Sens-dessus dessous. A l’image de la jeune fille sur la couverture, Irène, 17 ans, vit un de ces moments qui marquent une vie. Une tempête émotionnelle qui la fait se replier sur elle-même, en position fœtale, comme pour protéger l’enfant qu’elle porte et se protéger elle-même…

 

Elle l’a appelé Max. Il a grandi au chaud dans son ventre pendant 9 mois, d’abord en secret. Cet enfant, elle ne l’a pas voulu, mais il est là. Il prend sa place. Dans sa tête, dans son cœur, dans le berceau qui l’accueille loin d’elle. Irène a pris sa décision. L’enfant grandira loin de sa peau, loin de son odeur, loin de ses caresses. Si elle a choisi de mener la grossesse à son terme à la grande surprise de ses proches, elle a aussi choisi de le confier à une autre famille. La loi lui accorde pourtant soixante-douze heures. Trois petits jours pour faire le point et peut-être changer le cours de son destin. Trois jours pendant lesquels elle va tenter de laisser son empreinte dans la vie de son enfant en lui racontant sa conception, sa venue au monde et en lui parlant d’elle. Trois jours qui agiront comme un catalyseur et cristalliseront les non-dits et les secrets autour d’elle…

 

« Je suis devenue mère, mais Max grandira sans moi, en dépit de cette tendresse qui m’envahit et enfle à vue d’œil.

Cette tendresse qui est peut-être une forme d’amour contre laquelle je dois me défendre pour ne pas être tentée de revenir sur ma décision. Parce qu’il y a ces choses que je n’avais pas prévues, ces choses qui me troublent : la sensation animale de son corps grenouille sur le mien. Son souffle tiède, aussi léger qu’un duvet d’oie. Son pleur de nouveau-né qui vibre au creux de moi et qui arrache. »

 

Irène raconte ces trois jours en suspens, cette parenthèse où les souvenirs affluent, un peu en vrac. Discrète, comme en retrait, Marie-Sophie Vermot parvient à recentrer le récit sur ces soixante-douze heures sans jamais laisser paraitre un quelconque jugement définitif sur le choix de l’adolescente. L’accent est mis sur ses états d’âme, ses questionnements sur l’avenir de son enfant et le sien, ce choix douloureux de donner la vie sans en prendre part même si ce bébé sera toujours son fils, viscéralement… Droite dans ses bottes, réfléchie, Irène étonne par son aplomb face à ceux qui pensent pouvoir s’insinuer dans sa vie.

 

Le récit, intime et pourtant pudique, alterne donc entre les souvenirs de l’adolescence et son séjour à l’hôpital dans cet entre-deux qui scellera son destin et celui de son enfant. Il dit la force de l’amour, les choix d’une vie, les évènements inattendus qui font parfois bifurquer des routes toutes tracées. On en ressort un peu secoué tant ce récit, malgré la distance qu’il semble installer entre l’héroïne et le lecteur, laisse sa marque…

 

Une bien jolie découverte partagée avec Jérôme, comme chaque mardi.

 

L’avis de Pépita

 

Éditions Thierry Magnier (Février 2018)

176 p.

 

Prix : 13,00 €

ISBN : 979-10-352-0135-7

 

pepites_jeunesse


6 commentaires

Alex-Mot-à-Mots · 13 mars 2018 à 09h47

De la distance avec le lecteur ? Ce n’est apparemment pas gênant dans ce roman.

cristina · 13 mars 2018 à 11h48

Ouh la laaaaa, il me le faut celui là et je tenterai de ne pas commencer par la fin tant j ai hâte de connaitre sa décision.

Bon tu as sorti la tête de tes cartons enfin !? 🙂

manU · 13 mars 2018 à 20h21

Une sacrée décision…

Madame · 14 mars 2018 à 09h44

Je veux le lire!

jerome · 14 mars 2018 à 16h40

C’est la distance qui donne toute la force à ce texte je trouve. Irène n’est pas attachante mais elle est fascinante.

gambadou · 19 mars 2018 à 22h22

Je suis un peu déçue par ce texte. Je trouve que les problèmes de la famille (soeur, grand-père avocat …) prennent trop de place. Même chose pour « l’accident » de la copine à la mer. Ça vient faire quoi ? Du coup je n’ai pas réussi à vraiment entrer dans le roman.

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