Les vacances se terminent, c’est le retour à la réalité pour Claire. Un quotidien morose et monotone, des parents accaparés par des soucis qui la dépassent qui lui accordent peu de temps. La jeune file a l’habitude d’être seule et un peu livrée à elle-même. Un petit tour dans le jardin, un trou dans la clôture et là voilà tout près de la décharge, un endroit jonché de détritus et d’objets en tous genres.
Et un jour, au beau milieu de ce tas d’immondices… un éclat. Celui produit par un morceau de miroir brisé, un miroir aux bords acérés à la forme d’une étoile. Un simple coup d’œil suffit à Claire pour se rendre compte qu’elle vient de faire une découverte exceptionnelle. Au lieu de refléter la réalité, le miroir lui renvoie une réalité déformée, embellie, rêvée. Dans le ciel grisâtre tourbillonnent des oiseaux fabuleux, sa maison devient un château somptueux tout droit sorti d’un conte de fées et dans sa chambre ravissante avec vue sur la mer son doudou fétiche s’est changé en tigre majestueux…
Je n’avais encore jamais lu Jonathan Coe. Et c’est par son tout premier roman à destination des plus jeunes que je pars à sa découverte. Un roman aux allures de conte moderne qui sort du lot, un roman au charme rétro qui relie de bien belle façon le monde des rêves et la triste réalité. Le miroir « magique », prisme déformant, permet à Claire de voir le monde tel qu’elle aimerait qu’il soit. Un monde rempli de couleurs, de joie, de féerie. Puis Claire grandit. Si son miroir continue de la suivre partout, il lui propose une réalité plus « probable », moins fantasmée : un physique moins ingrat, des parents qui continuent de s’aimer, un amoureux qui la voit enfin…
Le miroir brisé est un bien joli roman qui se dévoile petit à petit. Un conte aux multiples facettes qui parle de la difficulté de grandir, de la facilité à se réfugier dans ses rêves pour échapper à une réalité peu satisfaisante… quitte à s’y perdre parfois. Mais les rêves font du bien, ils aident à grandir, quoi qu’on en dise, à accepter un monde peut-être injuste et laid mais qu’on peut faire évoluer, peut-être, à condition de le vouloir très fort… Et finalement, ce miroir montre peut-être le monde tel qu’il devrait être, tout simplement.
En bonus, les superbes illustrations complètement fantasmagoriques de l’italienne Chiara Coccorese qui collent à merveille à ce monde à la frontière du rêve imaginé par l’auteur.
Un roman inattendu aux faux airs de conte de fées que Jonathan Coe considère comme « l’un de (ses) livres les plus politiques ». Et une très belle découverte que je partage avec Jérôme dans le cadre de notre petit rendez-vous « pépites jeunesse »…
Premières phrases : « Claire avait huit ans quand elle découvrit le miroir. Il pleuvait, ce jour-là. Pas une pluie battante, non, mais une pluie d’été, tiède, avec de grosses gouttes par-ci par-là, qui tombaient d’un ciel terne, gris ardoise. C’étaient les derniers jours des grandes vacances, et le temps venait tout juste de changer. Ils avaient eu de la chance, cette année ; le soleil avait brillé presque sans interruption pendant les deux semaines où ils étaient partis. Comme d’habitude, les parents de Claire avaient pris leurs vacances au pays de Galles, dans une petite maison qu’ils louaient, à quelques kilomètres de la mer. Ils étaient allés à la plage tous les jours et, pendant une courte période, Claire avait oublié la solitude qui l’habitait en permanence. »
Au hasard des pages : « Comment était-il possible que ce qu’elle voyait si nettement ne soit pas réel ? Comment se faisait-il que le miroir reflète des choses deux fois plus passionnantes et cent fois plus magiques que le quotidien prosaïque qui l’entourait de toutes pars ? Elle n’y comprenait rien. Tout ce qu’elle savait, c’est que le hasard venait de lui offrir un cadeau hors du commun, qui allait sûrement changer sa vie. » (p. 33)
Éditions Gallimard jeunesse (Février 2014)
112 p.
46 commentaires
Sandrine · 8 avril 2014 à 08h10
Encore une fois, j’ai envie de découvrir cet univers.
Je note.
Noukette · 16 avril 2014 à 10h32
C’est une très jolie histoire !
Krol · 8 avril 2014 à 08h56
Oh bah ça alors !!! Je ne savais pas que Jonathan Coe avait écrit pour la jeunesse… Les illustrations font vieillottes… Si le texte en est le reflet (ou l’inverse), ça ne me tente guère.
Noukette · 16 avril 2014 à 10h33
Non, le texte n’est pas vieillot du tout. Si tu aimes cet auteur tu devrais tenter le coup ! 😉
gambadou · 8 avril 2014 à 09h03
Je ne savais pas non plus que Jonhathan Coe écrivait pour la jeunesse. J’aime beaucoup sa plume, ça m’intéresse
Noukette · 16 avril 2014 à 10h33
Et moi comme je fais les choses à l’envers je le découvre seulement maintenant ! 😉
Sophie Hérisson · 8 avril 2014 à 09h05
Je n’avais pas du tout vu ce titre passé, merci beaucoup pour cette découverte, je suis sûre qu’il va me plaire!
Noukette · 16 avril 2014 à 10h34
J’en suis presque sûre moi aussi !
Gwenaelle · 8 avril 2014 à 09h17
L’illustratrice a l’air de s’être beaucoup amusée! Jérôme m’a déjà convaincue… Je vais encore être dans l’obligation de faire une suggestion à ma médiathèque! 😉
Noukette · 16 avril 2014 à 10h34
L’illustratrice a un univers foisonnant, on aime ou on déteste… Pour le coup, ça colle parfaitement au roman je trouve !
Jean-luc (de Moralotop) · 8 avril 2014 à 09h53
Tiens donc, voilà que Jonathan Coe s’intéresse à la jeunesse.
J’en étais resté à son « testament » (le titre exact m’échappe mais il y déroule une vision assez sévère et engagée de son pays dans les années 90).
Bon à savoir en tout cas !
Noukette · 16 avril 2014 à 10h35
Je crois que ce titre attend sagement sur mes étagères je crois, il va falloir que je m’y intéresse de plus près !
luocine · 8 avril 2014 à 11h27
ça me dit bien ce livre, je me dis que Coe doit bien savoir s’adresser à des enfants
Luocine
Noukette · 16 avril 2014 à 10h36
Je trouve ce petit roman vraiment réussi !
Lily · 8 avril 2014 à 12h12
Je n’ai pas encore lu Jonathan Coe non plus, ce n’est pourtant pas faute d’en avoir dans ma bibli ^_^
Déjà noté suite à l’avis de Jérôme, les illustrations sont tops – convaincue je suis 🙂
Noukette · 16 avril 2014 à 10h37
Ravie que l’on ait réussi à te convaincre ! 😉
jerome · 8 avril 2014 à 12h55
Encore ne jolie découverte qui change un peu de nos lectures habituelles je trouve. Et puis je ne pouvais pas ne pas découvrir le 1er roman jeunesse de cet auteur.
Noukette · 16 avril 2014 à 10h38
Une bien belle découverte oui ! Une lecture qui fait du bien et qui propose autre chose, ne boudons pas notre plaisir ! 😉
franfran · 8 avril 2014 à 13h10
me le commande fissa fissa ! te raconterai …
merci merci pour cette joie découverte …
t’embrasse fort ma copine et à vite
Noukette · 16 avril 2014 à 10h39
Tu pourras le faire lire aux nains bientôt, ils devraient aimer ! 😉
Anne · 8 avril 2014 à 16h27
Je ne suis pas fan du dessin… mais j’ai apprécié le roman !
Noukette · 16 avril 2014 à 10h39
Le dessin apporte un « plus » je trouve… et le roman est une jolie découverte !
saxaoul · 8 avril 2014 à 17h15
Vous m’avez convaincue tous les deux !
Noukette · 16 avril 2014 à 10h39
Chouette ! J’espère que tu aimeras !
Caro Bleue Violette · 8 avril 2014 à 18h04
Je trouve les illustrations très jolies, et le roman m’intrigue, je note !
Noukette · 16 avril 2014 à 10h40
Je découvre Coe avec son premier roman jeunesse et j’avoue que je suis conquise !
cathulu · 8 avril 2014 à 18h29
Une vraie découverte ce roman !
Noukette · 16 avril 2014 à 10h41
A lire alors !!
manU · 8 avril 2014 à 20h48
Je n’ai encore jamais lu cet auteur mais tout cela me semble très tentant.
Noukette · 16 avril 2014 à 10h41
Moi qui croyais être la seul à ne pas encore avoir ouvert un de ses romans ! 😉
Mélo · 8 avril 2014 à 21h57
Haaaaaa je l’avais vu il y a quelques semaines sur Amazon, j’ai cru que c’était un vieux titre que j’avais loupé, il me tente beaucoup je crois savoir ce que je vais faire de mon chèque cadeau.
Noukette · 16 avril 2014 à 10h42
Si tu aimes Coe il te faut ce titre !
Alex-Mot-à-Mots · 9 avril 2014 à 11h09
Un roman politique pour ados ? Pourquoi pas.
Noukette · 16 avril 2014 à 10h48
Politique mais pas que… C’est bien plus subtil que ça…! A découvrir !
Violette · 9 avril 2014 à 18h21
je viens de me laisser tenter chez Jérôme! A partir de quel âge ? (vu les images… Est-ce pour les très jeunes??)
Noukette · 16 avril 2014 à 10h56
Je dirais vers 10 ans et au delà… Après, tout dépend de la maturité de l’enfant…
Sous les galets · 12 avril 2014 à 10h51
Je l’ai noté chez Jérôme et je le remote chez toi…je plussoie Violette, Jérôme disait une dizaine d’années, mais le langage me paraît très soutenu non ? (le terme de « prosaïque » me fait dire cela)
Noukette · 16 avril 2014 à 11h08
Non, je pense que c’est un roman qu’on peut lire en fin d’élémentaire début de collège. Mon fils est un peu trop jeune mais je le met de côté pour lui ! 😉
Géraldine · 12 avril 2014 à 20h40
Un auteur sur lequel je devrais aussi me pencher. Par contre, j’ai vraiment du mal à me diriger vers les romans destinés aux plus jeunes. Il me faut donc trouver le titre idéal !
Noukette · 16 avril 2014 à 11h10
Tu n’as que l’embarras du choix avec cet auteur ! 😉
Liliba · 13 avril 2014 à 15h31
Je le veux !!!!! Et ça devrait bien plaire à ma louloute aussi… (la bonne excuse pour craquer !!!)
Noukette · 16 avril 2014 à 11h13
Avec ou sans bonne excuse… tu peux craquer oui ! 😉
Cess · 14 avril 2014 à 14h30
Je note, je n’ai jamais lu cet auteur mais je commencerais bien par un jeunesse ! 🙂
Noukette · 16 avril 2014 à 11h14
Tu es comme moi, tu ne fais rien comme tout le monde ! 😉
Hilde · 21 avril 2014 à 21h48
Je l’ai feuilleté et j’avoue qu’il me tente de plus en plus. Au départ, j’ai juste été un peu surprise par les illustrations.
Noukette · 24 avril 2014 à 23h14
Les illustrations sont particulières c’est vrai, on aime ou on déteste !