Un été plein de promesses. C’est avec une idée derrière la tête que Katja demande à ses parents l’autorisation de passer les vacances loin d’eux en Provence. Pas pour faire la fête ou écumer les boites de nuit mais pour participer à un chantier de reconstruction de murets en pierre sèche. Elle n’est pas à proprement parler taillée pour l’effort physique mais le challenge ne lui fait pas peur. Et puis elle n’y sera pas seule, Quentin sera là lui aussi. C’est le fils du patron de son père, un type bien, l’argument ultime pour faire pencher la balance en sa faveur. A elle la liberté, à elle la belle histoire d’amour qui l’attend sûrement tant ses sentiments à elle sont forts. Ils ne peuvent qu’être partagés…

Il règne sur le chantier une belle effervescence. Ils sont nombreux à se côtoyer dans les dortoirs, des inconnus qui pour certains ne parlent pas sa langue. Ils ont les réflexes, ne rechignent pas à l’effort et ne sont clairement pas là pour faire de la figuration. Katja, elle, n’a pas les codes. Elle compte sur Quentin pour lui servir de béquille, ça serait un bon début. Si en plus elle pouvait partager les rires et la connivence de cette drôle de famille, ça serait un peu la cerise sur le gâteau. Mais ce qu’elle attend ne vient pas. Quentin l’ignore et la rabroue violemment quand il comprend ses réelles intentions. Pour Katja, c’est l’instant de la bascule…

Elle marche droit devant elle d’un pas décidé, ne sent plus la fatigue, ne sent plus rien d’autre que cette fuite en avant qui la stimule et la tétanise en même temps. Une idée a jailli de nulle part et s’impose, terrassant toute possibilité de réflexion : tout arrêter, en finir, mourir.

La douleur est lancinante… Elle cogne, sourde, dans les tripes et dans le cœur. Pour Katja il n’y avait qu’une issue possible et elle n’a pas eu lieu. Ça fait mal et ça imprègne tout. Et plus rien n’a d’importance. Peut-être que sa vie non plus n’en a pas d’ailleurs. Cathy Ytak dit cette tentation du vide qui étreint parfois sans crier gare. Au plus près des tourments intimes d’une adolescente qui s’enlise et perd pied, elle dit la violence de ce qui se rapproche d’un sentiment d’abandon. Katja souffre. Tombe. N’arrive pas à se relever… Comment peut-on apprendre à (sur)vivre quand on a cherché à en finir avec la vie ?

C’est ça qui compte, de rester vivant.

Si tu avances ou ces failles qui parfois laissent passer la lumière. Il suffit parfois de presque rien. Pour que tout s’arrête ou que tout commence. Cathy Ytak capte ce moment là. L’instant infime où tout bascule, la possibilité d’une autre route… Un texte funambule qui dit à merveille le déséquilibre et l’inconfort des douleurs adolescentes dans cette nouvelle collection de romans courts que j’aime tant.

Une lecture évidemment partagée avec Jérôme comme (presque) chaque mardi. Dans cette collection, nous avons aussi adoré Son héroïne de Séverine Vidal et Silent boy de Gaël Aymon.

Les avis de Calypso, Mirontaine, Nadège

Le site de Cathy Ytak

Si tu avances de Cathy Ytak

Éditions Nathan – Collection Court toujours (Février 2021)

60 p. / 8,00 € / ISBN : 978-2-09-249067-9 

pepites_jeunesse


6 commentaires

Alex-Mot-à-Mots · 1 juin 2021 à 09h33

Une collection de romans courts et intéressants pour ados ? Je prends.

Moka · 2 juin 2021 à 06h23

Il faut que je me lance avec cette collection.

Stéphie · 4 juin 2021 à 07h09

Je dois plonger dans cette collection, c’est indéniable

Jérôme · 4 juin 2021 à 18h26

Cathy égale à elle-même, c’est tout ce qu’on aime 😉

Fanny · 5 juin 2021 à 17h09

Je ne connaissais pas cette collection mais comment résister à Cathy Ytak <3

Si tu avances [roman] – Les.lectures.de.Caro · 19 juillet 2021 à 15h36

[…] en parle sur les blogs : Calypso, D’une berge à l’autre, La bibliothèque de Noukette, Clara sur la Lune, Le fil de […]

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