Quand Courgette regarde au travers de la fenêtre, il ne voit qu’un ciel tout gris lourd comme sa peine et de gros nuages menaçants qui s’apprêtent à pisser le malheur. Il n’y a pas beaucoup de couleurs dans la vie de Courgette, à part les bleus que font sur son corps les coups de sa mère et le rouge qui s’étale sur ses joues quand il se prend des claques.
La maman de Courgette, ça fait bien longtemps qu’elle a sombré. Dans la douleur quand son mari est parti « faire le tour du monde avec une poule ». Et puis dans la bouteille aussi parce que c’est peut-être au fond des verres qu’elle trouve un semblant de réconfort et qu’elle oublie. Comme elle oublie Courgette qui se réfugie au grenier quand les choses tournent au vinaigre.
Mais aujourd’hui, Courgette a décidé de tuer le ciel qui assombrit tout. Il y a une arme dans le tiroir de maman. Et le coup part tout seul quand elle essaye de la lui reprendre… Il lui dit des mots gentils Raymond, le gendarme qui trouve Courgette prostré au grenier. Mais il lui dit aussi que maman ne reviendra plus. Il sera bien aux Fontaines. Avec des enfants comme lui, un peu cabossés, pas mal chamboulés, qui poussent comme ils peuvent. Et peut-être que la vie, la vraie, pourra enfin commencer…
– Si maman s’ennuie au ciel, ou qu’elle n’a plus de bières… elle pourra revenir ?
– Non, on ne peut pas descendre du ciel. Il n’y a pas de porte ou d’escalier. Et puis, il doit y avoir de la bière là-haut.
– Donc, je le reverrai plus jamais ?
– Pas avant très très longtemps mon gamin.
Le monde doux-amer de l’enfance. Un monde où il n’est pas toujours évident de comprendre les adultes et où les enfants se retrouvent à porter des bagages bien trop lourds pour leurs frêles épaules. La petite voix de Courgette résonne et il est bien difficile de l’oublier. Naïf mais terriblement lucide, la tête dans les étoiles mais les pieds sur terre, on a envie de le prendre par la main et de lui dire qu’un jour le ciel sera moins gris.
Ingrid Chabbert adapte le roman culte de Gilles Paris et elle le fait avec toute la tendresse, l’humanité et la simplicité qui la caractérisent. C’est tendre et rugueux, solaire et violent. Ça a l’amertume des larmes retenues et la saveur de l’enfance qui résiste. Le dessin faussement naïf de Camille K. gratte et caresse. Violence et innocence mêlées, il est singulier et laisse son empreinte. Courgette, mais aussi Ahmed, Simon, Jujube, Alice et Camille, on ne peut que s’attacher à cette bande de gamins soudés face aux claques de la vie. Et ça fait du bien..!
Retrouvez Ingrid Chabbert sur le blog, notamment avec l’adaptation très réussie de En attendant Bojangles.
Gilles Paris sur le blog : L’été des lucioles – Au pays de kangourous
Chez Moka
Autobiographie d’une courgette de Camille K et Ingrid Chabbert d’après Gilles Paris
Éditions Philéas (Avril 2021) 120 p. / Prix : 17,90 € / ISBN : 978-2-491467-05-0 |
18 commentaires
Moka · 12 mai 2021 à 07h23
Le roman à succès ne m’attirait pas du tout et pour une fois je vais passer mon tour, malgré tout le bien que je pense du travail d’Ingrid.
Mes échappées livresques · 12 mai 2021 à 09h37
Je garde un excellent souvenir du film. Et si en plus c’est signé Ingrid Chabbert, la tentation est forte.
Amandine · 12 mai 2021 à 09h54
Je garde un souvenir lointain de ma lecture du roman mais je serai ravie de me remémorer cette histoire avec cette adaptation BD.
Kathel · 12 mai 2021 à 11h06
L’adaptation en film d’animation était superbe, je vais rester sur ses images…
sylire · 13 mai 2021 à 07h34
Le roman ne m’attirait pas plus que cela mais la BD pourquoi pas. J’aime bien le dessin.
Cristie · 12 mai 2021 à 13h06
Je veux absolument lire le roman avant !
luocine · 12 mai 2021 à 14h22
j’avais été un peu agacée par la naïveté du roman que j’avais lu quand même avec grand plaisir.
Violette · 12 mai 2021 à 18h08
je crois que je n’ai jamais lu le livre ! Les dessins me plaisent beaucoup, je crois que, pour une fois, je pourrais commencer par l’adaptation BD.
eimelle · 12 mai 2021 à 19h36
j’avais beaucoup aimé le film d’animation, très réussi! Alors pourquoi pas la BD!
gambadou · 12 mai 2021 à 21h22
Livre, film d’animation, BD, quel succès.
Blandine · 12 mai 2021 à 23h36
J’ai le roman dans ma PAL qu’il me faudrait lire… Et cet album que je mets dans ma whishlist
sylire · 13 mai 2021 à 07h34
Le roman ne m’attirait pas plus que cela mais la BD pourquoi pas. J’aime bien le dessin.
Jérôme · 14 mai 2021 à 17h12
Pas lu le roman ni vu l’adaptation animée mais je commencerais bien directement par la BD.
Fanny · 15 mai 2021 à 13h58
J’ai vu le film et j’en garde un beau souvenir. Cela me plairait bien de replonger dans cette ambiance grâce à la bd.
Bidib · 15 mai 2021 à 14h51
j’ai le roman dans ma PAL, je note l’adaptation pour plus tard
Isabelle AZZOUN · 16 mai 2021 à 22h26
Merci Noukette pour la présentation de cette adaptation en BD. Je ne connaissais pas l’histoire, ni le film. Je vais l’acquérir pour le CDI, car il me semble que cela interpellera nombre d’ados, et que cela peut également servir pour des travaux péda !
Stéphie · 17 mai 2021 à 07h49
Le roman était tellement chouette ! Alors y rajouter le travail d’Ingrid doit donner une petite touche en plus 😉
Alex-Mot-à-Mots · 17 mai 2021 à 13h01
Il est fidèle au roman ?