Avant, je ne faisais pas attention. Puis, un jour, on s’est arrêtés là, à l’endroit où le boulevard Dugommier se jette dans la Canebière, comme une rivière. On s’est arrêtés et Papi m’a dit :
– Regarde un peu les gens.
Sur le moment, je n’ai pas compris. Je voyais juste du monde qui allait, venait, se croisait. Puis j’ai compris qu’il voulait que je regarde chaque personne. Ça m’a donné un peu le vertige.
– Regarde les gens, regarde bien ! On est tous embarqués dans cette ville comme sur un cargo. Mais il n’y a pas deux matelots pareils.
Je me suis alors mis à observer. Ce jour-là, on est bien restés une heure , appuyés à une barrière, à voir passer le monde.
Marseille et sa vie tourbillonnante. Marseille qui ne dort jamais. Jules, dix ans, y vit seul avec sa mère, il n’a jamais connu son père, parti avant sa naissance. Mais à vrai dire, il s’en fiche un peu. Dans sa vie à lui, il y a son Papi Marcel chez qui il passe tous ses mercredis pendant que sa maman travaille. Et chez Papi Marcel, interdiction formelle de s’ennuyer, c’est même la règle numéro un. On éteint les écrans, on regarde les vieux albums photos, on joue aux dames, on va au cinéma, on pêche, on cuisine. Parfois même on ne fait rien… et c’est très bien aussi.
Non, impossible de s’ennuyer chez Papi Marcel, près du vieux port où il habite, les rues résonnent joyeusement. Tous les jours, son meilleur ami Mohamed vient prendre le café avec lui, ces deux là, on dirait qu’ils se connaissent depuis toujours. Parfois ils se disputent mais ça ne dure jamais longtemps. Mais cette fois, Jules sent bien qu’il y a quelque chose de différent. Marcel et Mohamed semblent préoccupés et font des messes basses. On lui cache quelque chose, Jules en est certain. Avec l’aide de sa meilleure ami, le jeune garçon décide de mener l’enquête…
Dans les films, tous les indices mènent à la solution, qui tout à coup apparait évidente à l’enquêteur. Moi, je tourne en rond dans le brouillard. Je cherche un secret. Mais un secret, c’est inodore, incolore, ça n’a pas de forme. Enfin, si. Celui-ci à la forme de la terreur de Mohamed, des mensonges de Papi, de la colère de Djamel et d’une vieille photo, ma seule piste.
Quelle jolie balade que celle que nous propose Élisabeth Benoit-Morelli pour son premier roman jeunesse ! Et quel plaisir quand une blogueuse que l’on suit derrière le petit écran depuis des années se jette à l’eau avec autant de réussite ! Le cabas de Za, c’est elle. Une caverne d’Ali Baba qui fourmille de trouvailles pour petits et grands, il était logique qu’un jour elle passe de l’autre côté de la barrière, personnellement je m’en réjouis !
Il est frais et il fait du bien ce petit roman là ! Avec une Marseille plus vraie que nature en toile de fond, une belle relation entre un jeune garçon et son grand-père, un secret de famille qui, s’il est assez évident pour les adultes que nous sommes, se révèlera petit à petit aux yeux des petits lecteurs, des dialogues et une langue qui sonnent justes et un titre délicieux… Le couscous de Noël se savoure avec un sourire plaqué sur le visage. Parfaitement adapté à des petits lecteurs dès 8 ans, positif et divertissant, nul doute qu’ils se prendront au jeu de cette enquête familiale savoureuse et colorée au cœur de la cité phocéenne. Un joli coup d’essai pour Élisabeth Benoit-Morelli, j’attends le suivant 😉
Une lecture que je partage avec Jérôme, comme (presque) chaque mardi.
Éditions Magnard Jeunesse (Novembre 2019)
Collection Romans perles
112 p.
Illustrations de Youlie dessine
Prix : 10,90 €
ISBN : 978-2-210-96640-6
5 commentaires
keisha · 26 novembre 2019 à 08h45
Morelli, en rapport avec l’autre Morelli?
Alex-Mot-à-Mots · 26 novembre 2019 à 13h19
Une ville un brin enjolivée ?
JEROME · 26 novembre 2019 à 17h37
Pour une première c’est une belle réussite. Espérons que ce soit le début d’une belle carrière !
Za · 26 novembre 2019 à 18h09
Merci pour cette belle chronique qui donne vraiment envie de continuer 😉
Carotte · 27 novembre 2019 à 21h45
Je l’ai lu, je me suis régalée et je rejoins cette chronique sur quasiment tous les points ! Bravo Za 🙂