Elle est là, tapie au fond de lui. Elle ne demande qu’à sortir. Il suffirait de pas grand chose d’ailleurs, depuis le temps qu’elle se retient. Parfois, elle s’endort, ou alors elle fait semblant, c’est parfois mieux de faire semblant, ça évite les ennuis. La plupart du temps, elle est en embuscade, prête à jaillir. Et de temps en temps, elle explose, même si elle reste contrôlée, même s’il reste des garde-fous pour la contenir…

Quentin a 17 ans et se bat régulièrement dans un « Fight Club ». Là, sur le ring improvisé, au milieu des cris et des encouragements, il cogne. A coups de poings, il libère toute la violence et la colère qu’il essaye tant bien que mal d’anesthésier dans la « vraie vie ». Il y a des règles, il les respecte. Son père lui, n’en a pas. Pas d’état d’âme non plus quand il laisse pleuvoir les coups sur sa mère ou qu’il le brutalise ou le rabaisse.

Cette violence qu’il a en lui, qu’est-ce qu’il peut y faire ? Rien peut-être… Et qui sait, peut-être que lui aussi il deviendra un père et un mari violent, le méchant de l’histoire, de ceux qui risquent de finir dans les pages des faits divers. Est-ce qu’il a le choix…?

Hier, j’ai souligné une phrase dans le livre. J’ai corné la page pour la retrouver. Parce que c’est ça pour moi, le Fight Club : « Rien n’était résolu quand le combat était fini. Mais plus rien n’avait d’importance. » Et là, au milieu d’une trentaine de mecs qui hurlent, je suis à deux doigts de prendre ma dose de dope. Une injection dans les veines qui me fera oublier la merde dans laquelle je patauge.

Nouveau titre découvert dans cette collection qu’on peut lire avec les yeux ou avec les oreilles et c’est à nouveau une très bonne pioche. Le ton est juste, les émotions ressenties par le narrateur nous attrapent, tout comme son combat contre cette violence qu’il pense ancrée en lui. Et c’est ce combat finalement qui sera le plus difficile à vivre, plus encore que la violence subie. Sortir de cette fatalité, comprendre qu’il est encore possible de rebattre les cartes, que rien n’est joué. Qu’on peut grandir au milieu de la tempête et porter en soi des accalmies salutaires, qu’on a peut-être même le pouvoir de changer l’avenir. Même un tout petit peu.

Un texte court qui frappe fort et résonne longtemps, le genre d’histoire qui fait bien souvent écho chez mes grands ados à qui je vais m’empresser de glisser ce livre entre les mains. Une lecture que j’ai pris grand plaisir à partager avec Jérôme, il était plus que temps que l’on reparle ici de nos pépites !

L’avis de Petite Noisette

Fight ! de Jean Tévélis
Éditions Magnard jeunesse – Collection La Brève (Juin 2022)
80 p. / 8,90 € / ISBN : 978-2-210-97594-1

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1 commentaire

gambadou · 9 novembre 2022 à 16h29

Des textes forts dans cette collection

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