« Parfois, on se noie dans une mer à boire.
Aussi rouge qu’un cœur qui cesse de battre.
On regarde vers la surface, à la croisée de chemins sous-marins : remonter ou se laisser aller. »
Des cauchemars, chaque nuit. Une mer sang où l’on se débat. Cette tentation du vide et de l’oubli. Ce besoin irrépressible d’écrire pour faire sortir la douleur, tenter de trouver l’apaisement, renaître à soi et aux autres…
Elles l’avaient tant attendu. Des années. Et ce ventre toujours vide. Jusqu’à cette nouvelle inespérée. Elles vont devenir mères… Doucement, le petit garçon grandit, prend sa place malgré les alertes et le corps qui vacille. Un corps qui finira par se dérober en emportant l’enfant avec lui…
Comment survivre à la mort d’un enfant ? Comment surmonter cet état de sidération et cette incommensurable douleur ? J’ai refermé cet album dans un profond silence et le ventre noué. Et j’ai à nouveau admiré sa sublime couverture… Tout y est. Un regard vers l’avenir, une frêle embarcation qui a tout moment pourrait chavirer, une brise légère qui emporte au loin, cet amoncellement de carnets où s’écrit l’histoire, ces flots qui peu à peu s’apaisent… Et ces tons pastels et doux qui sont tant de promesses d’un renouveau. Cette vie, tenace, qui bat encore. Carole Maurel s’est emparée de l’histoire personnelle d’Ingrid Chabbert avec une immense tendresse. Et c’est bouleversant…
Recevoir cet album comme un cadeau. Se faire tout petit et se taire. Ressentir cet amour qui déborde, réveille et sauve… Se dire qu’il en faut du courage pour arriver à mettre en mots l’indicible, verbaliser l’absence et la souffrance qui hurle, passer de la douleur à l’écriture qui reconstruit…
Difficile de parler de ce bel album tant il est personnel et si profondément intime. Ingrid Chabbert aura mis plus de quatre ans à se décider à mettre son histoire en mots. Le temps, s’il finit par atténuer les larmes, ne peut faire que le drame n’ait jamais eu lieu…
On entre sur la pointe des pieds dans cet album. Pourtant, l’auteure a réussi le pari difficile de faire oublier l’histoire personnelle, allant au-delà de l’émotion pure pour dire l’universalité de la douleur de la perte d’un enfant. Le dessin de Carole Maurel, sensible et pudique, en fait un récit poignant, une vraie réussite pour cet album que l’on referme le cœur serré…
Un album déniché en avant-première au festival d’Angoulême, une belle rencontre… et une lecture que je prends un immense plaisir à partager avec Moka ♥
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Éditions Steinkis (Février 2017)
88 p.
Prix : 17,00 €
ISBN : 978-2-36846-003-0
C’était ma BD de la semaine…
…aujourd’hui chez moi !
La BD de la semaine c’est aussi chez…
Moka Jérôme Mo’ Nathalie
Petit carré jaune Blandine Amandine Maël
Mylène Mélo Hilde Saxaoul
Caroline Fanny Sabine Stephie
Bouma Fleur Karine Sandrine
Marguerite Keisha Un amour de BD
25 commentaires
Marguerite · 15 février 2017 à 05h02
Avec ses deux récentes parutions, elle est partout Carole Maurel ! Ça adonne bien parce que j’aime beaucoup son travail découvert avec « Luisa ici et là » puis « L’Apocalypse selon Magda ». J’ai envie d’être bouleversée par cette histoire moi aussi…
Ma participation de la semaine : http://lecturesdemarguerite.blogspot.ca/2017/02/roles-de-composition-jimmy-beaulieu.html
Mo · 15 février 2017 à 06h46
Il me tarde de le lire cet album. Et puis il m’attend. Je pense que je vais vite plonger dedans
Moka · 15 février 2017 à 08h38
Un album très fort, qui a provoqué chez nous les mêmes émotions. Cela ne m’étonne guère…
Merci encore pour ce beau cadeau que tu m’as fait là. <3
Sandrine · 15 février 2017 à 08h49
Un sujet grave et bouleversant. De belles illustrations. Je note évidemment.
Chez moi aujourd’hui : http://promenadesetmeditations.blogspot.fr/2017/02/culottees-tome-1-de-penelope-bagieu.html
Saxaoul · 15 février 2017 à 08h53
Je ne pense pas être capable de lire ce livre. Ou alors, il faudrait vraiment que je choisisse le bon moment. Le sujet est vraiment trop douloureux…
framboise · 15 février 2017 à 10h37
je sais pas, vos billets sont très très beaux, mais la thématique me fait un peu peur ….
à voir …
Bisous copine <3
Blandine (Vivrelivre) · 15 février 2017 à 10h44
Avec Moka, vous me donnez davantage envie de découvrir cet album que j’avais déjà repéré.
Jerome · 15 février 2017 à 12h40
Si vous vous y mettez toutes les deux, vous savez bien que je vais vous suivre les yeux fermés. Vilaines tentatrices !
Hilde · 15 février 2017 à 15h01
Avec un sujet pareil, ça doit être une BD éprouvante à la lecture. Je préfère m’abstenir malgré ce que tu en dis.
Mylene · 15 février 2017 à 16h32
je note, ça a l’air génial !!
Fanny · 15 février 2017 à 16h43
Oh que ça doit être beau et fort.
Mélo · 15 février 2017 à 16h46
Tu me ferais lire une notice Ikea les yeux fermés avec tes beaux billets… !! Mais le thème me freine quand même un peu.
luocine · 15 février 2017 à 17h47
oh là là ! il faut du courage pour écrire sur le deuil d’un enfant et du courag eaussi pour l elire.
Au Fil des Plumes · 15 février 2017 à 19h34
Ce sera sûrement un de mes futurs coup de coeur!
caro · 16 février 2017 à 15h03
Ouh là, sujet pas facile mais ton billet donne envie… A voir.
sabine · 16 février 2017 à 18h12
Vos billets donnent envie de se procurer cet album au plus vite. Un sujet qui me parle et un graphisme qui me tente.
sabine · 16 février 2017 à 18h15
@ Mael Lasardine, de quoi me réconcilier sans doute avec ZEP !
titoulematou · 16 février 2017 à 19h53
je n’ai pas lu cette bd , mais j’ai adoré » proies faciles »
Fleur · 17 février 2017 à 22h32
Je suis contente de faire désormais partie de la bande du mercredi ! 😉
Nadège · 19 février 2017 à 18h54
J’ai lu le billet de Moka, puis le tiens… vos mots sont si émouvants. Un album qui me toucherait, forcément.
Nadine · 25 février 2017 à 20h07
Oh le bel album! Merci de nous l’avoir fait découvrir Noukette 😀
Bisous et bon weekend
Nadine · 25 février 2017 à 20h08
Avec de belles émotions et énormément de sensibilité…
Proies faciles (Prado) – Bar à BD · 15 février 2017 à 06h32
[…] puis c’est une « BD de la semaine ». Noukette nous accueille aujourd’hui. Moult lien sur sa chronique du jour pour découvrir les bulles […]
Ecumes (Chabbert & Maurel) – Bar à BD · 3 mars 2017 à 00h31
[…] Les chroniques de Moka et de Noukette. […]
Ingrid Chabbert et Carole Maurel – Ecumes | Sin City · 31 mai 2017 à 11h48
[…] Ils en parlent également : Mo’, Noukette […]