Los Angeles, 1936. Maximus Ohanzee Wildhorse a 15 ans quand il rencontre Cary Grant dans la salle de boxe où il s’entraîne. Avec sa peau cuivrée et son profil racé, l’adolescent capte tous les regards. L’acteur ne s’y trompe pas et décèle très vite en lui un potentiel de star. Pour Hollywood, il deviendra Maximus Wyld, « l’acteur aux mille visages ». Grâce à ses origines métissées, il devient un habitué des rôles ethniques. Tour à tour chef indien, dandy oriental, révolutionnaire mexicain, esclave ou danseur Noir, vous auriez pu l’apercevoir dans de grands classiques du cinéma comme Autant en emporte le vent, Vertigo, Rebecca ou Le faucon maltais. Pourtant, aucun générique ne mentionne son nom…

Maximus Wyld. Un acteur avec une si grande filmographie devenu la coqueluche du cinéma des années 1940 et 50, j’avoue, j’ai cherché. Et je n’ai rien trouvé. Et pour cause, Maximus Wyld est un personnage de fiction, il n’a jamais existé. Autant j’étais fascinée par un tel destin pendant ma lecture, autant j’ai applaudi des deux mains quand j’ai compris le projet de Loo Hui Phang : pénétrer les rouages de la machine à rêves et donner corps aux invisibles. A lui seul Maximus Wyld est tout un symbole. Et le mythe du cinéma américain en prend un coup… Fabrication de stars, instrumentalisation des minorités dans un contexte encore très ségrégationniste, on montre au spectateur ce qu’il veut voir, quitte à grimer les acteurs de façon outrancière ou même à leur refaire le portrait pour qu’ils collent aux canons de beauté attendus.

J’ai cru à Maximus Wyld. Quelle incroyable idée de scénario que celle qui a germé dans l’esprit de Loo Hui Phang ! Rendre visible ceux qui ne l’ont jamais été. Montrer à quel point la « représentation » des minorités à l’écran a été un enjeu politique et social majeur dans les productions hollywoodiennes. C’est limpide et édifiant. Pour porter ce projet, un personnage solaire et magnétique qui évolue au milieu de stars du cinéma qui elles n’ont rien de fictionnel. Mais Maximus n’est pas dupe de la réalité qui se cache sous le vernis hollywoodien…

Le dessin de Hugues Micol m’a d’abord complètement désarçonnée. J’ai fini par me perdre dans ce noir et blanc tortueux, inventif et agité. C’est dense, parfois très onirique, un graphisme qui ne peut laisser indifférent et qui accentue davantage encore le message de Loo Hui Phang. A lire aussi, la préface très éclairante de Raoul Peck. Un album incroyable qui a logiquement décroché le Prix René Goscinny du scénario 2021 au festival d’Angoulême. A découvrir d’urgence !

Éditions Futuropolis (Août 2020)

197 p.

 

Prix : 28,00 €

ISBN : 978-2-7548-2804-8

 

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Maël


15 commentaires

Amandine Au Fil des Plumes · 3 février 2021 à 11h39

Ce n’est pas du tout mon genre. Je passe mon tour sans regret.

Blandine · 3 février 2021 à 13h07

Tu me rends vraiment curieuse! Mais je redoute un peu le dessin…

eimelle · 3 février 2021 à 15h10

l’idée de ce personnage plus vrai que nature est vraiment très sympa!

Hilde · 3 février 2021 à 17h59

J’aimerais bien découvrir. Le scénario me plaît. J’imagine que sous le vernis, ça doit être assez révoltant.

PatiVore · 3 février 2021 à 18h12

Ouah, cette idée est énorme et les dessins que tu montres sont grandioses, je note !

Caro · 3 février 2021 à 22h04

L’idée est en effet très bonne ! Graphiquement ça a l’air dense, en effet. Pourquoi ne pas tenter?

Fanny · 6 février 2021 à 09h11

Ah Loo Hui Phang… je l’ai adoré dans Les Enfants Pâles. Nul doute que celui-ci me plairait aussi.

Brize · 6 février 2021 à 11h57

Un album intéressant, aucun doute là-dessus !

Natiora · 6 février 2021 à 13h56

En commençant à te lire j’ai cherché le nom dans Google Images, pour visualiser de qui on parlait… C’est intelligent de traiter le sujet de cette façon, tu me donnes envie d’aller mettre le nez dedans.

Mylene · 7 février 2021 à 08h03

Je passe mon tour aussi, pas du tout tentée hihihihi

Mylene · 7 février 2021 à 08h04

Je passe mon tour aussi, pas du tout tentée malgré ce que tu en dis… hihihihi

Alice · 9 février 2021 à 22h26

Je n’y serais pas allée comme ça, mais après t’avoir lu, comment faire l’impasse ?

Jérôme · 10 février 2021 à 14h47

Le cinéma hollywoodien de l’après-guerre c’est vraiment pas mon truc. Je passe sans regret du coup.

Nathalie · 14 mars 2021 à 16h48

Pourquoi pas ? Tu le vends bien ! Même si je ne suis pas sûre que le dessin me plaise…

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