Je n’avais pas voulu lire Catharsis de Luz… Un peu pour les mêmes raisons, j’ai longtemps hésité à lire le témoignage intime de Catherine Meurisse. J’admire et je comprends la démarche. Cette nécessité de dire l’indicible par les bulles, l’humour et l’émotion. Une thérapie nécessaire, un exutoire… pour tenter d’accueillir l’avenir avec sérénité, pour faire la place au beau, au douillet, au rassurant. J’admire la démarche et pourtant j’ai la sensation désagréable et troublante d’être de trop…
On a tous notre histoire avec « Charlie ». On sait tous ce qu’on faisait ce fameux 7 janvier 2015 quand on a appris la tragédie. Ce violent coup de poing dans le ventre, cet état de sidération, cette douleur lancinante. Un pays anesthésié, silencieux, au moins pour un temps. A chacun sa façon de se reconstruire et de vivre « après ça »…
Après ça… Les survivants de Charlie ont eu besoin de temps. Cet impossible travail de deuil. Cette survie obligatoire. On fait comment ? Catherine Meurisse déroule le fil de ce long chemin vers le retour à la vie. Avec une vraie pudeur et un profond respect pour ses amis qui ont perdu la leur… La blessure est encore suintante et le témoignage est fort, oui. Fort parce qu’évidemment intime et personnel…
Je ne saurais dire si j’ai aimé ou non cette mise à nu. La question n’est peut-être pas là d’ailleurs… Mais je ne suis pas certaine d’y avoir trouvé ma place. J’ai marché aux côtés de Catherine Meurisse sur la plage, ressenti profondément ce besoin de se ressourcer dans le silence, l’art et le beau, admiré ce sursaut de vie et cette volonté farouche de continuer à aimer, à rire, à dessiner… sans être pour autant aussi émue ou touchée que l’on pourrait l’être. Oui, je me suis sentie de trop. Illégitime à ressentir cette douleur là…
Reste ce témoignage. A la fois violent et d’une incroyable légèreté… Un témoignage qui ne manquera pas de susciter l’admiration, le respect, l’interrogation, le malaise ou le trouble… Parfois tout ça à la fois. Une lecture qui ne peut laisser indifférent et que je partage avec Mo’ qui elle aura sûrement pu trouver les mots…!
Les avis de Nicole, Tamara, Yvan
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Éditions Dargaud (Avril 2016)
133 p.
Prix : 19,99 €
ISBN : 978-2-205-07566-3
C’était ma BD de la semaine…
…aujourd’hui chez Jacques
17 commentaires
framboise · 25 mai 2016 à 00h32
être de trop, oui, dans ce récit intime… et pourtant comment se raconter et témoigner sans se mettre à nu ? Bref, je l’ai, je vais voir 😉 me demande si la douleur n’est pas encore trop forte aujourd’hui ? Me demande aussi ce qui restera d’un écrit comme celui-ci dans des années (uhhhhhhhhhhhhhhh g le cerveau qui frise moa au beau milieu de la nuit ! Vais me coucher, tiens, c’est plus sûr )
Et puisqu’on est la nuit, je t’embrasse jusqu’aux étoiles copine <3
Mo · 25 mai 2016 à 07h51
Je comprends tout à fait tes appréhensions et ton ressenti Noukette. C’est d’ailleurs cette impression d’intrusion l’intimité d’un auteur que j’avais ressentie en lisant l’album de Luz. J’ai trouvé que l’album de Meurisse avait plus de pudeur. Et si on la sent elle aussi sur le fil, il y a des choses qu’elle ne dévoile quand même pas. Bien aimé, pas autant que j’aurai voulu mais bien aimé
Et merci Madame, de m’avoir accompagnée. J’ai senti qu’il fallait que je revienne à la charge sinon, on aurait laissé filer et je me serais retrouvée à le lire seule 😛
(gniarf gniarf)
luocine · 25 mai 2016 à 08h15
Comme à chaque fois qu’on a mal on a envie de dire « Chut! . On est là » , mais je comprends que cette femme essaie de le dessiner .
keisha · 25 mai 2016 à 08h33
On verra si je le trouve à la bibli. Je suis allée voir sur wikipedia qui elle est, etc, parce que, désolée, je ne connais pas tout non plus. ^_^
L'Irrégulière · 25 mai 2016 à 08h38
Il me tente assez…
jacques · 25 mai 2016 à 08h50
Merci Noukette,
Je fais un blocage sur « Catharsis », « la légèreté ». trop intime, trop personnel, je ne sais pas…
Yaneck · 25 mai 2016 à 09h30
J’ai préféré Catharsis. Il met la barre très très haut, je n’avais pas envie de lire un autre témoignage ensuite. Je l’ai fait, et du coup, je suis resté relativement en dehors… Mais j’y reviendrai, sans nul doute.
lasardine · 25 mai 2016 à 11h37
je n’ai pas voulu non plus lire l’album de Luz, et j’avoue que pour celui ci, je m’en approche à petits pas, mais pas encore suffisamment pour le sauter, le pas
merci pour ce billet!
Jerome · 25 mai 2016 à 12h49
Je comprends ta sensation d’être de trop, je crois que j’aurais ressenti la même chose.
krol · 25 mai 2016 à 15h55
Je te comprends complètement, c’est pour les mêmes raisons que je n’ai pas voulu lire Catharsis… Et pourtant celui-ci me tente davantage, je ne sais trop pourquoi.
sabine · 25 mai 2016 à 15h57
je me suis posée la question de cette lecture notamment parce que j’en aimé le titre et le graphisme, mais je pense que ce n’est pas encore le moment.
Sophie Hérisson · 25 mai 2016 à 18h32
Je ne suis pas fan, en général, des mises à nue…
Yvan · 25 mai 2016 à 18h46
J’ai adoré « Catharsis », mais j’ai également fait un blocage sur « la légèreté ». Peut-être parce que je n’ai pas le même rapport à l’art et à la beauté que l’auteure…
gambadou · 25 mai 2016 à 21h47
Je l’avais vu à la grande librairie et il me faisait très envie. Je le note
Marion · 29 mai 2016 à 09h03
Je la lirai, mais pas tout de suite.
Et il faut le dire, la couverture est superbe !
StartingBooks · 30 mai 2016 à 11h22
La couverture m’attire à chaque fois que je la croise, mais je pense que je ne le lirai pas, pas maintenant en tout cas, par peur de me sentir, comme vous, illégitime, de trop… Malgré tout, très bel article, où l’on ressent parfaitement ce que vous avez pu vivre à la lecture de ce témoignage !
La Légèreté (Meurisse) – Bar à BD · 25 mai 2016 à 07h41
[…] Une lecture que je partage avec Noukette ! […]