A la lueur d’une flamme vacillante, Darrell Standing écrit et se raconte. Dans sa geôle sombre, résigné mais l’esprit sans cesse en éveil, l’ancien ingénieur agronome en est à compter les jours qui le séparent de la peine de mort. Condamné pour meurtre, Darrell sait pourquoi il croupit dans cette cellule de la prison d’État de Californie. Mais il ne mérite pas de se balancer au bout d’une corde. Poussé dans ses retranchements par une administration pénitentiaire obtus, violente et inefficace, accusé à tort d’avoir fomenté une mutinerie et une tentative d’évasion, Darrell oppose à ses tortionnaires une force de caractère et une volonté sans faille. Une façon comme une autre de ne pas s’oublier.

L’esprit rebelle, manifestant ouvertement son exaspération face à l’incompétence crasse de ses geôliers, l’ancien ingénieur use de son verbe sûr et de son sens de l’argumentation pour déstabiliser la hiérarchie. Une insolence et une répartie qui lui valent bon nombre de séjours à l’isolement avant le stade ultime de la violence carcérale, la camisole de force. Pour survivre à l’enfer, et parce qu’il se refuse à ce qu’on le prive de sa liberté de penser, Darrell Standing parvient à s’extraire de son propre corps. Une évasion dans des vies passées, entre hallucinations, délires mystiques et errances oniriques…

Vous voyez ce qu’est une mise en abyme, l’enchâssement d’un récit dans le récit, d’un tableau dans le tableau. Imaginez donc une prison dans une prison avec, dedans, une autre prison dans laquelle… et vous aurez une idée de l’endroit où ils m’ont conduit.

Un petit boyau perdu dans les gigantesques intestins de la bête, enterré vif.

Mais cet endroit improbable se révèlera aussi être la piste d’envol parfaite pour les voyages les plus insensés qu’on puisse imaginer.

Incroyable voyage aux confins du rêve et de la réalité que nous offre Riff Reb’s le magicien ! Six ans que j’attendais son retour depuis sa déjà sublime adaptation d’une autre œuvre de Jack London, Le loup des mers. Un graphisme audacieux et vraiment novateur, une attention toute particulière à la lumière et aux ambiances graphiques, la patte de l’artiste est reconnaissable entre milles et c’est un vrai régal pour les yeux.

Mais le voyage ne s’arrête pas là. Bien plus qu’un réquisitoire très convaincant contre les abus du système carcéral, Le vagabond des étoiles est avant tout une extraordinaire démonstration des pouvoirs de l’imaginaire. Les « évasions » de Darrell Standing sont autant de parenthèses délirantes qui l’extraient de sa cellule et lui permettent de contrôler la douleur. Plongé dans ses souvenirs réels ou ses supposées « existences évanouies », mille vies sont à sa portée…

Il y aura un second volume pour clore cette somptueuse adaptation d’un des chefs-d’œuvre de Jack London. Vivement ! ♥

Les avis de Brize et Mo’

Éditions Soleil (Octobre 2019)

Collection Noctambule

106 p.

 

Prix : 17,95 €

ISBN : 978-2-302-07781-2

 

BD de la semaine saumon

… chez Moka


15 commentaires

Cristie · 20 novembre 2019 à 07h51

Comme tu enfonces le couteau ! 🙂

Enna · 20 novembre 2019 à 09h30

j’avoue qu’à priori les dessins ne m’attirent pas, mais l’histoire oui… peut-être que je lirai le texte de Jack London un jour 😉

Soukee · 20 novembre 2019 à 10h32

Je note, évidemment ! (et merci de tes messages chez moi !)

Brize · 20 novembre 2019 à 11h13

Oui, un superbe album, qui m’a incitée à relire ce fameux « Vagabond des étoiles » !

Moka · 20 novembre 2019 à 15h33

London et Riff. Évidemment !
J’ai vu l’expo sur Riff à Saint Malo, ça claque quand même !

Madame · 20 novembre 2019 à 15h56

Le dessin ne me plait pas, c’est rare chez toi!

    Nathalie · 26 novembre 2019 à 06h43

    Riff, je ne connais pas. Mais cette bd me tente beaucoup ! !

Alice · 20 novembre 2019 à 22h15

Tout me séduit ici, je la lirai, forcément !

Blandine · 20 novembre 2019 à 23h02

Le lire, l’avoir semble être une nécessité… tu en parles si bien!

Fanny · 21 novembre 2019 à 09h08

Pas étonnée que tu l’aimes cet album! Il m’a tout l’air indispensable! Hop, sur ma liste du Père Noël!

gambadou · 23 novembre 2019 à 21h37

Je ne connais pas le livre de Jack London, mais cette adaptation à l’air très belle

Mylene · 24 novembre 2019 à 07h02

Ok, je note et je verrai si je la trouve rapidement 😀

A_girl_from_earth · 24 novembre 2019 à 15h52

L’adaptation est tentante mais j’avoue qu’en découvrant le thème, je suis encore plus curieuse du texte de Jack London que je me note donc !

Jerome · 26 novembre 2019 à 17h39

London et Riff Rebs, le duo est parfait !

Caro · 11 décembre 2019 à 21h52

Riff Reb’s signe toujours de belles adaptations, il va falloir que je me procure celle-ci aussi !

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