Chute de vélo – Etienne Davodeau

Nouvelle incursion dans l’univers d’Etienne Davodeau après le superbe Lulu femme nue. Dès les premières planches, je me suis sentie chez moi, comme en famille…

C’est l’été, il fait chaud, et les enfants à l’arrière de la voiture s’impatientent. A l’arrivée, un petit village et une vieille maison de famille visiblement laissée à l’abandon. Pendant que les enfants se défoulent dans le jardin en friche et jouent les petits curieux en observant en douce le chantier de la maison d’en face, Jeanne et son mari Clément font le tour du propriétaire. Au même moment, Simon, le frère de Jeanne, passe récupérer sa mère dans l’hôpital ou elle vit désormais, Irène est âgée et dépendante, visiblement atteinte de la maladie d’Alzheimer. Quand elle arrive, elle ne reconnaît pas ses enfants, ses petits-enfants, ni même cette maison qu’elle trouve si belle et qui est pourtant la sienne. Une maison qu’elle n’habite plus depuis des années et où elle vient passer, sans le savoir, quelques derniers jours en famille avant sa mise en vente. Une maison pleine de souvenirs qu’elle n’a plus et qui raisonne temporairement de rires et de cris d’enfants et où seul manque à l’appel Arnaud, son fils qui a coupé les ponts. Une maison où tout le monde s’active : il s’agit de tout remettre en état, et il y a fort à faire, alors chacun met la main à la pâte, y compris Toussaint, l’ami de la famille, qui vient planter sa tente dans le jardin, Toussaint l’ami qu’on aide depuis des années, l’ami discret et prévenant prêt à tout pour aider à son tour…

Encore une bien belle découverte ! J’ai retrouvé avec plaisir le dessin d’Etienne Davodeau qui retranscrit à merveille le quotidien, car c’est bien de cela qu’il s’agit encore ici : un quotidien fait de petits riens, de petits plaisirs, de grandes douleurs, de non-dits, de vieilles rancunes, de secrets… Il en faut du talent pour dire avec autant de simplicité et de justesse à la fois la légèreté et la gravité de la vie. Il y a tout cela et bien plus encore dans cet album, petit à petit on assemble les pièces du puzzle, petit à petit les personnages se dévoilent avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs blessures, leur lâcheté, leur culpabilité qui les ronge, leur humanité en somme… J’ai particulièrement aimé le personnage de Toussaint, ce personnage abîmé par la vie qui joue les anges gardiens, je l’ai trouvé touchant.

Un récit doux-amer à découvrir d’urgence, moi, j’ai adoré…!

Lue et conseillée par Mango, Mo, Kathel, A propos de livres, Sandrine, Choco, Canel, Yaneck, Violette…

© Davodeau / Dupuis

Éditions Dupuis (Avril 2004)

Collection Aire Libre

80 p.

C’était ma !

Chez Mango et chez les autres !

Participation au challenge Pal sèches

organisé par Mo’ la fée

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