Petit, borné, hargneux et capricieux (toute ressemblance avec un personnage réel existant ou ayant existé serait évidemment fortuite) le général George Poutche mène la ville à la baguette. Le général aime l’ordre, que tout soit carré, bien rangé, que rien ne dépasse du cadre ou ne déborde des lignes qu’il aura lui-même préalablement fixées. Alors l’ordre règne. Et le général veille. Ses sbires aux bottes rutilantes patrouillent fièrement, arborant à la poitrine une kyrielle de médailles. Et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes…
Le général George Poutche aime l’ordre. Et ce qu’il n’aime pas, mais pas du tout, c’est tout ce qui peut mettre en danger cet ordre. Un cirque par exemple. Un cirque coloré, joyeux, une horde d’artistes bizarroïdes et autres guignols qui débarquent en ville pour y donner un spectacle. Aïe, voilà qui ne plait pas du tout au général…
« Le général Poutche n’aime pas trop ça, le cirque. De manière générale, le général Poutche n’aime pas bien tous ces saltimbanques qui habitent dans des maisons qui roulent, qui s’habillent rigolo, qui bougent tout le temps, dans tous les sens. Et qu’on ne peut pas contrôler. »
Mais depuis que le général Poutche est devenu Président pour toujours, ouf, finis le bazar et les discussions interminables pour se mettre d’accord. Le général décide, le peuple obtempère. Point. Et c’est très bien comme ça. Le ministre du divertissement suggère tout de même à son général de faire une exception : le peuple n’est pas à la fête et aurait bien besoin de rigoler un peu pour oublier ses soucis. C’est bien connu, quand le peuple est heureux, le peuple est plus enclin à courber l’échine et à avancer droit. En ordre. Qu’à cela ne tienne, le cirque donnera donc son spectacle. A condition qu’il ne dépasse pas les limites…
Le conte pour enfants vu par Wilfrid Lupano, forcément, ça dépote ! L’air de rien, le scénariste plante des petites graines de réflexion et de rébellion dans les petites têtes bien pleines de nos tous petits en brossant le portrait d’un général prêt à tout pour brider les instincts libertaires de ses sujets. Car qui dit liberté dit désordre. Et le désordre, le général n’aime pas ça. Mais si la révolution venait du rire…?
Aux crayons, l’audacieux Stéphane Fert s’en donne à cœur joie. Avalanche de couleurs face au gris terne du pouvoir, il croque des personnages caricaturaux et hauts en couleurs qu’on adore détester. Le duo fonctionne à merveille et offre un nouveau petit bijou à la très belle collection Les enfants gâtés qui décidément n’en finit pas de ravir petits et grands ! Chapeau les artistes !
Éditions Delcourt (Mai 2017)
Collection Les enfants gâtés
24 p.
Prix : 14,50 €
ISBN : 978-2-7560-9421-2
Chez Mo’
14 commentaires
Mo · 27 septembre 2017 à 06h46
Très bien cet album ! Comme toi, on l’a vraiment apprécié. Et puis, Lupano a su parler d’un sujet sérieux sans prendre les enfants pour des andouilles.
Cristie · 27 septembre 2017 à 07h34
La couverture est … supra tentante !!! Lupano je l’aime donc je signe !
Blandine · 27 septembre 2017 à 08h16
Cet album semble avoir tout pour me plaire!
lasardine · 27 septembre 2017 à 08h37
Lupano… difficile de faire comme si je n’avais pas vu… aller hop! un de plus dans la liste!
framboise · 27 septembre 2017 à 09h34
Formidable, je dis de suite….
Sandrine · 27 septembre 2017 à 13h39
L’idée me séduit. Jolie histoire à découvrir.
Khadie · 27 septembre 2017 à 16h08
J’adore le graphisme !
krol · 27 septembre 2017 à 18h41
Lupano ? Mais quand revient-il nous donner la suite des vieux fourneaux ?
Stephie · 27 septembre 2017 à 20h02
Ah chouette, le retour des enfants gâtés !! C’est bien la collection grand format, là ?
Jérôme · 27 septembre 2017 à 20h57
Je ne suis pas super fan du dessin mais rien que pour l’histoire je suis partant 😉
A_girl_from_earth · 28 septembre 2017 à 00h13
Aaah mais j’adore, rien que la planche que tu as choisie ! Je suis très portée sur ce genre de contes pour enfants en plus. Noté !
Saxaoul · 28 septembre 2017 à 09h50
Oh là là mais voilà qui devrait plaire à ma fille et à mes zélèves !
sabine · 28 septembre 2017 à 15h09
Le graphisme et les couleurs m’appellent ! Le scénario aussi ! Iln’y a plus qu’à …
Moka · 7 octobre 2017 à 09h07
Lupano? Je signe. Et vite !