« Je dédie ce livre aux personnes qui ne savent pas et qui ne sauront sans doute jamais d’où elles viennent. »

Ceux qui ont lu Couleur de peau : miel savent bien les fantômes qui hantent l’auteur coréen adopté par une famille belge. C’est par le biais de la fiction qu’il a cette fois choisi de poursuivre sa quête identitaire mais le ton n’en est pas moins profondément intime et touchant. Bien au contraire…

Claire a quitté la Corée du Sud à l’âge de quatre ans et vit aujourd’hui en France avec sa famille. Embauchée la journée dans le restaurant coréen de ses parents, elle partage sa vie avec son petit ami avec qui elle projette d’avoir un bébé. Le futur s’écrit, doucement… jusqu’à cet accident de voiture un soir de pluie qui emporte sa mère et plonge son père dans le coma. Obligée de garder la tête froide malgré la douleur, Claire prend son petit frère sous son aile et se lance dans le tri des affaires de sa mère. Au milieu des cartons à souvenirs, une boîte, différente des autres, renferme le plus lourd des secrets… Un secret qui la mènera à Séoul, à la recherche de ses racines…

C’était donc ça, ton secret… Pourquoi ne me l’as-tu pas dit avant ? Crois-tu que je t’en aurais voulu ? Penses-tu que je t’aurais moins aimée ? … Maintenant que tu es morte, je ne sais pas ce que je dois faire avec tout ça… Tu m’as laissé une boîte de pandore, maman. Je me sens triste, trahie, en colère contre toi. Je ne sais pas si je pourrais un jour te pardonner…

J’ignorais tout de l’existence des « boîtes à bébés » à Séoul. Des boîtes encastrées dans un mur où les parents qui ne peuvent ou ne veulent pas s’occuper de leurs nouveaux-nés les déposent de façon anonyme. Parmi eux, beaucoup d’enfants handicapés considérés comme une honte en Corée. A l’extérieur de ces boîtes, une lumière verte indiquant que la place est libre. A l’intérieur, un petit matelas, de la lumière et de l’oxygène. Dès la fermeture de la porte, une alarme se déclenche dans l’église et le nouveau-né est recueilli…

Claire est une de ces enfants, sauvée par le pasteur Isaac puis confiée à l’adoption. C’est à la mort de sa mère qu’elle découvre par hasard qu’elle a été abandonnée à la naissance puis adoptée, un secret qui ne lui aurait peut-être jamais été révélé. Son voyage sur les traces de son passé fait écho à la quête personnelle de l’auteur, lui qui s’est rendu si tard dans le pays qui l’a vu naitre.

Visuellement, c’est somptueux. Un noir et blanc profond et sensible tout en nuances, une palette infinie de gris… et ce rouge, comme un repère, qui guide le lecteur au travers des planches. La chevelure vive de Claire, les coquelicots des souvenirs d’enfance, la douleur lancinante du deuil, la vie qui bat. Un choix graphique aussi simple que poétique qui rend le récit d’autant plus émouvant. Tout est là….

A noter aussi la très belle réalisation de l’album. Couverture épaisse, dos toilé… l’écrin est à la hauteur du bijou qu’il renferme. Un bijou que je ne peux que vous encourager à découvrir au plus vite ♥

 

De Jung, sur le blog : Couleur de peau : miel Tome 1Couleur de peau : miel Tome 2

Éditions Soleil (Octobre 2018)

Collection Noctambule

156 p.

 

Prix : 19,99 €

ISBN : 978-2-302-07118-6

 

By Hérisson

 

BD de la semaine saumon

… chez Moka


17 commentaires

Madame · 17 octobre 2018 à 08h22

Je ne connaissais pas non plus les boites à bébé, quelle horreur… très envie de lire ce titre.

Syl. · 17 octobre 2018 à 08h37

Ah oui, Noukette… la planche que tu nous proposes est très belle !
Album noté.

Mylene · 17 octobre 2018 à 09h29

ce que tu en dis me tente bien, à voir si je la croise !

Soukee · 17 octobre 2018 à 09h41

Un sujet fort et un dessin qui a l’air très beau… Je note. Merci ! 🙂

Alex-Mot-à-Mots · 17 octobre 2018 à 09h59

A une époque pas si lointaine chez nous, on les déposait sur les marches des églises….

Brize · 17 octobre 2018 à 13h48

Beaucoup d’atouts pour cet album, que je ne manquerai pas d’aller feuilleter en librairie !

Moka · 17 octobre 2018 à 15h57

Les thèmes sont toujours les mêmes avec Jung mais à chaque fois c’est un délice.

Sandrine · 17 octobre 2018 à 17h31

J’ai déjà vu des reportages sur ce thème mais l’approfondir grâce à une BD peut être une bonne idée.

Saxaoul · 17 octobre 2018 à 19h08

Déposer son bébé dans une boite dédiée à coté d’une église est une pratique très ancienne mais je ne savais pas que cela se faisait toujours dans certains pays et de manière aussi moderne.

Caro · 17 octobre 2018 à 22h23

Je ne savais pas que Jung avait sorti un nouvel album récemment. Rien que pour ça, je note !

Blandine · 18 octobre 2018 à 08h11

Le sujet, les planches et ce que tu en dis ne peuvent que me tenter.

sabine · 18 octobre 2018 à 11h35

Quand Noukette me fait BOUM BOUM !!!!!!! Tu es un amour !

titoulematou · 21 octobre 2018 à 13h41

je n’ai pas aimé ‘ couleur miel  » mais celuici me tente!!!

Fanny · 22 octobre 2018 à 09h11

J’avais adoré Couleur miel, un vrai bijou! Et celui-ci me semble être du même acabit.

nathaliesci · 22 octobre 2018 à 15h01

Couleur de peau, miel, m’avait beaucoup touchée ! Nul doute que je lirai celle-ci.

Amandine · 23 octobre 2018 à 11h54

Il est terriblement tentant!

Babybox (Jung) – Bar à BD · 27 mai 2019 à 00h31

[…] La chronique de Noukette. […]

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