Dans Max et les poissons, c’est la voix innocente et candide d’un petit garçon de huit ans que nous donnait à entendre Sophie Adriansen. Ses questions sans réponses, son incompréhension, sa peur mais aussi ses rêves et ses espoirs. Sans un mot de trop, l’auteure avait réussi le pari fou de dire l’essentiel tout en restant à hauteur d’enfant : l’horreur, l’indicible, l’avenir entre parenthèses… Dans Lise et les hirondelles, c’est la voix plus mature mais pas moins innocente d’une jeune adolescente de treize ans qui nous émeut à son tour. Elle pourrait être la grande soeur de Max, une cousine, une amie ou juste une voisine de palier…
Comme lui, elle est née juive. Comme lui elle doit du jour au lendemain porter une étoile jaune pour dire « qui elle est ». Comme lui elle doit courber le dos, subir les rationnements, constater sans rien pouvoir y faire la fin de la vie telle qu’elle la connaissait avant. Les bottes martèlent les pavés, l’atelier de confection familial doit fermer, les regards dans les rues et à l’école sont appuyés, méfiants ou franchement haineux… en cet été 1942, tout change. Jusqu’à ce 16 juillet où Lise assiste à l’arrestation de sa famille. Inconsciente ou aidée par la chance, elle se rend au commissariat et parvient à sauver ses deux petits frères en prouvant qu’ils ne se trouvent pas sur la « liste ». De ses parents, elle n’aura par contre aucune nouvelle. Recueillis par des voisins, Lise et ses frères deviennent des enfants cachés…
16 juillet 1942. Sophie Adriansen continue de dérouler le fil de la grande histoire en ravivant les souvenirs de la rafle du Vel’ d’Hiv’. Un évènement jamais véritablement nommé mais que Max et Lise vivent et ressentent avec la naïveté de leur âge sans comprendre réellement tous les signes du drame à venir. Alors que Max ne pensait qu’au poisson qu’il avait dû abandonner à son sort avant son départ forcé de chez lui, Lise elle se raccroche aux hirondelles qui parviennent à survivre à leur migration grâce à leur instinct. Comme les oiseaux qu’elle admire, elle lutte pour sa survie, protège ses proches et tente de retrouver sa famille tout en passant de l’enfance à l’adolescence… Une métaphore subtile et belle… et une métamorphose dont le lecteur est témoin, admiratif devant la maturité de cette jeune femme en devenir qui a grandi trop vite…
Lise et les hirondelles… ou le nouvel incontournable de Sophie Adriansen est une pépite jeunesse qui s’impose d’elle même. A lire, à faire lire… et à glisser d’urgence dans les mains des jeunes adolescents dès l’entrée au collège.
Une lecture partagée avec Jérôme, comme chaque mardi (ou presque).
Les avis de Antigone, Argali, Azilis, Faelys et Mylène.
Éditions Nathan (Février 2018)
234 p.
Prix : 14,95 €
ISBN : 978-2-09-257606-9
5 commentaires
Saxaoul · 3 juillet 2018 à 11h57
Un représentant l’a offert pour le CDI récemment. Il ne reste plus qu’à le mettre sur ma PAL de vacances !
krol · 3 juillet 2018 à 21h29
C’est noté !
Jerome · 9 juillet 2018 à 12h55
Après Max et les poissons, l’essai est transformé avec ce roman plus dense et tout aussi touchant.
Petite Noisette · 9 juillet 2018 à 18h23
J’ai beaucoup aimé… comme tout ce que je lis de cette autrice vraiment formidable !
Antigone · 11 juillet 2018 à 15h43
J’ai adoré. À faire lire aux ados !