Je l’avoue sans honte… je n’avais pas aimé La route lu il y a maintenant plus d’une dizaine d’années. Le roman n’était peut-être pas celui que j’attendais, ou alors justement j’en attendais trop. Dans mes souvenirs, j’avais trouvé cette lecture longue, pesante. Trop répétitive, trop monotone. Et oui, avec le recul, elle l’était, c’était ce qu’elle devait être. Une chose est sûre, j’étais passée totalement à côté du chef d’œuvre de Cormac McCarthy. L’adaptation cinématographique m’a plu davantage. Mais cette bande dessinée… là, vraiment on atteint des sommets.

Manu Larcenet a fait de ce roman exactement ce que j’aurais voulu lire. Il a fait des choix, a centré sa narration sur les temps de rencontre, sur cet incroyable duo père-fils, sur la survie dans ce qu’elle a d’essentiel dans un monde dévasté qui a sombré dans le chaos…

Et là, j’ai vu… j’ai senti… Cette route couverte de cendres et de cadavres. Ce dénuement total et cette fatigue tellement extrême que chaque pas coûte plus que le précédent. J’ai ressenti le froid, la pluie, la faim qui tenaille les entrailles. La peur de croiser les « méchants », ceux qui volent, qui pillent et qui mangent leurs congénères. La folie qui guette. Et cette absence totale d’espoir de trouver au bout du chemin une quelconque porte de sortie. J’ai suivi ce père et ce fils dans leur errance sans autre but que de tenter de survivre un jour de plus. Vers le sud, toujours vers le sud. Là-bas il y aura la mer tu verras… bleue, si bleue.

Oui, l’apocalypse a eu lieu et ce n’est pas beau à voir. Sauf dans les yeux de Manu Larcenet. C’est une œuvre magistrale et c’est peu de le dire. De celles qui marquent durablement. La lecture est oppressante, éprouvante et pourtant, tout est saisissant de « beauté », à commencer par les silences magnifiés par un noir et blanc intense et plus d’une dizaine de nuances de gris. Tout est rendu à la perfection, tout fait sens, rien n’est superflu. Une vraie leçon et un immense coup de cœur ♥

Les avis de Antigone, Enna, Moka, Philisine et Violette.

La route de Manu Larcenet d’après l’œuvre de Cormac McCarthy
Éditions Dargaud (Mars 2024)
155 p. / 29,95 € / ISBN : 978-2-205-20815-3

Aujourd’hui, la bande de la BD de la semaine s’est plongé dans des adaptations littéraires.

Suivez les liens pour découvrir les lectures de…

   

Moka                                          Eimelle                                          Nath

 

   

Natiora                                         Enna                                           Antigone

 

   

Pati                                        Mylène                                   Fanny


10 commentaires

Antigone · 24 septembre 2025 à 08h33

Mais oui, j’ai adoré cet album qui est parfait ! C’était ma première approche de mon côté. Je n’ai pas lu le roman.

Eimelle · 24 septembre 2025 à 18h49

Je n’ai toujours pas lu le roman. Du coup la BD me tente bien !

Enna · 24 septembre 2025 à 21h29

Quel album!! J’adore Manu Larcenet et il a parfaitement rendu ce roman comme il a su aussi adapter « Le rapport de Brodeck ». Il est sombre mais tellement fort!

Alex-Mot-à-Mots · 25 septembre 2025 à 13h18

Une lecture éprouvante, plus que celle du roman.

Virginie Vertigo · 25 septembre 2025 à 21h10

Ce livre était fait pour Manu Larcenet, mieux que ça, il en a fait une œuvre propre. Je l’ai lu cet été et j’ai été éblouie par son travail.

Mylene · 30 septembre 2025 à 06h09

bon bon bon ben dans la liste d’envie et plus vite que ça 😀 (jamais lu le roman par contre moi 😀 )

Philisine Cave · 4 octobre 2025 à 21h18

Bravo pour ce beau billet. Merci pour le lien. Je suis ravie que tu aies aussi apprécié cette lecture.

Fanny · 17 octobre 2025 à 15h46

Manu Larcenet a de l’or au bout des doigts!
Il faut que je lise cette adaptation.

Violette · 18 octobre 2025 à 17h51

J’ai apprécié la qualité du roman mais j’ai trouvé l’atmosphère tellement oppressante que je l’ai détesté aussi. Dans cette BD, c’est autre chose, il y a le génie et la poésie de Larcenet qui magnifient le tout.

Gambadou · 20 octobre 2025 à 15h04

Tout à fait d’accord, j’ai préféré la BD au roman, même si les deux sont très plombant.

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