Qu’est-ce qui pousse la jeune Dinah, quinze ans, à enlever ce petit garçon à la sortie de l’école maternelle ? Dans sa tête, tout semble pourtant très clair : si personne ne fait rien, si elle est la seule à réaliser que le petit a un épée de Damoclès au-dessus de la tête, elle se chargera du problème. Dinah a tout préparé, minutieusement. Sans son intervention, certes spectaculaire, il y a de fortes chances que le petit soit renvoyé dans son pays. Et ça, la jeune fille ne peut en supporter l’idée. Elle ne peut peut-être pas venir en aide à tous les migrants mais elle sauvera celui-ci…

Qu’est-ce qui pousse le petit garçon à suivre cette jeune fille qu’il ne connait pas ? Docile, souriant, le petit bonhomme ne se pose pas de questions et se laisse entrainer par Dinah. Il ne prononce pas un mot mais Dinah lui fabrique une histoire et un passé. L’enfant devient Mirhan, syrien, orphelin, recherché par la police qui souhaite le renvoyer dans son pays. Dépendant de sa « grande sœur » providentielle, Mirhan accepte les longues marches sans sourciller. Jusqu’à quel point a-t-il vraiment besoin d’elle…?

Je m’appelle Dinah et maintenant je suis ta sœur.

J’ai progressé dans ce très court roman avec bon nombre de questions en tête. Où l’auteur voulait-il m’emmener ? Assez rapidement, on se rend bien compte que tout n’est pas si simple. Dinah, ultra sensible, impulsive et probablement fragile, n’a pas l’air franchement à l’aise dans ses baskets. Pourtant, tout a l’air très clair pour elle, en « sauvant » cet enfant, elle ne fait que son devoir de citoyenne concernée. L’histoire qu’elle s’invente semble tenir la route mais plusieurs choses ne collent pas. Mirhan, même s’il ne parle pas, a l’air d’un petit garçon heureux, bien portant. Alors pourquoi suit-il Dinah sans se poser de questions ? Et qui Dinah essaye-t-elle de sauver réellement ?

Court, tendu, le récit épouse les pensées de la narratrice et nous enveloppe dans le flou. Le lecteur n’a que la version de Dinah à entendre et sent bien que l’histoire va prendre une tournure tout autre que celle espérée par la jeune fille. Heureusement. On reste néanmoins sur une impression de malaise tant on a du mal à caractériser ce récit extrêmement bien écrit qui ne rentre dans aucune case. Je ne suis pas certaine que mes collégiens comprennent les intentions de l’auteur mais je ne peux que souligner son talent à aborder des sujets graves sans en avoir l’air… Son petit roman retentit comme un cri étranglé et en est d’autant plus puissant.

 

Un texte fort et original qui interroge. Une lecture que je partage avec Jérôme, comme (presque) chaque mardi.

 

L’avis de Fanny

 

Éditions École des Loisirs (Mai 2019)

Collection Médium +

72 p.

 

Prix : 12,00 €

ISBN : 978-2-211-30171-8

pepites_jeunesse


5 commentaires

Nathalie · 17 septembre 2019 à 08h32

C’est malin. .. j’ai envie de connaître la suite moi maintenant ! !

Alex-Mot-à-Mots · 17 septembre 2019 à 16h14

Reste à savoir comment les collégiens accueilleront ce court et intense roman.

eimelle · 17 septembre 2019 à 17h11

il a l’air très questionnant en effet!

Amandine · 22 septembre 2019 à 13h01

Il est intrigant…

Jérôme · 1 octobre 2019 à 12h47

On ne sait trop quoi en penser mais c’est ce qui fait son charme je trouve.

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