émouvants, notamment quand il évoque sa petite sœur, coréenne adoptée comme lui, souffre-douleur de sa mère et qui partira bien trop tôt. Les passages avec sa mère m’ont aussi beaucoup touchée, parfois très durs, voire révoltants, parfois  bouleversants…

Je sentis une main bienveillante se poser sur moi. C’était celle de ma mère… Mon corps se souvenait qu’il aimait cette chaleur humaine (…) Ma mère me dit qu’elle avait perdu son premier enfant à la naissance, est que dans son cœur, elle m’avait donné la place de cet enfant. Pour elle, j’avais ma place dans cette famille, exactement au même titre que tous les autres. Je savais que j’avais ma place dans la famille… Mais je ne savais pas que j’en avais une aussi dans son cœur.

J’admire vraiment l’auteur d’avoir réussi à aborder sa propre histoire avec autant de recul, autant de pudeur aussi. Avec ses manques, ses doutes et ses questions, Jung s’est construit, d’autres n’ont pas eu cette chance, de nombreux autres enfants coréens adoptés comme lui ont mis fin à leurs jours…

C’était un pari osé. A la fin de ce tome, Jung, 42 ans, n’avait toujours pas mis les pieds sur son sol natal, espérons, si ce n’est déjà fait, qu’il parvienne un jour à faire ce voyage nécessaire…

Les avis de Mango, Théoma, Yaneck, Marguerite, Cathe, Géraldine, Enna, Midola, Sandrine, Joëlle, La sardine, Gambadou…

© Quadrants/Jung

Éditions Soleil (Janvier 2008)

143 p.

C’était ma !

Chez Mango et chez les autres !

Participation au challenge Pal sèches

organisé par Mo’ la fée..

Prix BD Boum, prix Région Centre 2008

… et lancement du tout nouveau tout beau challenge de Mo’ (encore elle!)

le Roaarrr challenge recensant toutes les BD primées !

Un travail de titan, bravo à elle !

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