« Personne ne connaît le mode d’emploi de la vie. Tout le monde tâtonne dans le noir. »
Je ne pensais pas lire cet album un jour malgré son titre prestigieux obtenu au dernier festival d’Angoulême. Pourtant le passé m’a souvent conforté dans l’idée que je faisais bien parfois de sortir de ma zone de confort. Je savais que j’allais lire un OVNI, un véritable objet littéraire, un roman graphique plus qu’original qui construit et déconstruit le temps. Je savais que j’allais au devant d’une expérience de lecture unique. Ce que je ne savais pas par contre c’est que j’allais lire un album qui ferait date dans mon aventure personnelle…
Ici raconte l’histoire d’un lieu. Une pièce. Un salon. Une cheminée, une fenêtre par laquelle passe la lumière du jour, une vision fugitive sur un jardin. Un salon en plan fixe qui raconte l’histoire plurielle et sans cesse en mouvement des êtres qui ont habité cette maison à travers les siècles. Des hommes et des femmes qui se croisent, vivent ensemble, s’aiment et se désaiment. Une succession de scènes quotidiennes, souvent anodines et pourtant ancrées dans une histoire dont les racines s’enfoncent profondément dans cette terre témoin de tant de matins. Dans cet espace limité, les existences se mêlent, s’emmêlent, s’entrechoquent et entrent en résonance, avant d’être éclipsées par de nouvelles vies qui seront à leur tour dissoutes dans l’oubli…
Quelle vertigineuse expérience de lecture..! Richard McGuire casse tous les codes de la bande dessinée et réinvente la narration. Son histoire s’étale sur des siècles, que dis-je, sur des milliards d’années, allant de l’apparition de la vie sur Terre jusqu’à un futur plus ou moins lointain. Sur chaque double page, une scène, une date, parfois même d’autres cases représentant d’autres scènes ayant eu lieu ici à une autre époque… Un patchwork étonnant qui étire le temps et lui donne une autre dimension. Les épisodes se font écho au travers des siècles, se réfléchissent, se télescopent et finissent par dessiner une fabuleuse histoire familiale… et mondiale. Et la boucle est bouclée…
Un grand merci à Mo’ pour ce cadeau ô combien précieux qui a désormais une place de choix dans ma bibliothèque… ♥
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Éditions Gallimard (Janvier 2015)
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Isabelle Troin
320 p.
Prix : 29,00 €
ISBN : 978-2-07-065244-0
C’était ma BD de la semaine…
…aujourd’hui chez moi !
La BD de la semaine c’est aussi chez…
Saxaoul Nathalie Maël Blandine
Jérôme Karine Sabine Jacques
Mylène Gambadou Caro Marguerite
17 commentaires
Marguerite · 14 décembre 2016 à 04h33
J’avais envie de le commander immédiatement après avoir lu ton billet ou du moins, le réserver à ma bibliothèque. Il ne semble pas disponible par chez moi. Aucune des librairies ne semble l’avoir… Dommage. Ton billet est très tentant !
Ma participation de la semaine : http://lecturesdemarguerite.blogspot.ca/2016/12/groenland-manhattan-chloe-cruchaudet.html
Mo · 14 décembre 2016 à 07h02
Je suis contente d’avoir pris le « risque » (je ne trouve pas d’autres termes) de te l’offrir. Et ravie que tu aies envie de faire le « grand saut » ^^ C’est vrai que quand on feuillète l’album, l’histoire semble nébuleuse, alambiquée. Et puis tu vois, on s’installe vite dans cette maison. Je trouve ces mouvements passé-présent, et ces superpositions d’instants, fascinants.
Il me semble que tu as lu tout ce que je t’avais offert. Contente d’avoir glissé ces albums-là entre tes mains (parce que « Jane, le renard et moi » tu avais bien aimé aussi). Je prévois une nouvelle sélection… viiite ^^ 😉 <3
keisha · 14 décembre 2016 à 07h51
Lu (sans billet) mais je devrais bien le réemprunter pour revoir les détails, tiens.
Saxaoul · 14 décembre 2016 à 09h00
L’idée de départ me plaît beaucoup.Par contre, je ne serais pas allée de moi-même vers ce livre car la première de couverture ne m’attire pas vraiment.
sabine · 14 décembre 2016 à 09h29
@ Lasardine, je ne connais pas Rebaté, mais cet album me semble une belle occasion de le découvrir!
lasardine · 16 décembre 2016 à 14h24
ce n’est pas celui par lequel je te conseillerais de découvrir l’auteur, attends peut-être que la suite sorte? mais Rabaté est à lire, c’est incontournable!
sabine · 14 décembre 2016 à 09h42
Voilà un album qui semble tout bonnement incroyable! Ton billet m’intrigue et attise furieusement mon envie de découvrir ce qui me semble une pépite.
Jerome · 14 décembre 2016 à 13h05
Pas certain de me laisser emporter autant que Mo et toi, ça a quand même l’air très expérimental…
Marie-Claude · 14 décembre 2016 à 15h07
Une expérience de lecture qui m’a laissée sans voix. Et quelle charge émotive dégagée par ce roman graphique… Très fort.
luocine · 14 décembre 2016 à 16h26
l’idée est géniale mais je crains de me perdre dans la narration surtout que je manque de culture en matière de BD
Mylene · 14 décembre 2016 à 16h41
+1 avec Jérôme, je suis un peu dubitative 😛
gambadou · 14 décembre 2016 à 19h01
Etonnant en effet ! Merci d’avoir été chercher mon lien, j’ai encore zappé !
Blandine (Vivrelivre) · 14 décembre 2016 à 19h46
Oh comme j’aime le thème! Tu me donnes vraiment très envie de découvrir cette BD.
Son procédé (me) fait fortement écho à un album de Roberto Innocenti (;-) ) appelé La Maison. Personnage principal de l’histoire, on voit ses changements sur un siècle: http://vivrelivre19.over-blog.com/2016/04/la-maison-j-patrick-lewis-et-roberto-innocenti-des-5-ans.html
Mais comme Saxaoul, la couverture ne m’attire à présent que parce que j’ai lu ton billet.
A_girl_from_earth · 14 décembre 2016 à 19h53
Déjà j’aime beaucoup la citation, et le côté expérimental me séduit beaucoup.:-) Au détour d’une bib’, je l’embarquerai sûrement.
framboise · 14 décembre 2016 à 21h38
Me le prendrai à Angoulême, comment résister après vos billets, bande de canailles !
lasardine · 16 décembre 2016 à 14h25
waw!! le moins que l’on puisse dire c’est que tu le vends drôlement bien! pourtant, je ne suis pas sûre d’accrocher autant… je le garde tout de même dans un coin de ma tête!
Moka · 20 décembre 2016 à 12h54
Acheté lors de sa victoire. Je le lirai avant notre Angoulême. <3