Toutes ces nuits passées sur un forum en ligne, planqué sous la couette pour ne pas se faire repérer par les surveillants de l’internat, c’est le jardin secret d’Anton. Sa soupape de décompression. Le seul endroit où il a l’impression d’être lui-même alors qu’il se cache derrière un pseudo et se contente bien souvent de lire la vie des autres plutôt que de parler de la sienne…
Le jour, ce n’est pas derrière un avatar qu’il se cache mais derrière sa carrure de sportif qui en dissuade plus d’un, le meilleur des camouflages. Membre de l’équipe de rugby du lycée, on ne lui cherche pas de noises. Anton fait partie d’une petite bande qui parle fort et prend toute la place, souvent au détriment des autres. L’adolescent ne cautionne pas l’attitude de ses camarades mais se garde bien de donner son avis, encore moins de prendre parti ou de désapprouver. Il est celui qui se tait mais suit le mouvement…
Je dis rien. Celui qui la ramène pas mais qu’il faut pas chercher. Silent boy, en virtuel et en vrai. Sauf qu’entre cette vie et ma vie nocturne, c’est de plus en plus compliqué. je sais que je fais tout le contraire de ce que je prétends sur le forum. Mais les filles et les mecs d’ici sont pas les mêmes que là-bas. Impossible de téléporter mon avatar dans ce lycée. Donc, je dis rien. Qu’est-ce que j’ai d’autre comme choix ? Tu t’intègres ou t’es mort. faire plus, faire mieux, je peux pas.
Anton est Silent boy. Dans la vraie vie, il est du « bon » côté, entouré par les « bonnes » personnes et protégé par sa réputation. Il connait les codes, sait comment se faire oublier et préfère se taire pour ne pas être à son tour une victime. Dans sa vie virtuelle, il est celui qui écoute, en empathie avec ceux qui souffrent et parviennent à dire leur colère ou leur douleur. Mais lui se tait, peut-être parce que c’est la meilleure façon d’être invisible. Il faudra un déclic pour qu’il parvienne à « se dire ».
Anton n’est pas dupe, il est conscient du mensonge qu’il incarne, c’est ce qui en fait un personnage ultra touchant. Prisonnier du regard des autres, enfermé dans une armure qui lui sert de carapace, Anton va devoir sortir du silence pour exprimer qui il est vraiment. Se libérer par la parole, soigner de vieilles blessures, ressembler enfin à celui qu’il est à l’intérieur… Gaël Aymon maitrise son sujet de bout en bout et nous offre un portrait d’adolescent difficile à oublier. Un texte fort dans cette nouvelle collection Court toujours que j’adore (à lire aussi, Son héroïne) avec, cerise sur le gâteau, une version audio lue par l’auteur. Coup de cœur !
Une lecture que je partage avec Jérôme comme (presque) chaque mardi.
Les avis de Argali, Bladelor, Calypso, Cathulu…
Éditions Nathan (Septembre 2020)
Collection Court Toujours
62 p.
Prix : 8,00 €
ISBN : 978-2-09-259276-2
3 commentaires
Petite Noisette · 17 février 2021 à 11h50
Salut !
Est-ce que tu dirais qu’il est totalement adapté à des collégiens ? J’ai lu beaucoup de choses positives et négatives sur cette collection, je n’arrive pas à me faire une idée et je ne veux pas les commander pour seulement 3 très bons lecteurs…
Jérôme · 17 février 2021 à 12h55
Les deux titres que nous avons lus ensemble dans cette collection ne souffrent d’aucune fausse note !
luocine · 22 février 2021 à 15h23
quand vous vous mettez à deux pour conseiller un titre , c’est toujours un plus pour moi.