A 15 ans, Rémi a connu dix-neuf déménagements en dix ans. Jamais de vrai chez soi, des amitiés fugaces et des liens appelés à se dénouer aussi vite qu’ils s’étaient liés. Médecin remplaçant devenu du coup itinérant, son père accepte les nouvelles missions qui lui sont confiées sans vraiment se soucier des états d’âme de son ado de fils avec qui il communique peu. Depuis l’internement en asile psychiatrique de sa mère alors qu’il n’avait que 4 ans, Rémi trimballe son mal-être et sa solitude dans son baluchon à chaque nouveau pied à terre, toujours des appartements de fonction au sein même des hôpitaux où travaille son père. Cette fois ci, un centre de repos pour des patients accidentés ou grands brûlés en attente de chirurgies réparatrices. Joyeux.

Rémi n’habite pas le monde. C’est son choix. S’exiler dans le passé, convoquer les vagues souvenirs de sa mère, tenter de composer avec ces vérités qui font pourtant tant de mal, s’accommoder de cette impression de survivre, tout le temps, partout. Son seul lien avec le monde, même moribond, ces cassettes qui appartenaient à sa mère quand elle était jeune. Dix cassettes qu’elle a enregistrées elle-même avec les chansons qu’elle aimait dans les années 80. Et sa voix, qu’on entend quelques secondes…

Walkman en poche, casque sur les oreilles, Rémi n’est là pour personne. Mais à son arrivée au centre, si lui tente de se rendre invisible, impossible de ne pas remarquer les patients défigurés qui y sont en convalescence. Parmi eux, sept jeunes qui se déplacent en bande et squattent une cabane au fond du jardin de l’hôpital. Privés de leur visage, marqués par le regard des autres, leur avenir entre parenthèses, ils font front, ensemble.

Sara, Adonis, Clotilde, Maxime, Pascal, Zoé et Millie. Rémi ne le sait pas encore mais c’est avec eux qu’il va écrire la suite de son histoire et crever la bulle dans laquelle il s’enferme depuis tant d’années…

Je ne savais pas encore que j’allais rencontrer les plus belles personnes du monde, du siècle, de ma vie…

Un trou dans le cœur, des blessures encore à vif… Finalement il leur ressemble, Rémi, à ces gueules cassées, à ces survivants… La surprise, le dégoût, le rejet, la méfiance, la curiosité… De part et d’autre on s’observe, on se juge, on s’apprivoise. Les grandes douleurs côtoient les blessures intimes qui peinent à cicatriser et on finit par baisser les armes. Et puis il y a Sara. Un peu le chef de meute de cette bande d’ados cabossés. Forte tête, grande gueule, maman louve et sœur courage… En embuscade, les yeux un peu embués, le lecteur observe lui aussi. Ces amitiés qui se créent, ces liens qui se resserrent, ces promesses tues. Tout se noue en silence et c’est beau. Impossible d’oublier ces visages, ces parcours, ces creux à combler. Tout est si fragile, et si fort à la fois. Un peu comme la vie, bulldozer qui n’épargne personne.

Profond, triste et pourtant plein d’espoir. A lire au rythme des chansons phares des années 80 qui ponctuent joliment ce roman qui nous emmène un peu plus près des étoiles… ♥

Lecture marquante partagée avec Jérôme comme (presque) chaque mardi.

 

Éditions Bayard (Septembre 2019)

248 p.

 

Prix : 14,90 €

ISBN : 979-10-363-0571-9 

pepites_jeunesse


5 commentaires

Alex-Mot-à-Mots · 12 mai 2020 à 12h35

Alors si il y a des tubes des années 80…..

Stephie · 16 mai 2020 à 10h47

Vos billets à Jérôme et à toi ont fait leur job tentateur !

HashtagCéline · 17 mai 2020 à 10h56

Encore un avis qui me donne envie. Merci !

Moka · 20 mai 2020 à 07h55

Autrice encore inconnue pour moi…
Mais il est au CDI, je sais donc où le trouver si besoin ou envie de me lancer.

Jérôme · 23 mai 2020 à 20h24

Triste et pourtant plein d’espoir, tu as trouvé la formule parfaite pour résumer ce très beau roman.

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