Je suis rentrée chez moi avec ça. Ce nouvel espace dans mon ventre, en bas, vers l’intérieur au fond du vagin jusqu’aux reins. C’est grand, en fait, là-dedans. On imagine pas comme c’est grand. J’en ai parlé à personne. Quand tu trouves un trésor, il faut rien dire. Il faut le garder précieusement pour toi.

Les filles bien comme il faut ne font pas ça. Alors pour eux, elle en est une. Une belle. Une vraie. Une grosse. Une sacrée. Parce qu’elle… elle le fait. Et elle l’assume. Aimer, elle a bien le temps. Ce qu’elle veut, là, maintenant, sans attaches ni conditions, c’est vibrer, par tous les pores de sa peau. En elle, ce furieux besoin de donner corps aux pulsions qui la tenaillent. Explorer les zones troubles du désir et toute l’étendue de sa féminité qu’elle découvre. Elle est libre. Son corps, elle a choisi de l’apprivoiser, de l’aimer, d’écouter ses pulsations et ses envies. Frémir sous les caresses, les siennes ou celles des autres, goûter, sentir… s’autoriser à dire oui, une ou plusieurs fois… à dire non aussi… et à dire stop quand l’envie s’en va et que d’autres envies l’appellent.

Les filles bien comme il faut ne font pas ça. C’est écrit là, sur l’écran de son téléphone. Les insultes déferlent sur son écran qui tressaute à chaque nouveau message ou nouvelle notification. On l’accuse. On la souille. Les fauves sont lâchés, leur proie livrée en pâture sur le vaste terrain de jeux d’Internet et des réseaux sociaux. Ça ne se fait pas de suivre ses propres règles, de ne pas obéir à celles de la meute. Ça ne se fait pas de bousculer les lignes. Sa liberté dérange… et son audace est une provocation.

Si tu veux du sexe sans amour, si tu veux démêler les deux, le temps de comprendre quelque chose, il faut être prêt à payer la note. On ne te le pardonnera pas. En tous cas si t’es une meuf.

Indispensable collection L’Ardeur qui ose parler aux lecteurs adolescents de toutes les nuances du désir et de l’amour. Directement, sans complexes ni tabous. Décomplexé, cru, le ton résolument moderne et féministe de Queen Kong frappe fort. On y parle désir et fantasme, amour et plaisir charnel, vie sexuelle balbutiante et envies plurielles. Et ce n’est jamais vulgaire de parler des amours adolescentes comme elles sont, animales, sauvages mais aussi douces et instinctives. Il faut une bonne dose d’audace et d’intelligence pour aborder aussi naturellement la sexualité… C’est à la fois très juste et très actuel. Vrai.

Queen Kong est le dernier lauréat de la Pépite d’Or du Salon du livre et de la presse jeunesse, quelle belle distinction que celle là ! Un grand bravo à Hélène Vignal pour cette voix et ce magnifique personnage de femme libre et révoltée. Une furieuse envie maintenant de poursuivre avec la lecture de King Kong Théorie de Virginie Despentes, en écho…

Et quel meilleur titre pour la reprise du rendez-vous des pépites jeunesse avec Jérôme..!

Les avis de Krol et Stephie, conquises elles aussi.

Queen Kong de Hélène Vignal
Éditions Thierry Magnier – Collection l’Ardeur (Septembre 2021)
81 p. / 12,90 € / ISBN : 979-10-352-0466-2 


4 commentaires

Fanny · 11 janvier 2022 à 07h58

Ce sera mon premier titre de cette collection ! Enfin !

Alex-Mot-à-Mots · 11 janvier 2022 à 13h47

Une nouvelle collection dont je n’ai lu qu’un titre jusqu’à présent.

krol · 11 janvier 2022 à 20h02

Oui moi aussi j’ai très envie de lire King kong théorie maintenant… Et j’espère bien lire d’autres livres de cette collection.

Stéphie · 13 janvier 2022 à 09h08

J’aime vraiment cette collection et ce titre m’a littéralement conquise !

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