Toutes les princesses meurent après minuit - Quentin Zuttion

Tu ressembles vraiment à un prince… Alors que moi, en princesse, y a toujours un truc qui cloche. Tout le monde le voit, même toi. Quand je mets mes cheveux, les gens, ils sont gênés.

Une fois, quand j’étais à la maternelle, je me suis déguisé en princesse pour le carnaval. La maîtresse Monique, elle me regardait bizarre. Elle est allée dire un truc à ma mère. Comme un secret. J’ai pas entendu, mais quand elles parlaient, j’avais mal au ventre.

Il y a tellement d’amour entre ces pages. Tellement de douceur, de battements de cœur et de non-dits aussi. Il y a l’enfance qui éclabousse tout, un mélange de candeur et d’incroyable clairvoyance sur le monde des grands. Ces grands qui pensent tout comprendre, rangent les gens dans des petites boites et sont loin d’avoir les réponses aux questions qui parfois tenaillent le ventre…

Il y a tellement d’amour et tellement de secrets aussi. Un papa qui ne rentre pas dormir à la maison, une maman qui attend par habitude mais n’y croit plus, une grande sœur qui prend tous les risques pour cet amoureux qui passe par la fenêtre en pleine nuit. Et puis il y a Lulu, princesse-sirène qui se peinturlure les lèvres en cachette et se rêve dans les bras d’un prince blond comme les blés. La nuit dernière, une princesse est morte sous le pont de l’Alma. Une vraie. Toutes les princesses meurent après minuit et elles emmènent leurs rêves avec elles. Lulu, lui, est dans sa bulle, là où tout est encore possible et où les rêves éveillés peuvent encore prendre vie…

Un magnifique album, nostalgique et tendre, pour une ode à l’enfance, à l’émotion brute et aux désirs qui écorchent. Lulu ouvre en grand les fenêtres de son imaginaire pour en faire sa réalité. Un t-shirt sur la tête, il sera princesse à la longue chevelure, une serviette nouée à la taille, le voilà sirène. Au cœur de l’été, sous le soleil brûlant des jours qui s’étirent, les lignes bougent et tout se dessine en sourdine. Lulu perçoit le monde qui l’entoure, ressent les vagues qui se forment. Le crayonné de Quentin Zuttion, poétique et solaire, trace les contours d’une nouvelle histoire en train de s’écrire et c’est beau ♥

Les avis de Fanny, Mylène et Sabine