Une fouille grouillante. Des gens pressés. Des voitures à tous les carrefours et des immeubles qui tutoient le ciel. New-York s’offre aux regards. Elle est ville monstre, celle qui ne dort jamais. Ville tentaculaire en perpétuelle mouvance. Ville mirage creuset de toutes les tentations et de tous les espoirs. Manhattan, Brooklyn, le Bronx. Le New-York de Chabouté délaisse la couleur mais n’oublie pas la lumière. Sur la banquette arrière du taxi jaune, des visages anonymes, des silences assourdissants, des mines renfrognées, des sourires timides. Des trajectoires juste esquissées, des instants chopés sur le vif, comme des clichés volés…

Chabouté saisit New-York dans toute sa diversité. Un noir et blanc sobre, épuré pour dire la démesure et des chemins de vie. Des longues séquences sans texte qui alternent avec des planches plus bavardes. Tout l’art de Chabouté est là. Benoît Cohen est un scénariste et réalisateur français installé à New-York depuis un an seulement. Il a envie d’autre chose. Besoin de connaitre la ville de l’intérieur pour retrouver le chemin de l’écriture. De la comprendre intimement. Il décide de devenir chauffeur de taxi. L’obtention de la licence n’est pas une mince affaire mais après des mois de patience Benoît s’assoie enfin derrière le volant du mythique Yellow Cab.

A chaque fois qu’un passager entre dans mon taxi, tout est possible. Il y aura des moments sans intérêt, comme des heures de rushes filmés dont je ne me servirai pas, mais aussi des situations extraordinaires, j’en suis sûr et je sens que, comme chez un acteur, le travail sur la longueur va infuser en moi.

Yellow Cab ou la très belle adaptation dessinée du roman autobiographique de Benoît Cohen qui à l’origine avait pour projet d’écrire un film pour raconter cette expérience. Avec ce roman graphique, Chabouté réussit la prouesse de réunir les deux arts. Des portraits saisis sur le vif, la photographie en mouvement d’une ville qui ne s’arrête jamais, une réflexion en filigrane sur la création et le processus d’écriture… le matériau était riche, Chabouté en extrait l’essentiel. Avec toute la palette qui est la sienne, son art des nuances et des silences, son véritable talent de mise en scène… et cette façon si particulière de sonder l’âme humaine ♥

L’avis de Sabine

J’ai vécu pendant ces quelques mois l’envers du décor, l’envers du rêve américain, la lutte des classes, l’immigration, le déracinement, l’endurance, l’humilité, la tolérance, l’injustice, l’exil, la peur, la violence, la solidarité, la folie, la diversité, l’abondance, la pauvreté, la beauté, l’ivresse, l’ennui, le partage, l’époustouflante vitalité de cette ville.

Éditions Glénat (Janvier 2021)

Hors collection Vents d’Ouest

66 p.

 

Prix : 22,00 €

ISBN : 978-2-7493-0900-2

BD de la semaine saumon

… chez Moka


13 commentaires

Natiora · 27 janvier 2021 à 06h59

Sabine et toi m’avez intriguée, il faudra vraiment que j’y jette un coup d’œil.

Hélène · 27 janvier 2021 à 09h53

ah Chabouté !!!

eimelle · 27 janvier 2021 à 15h38

j’aurais tendance à être conquise par avance!

Caro · 27 janvier 2021 à 16h25

Je devrais le lire bientôt normalement, car un Chabouté, c’est toujours un régal !

Kathel · 27 janvier 2021 à 18h12

Chabouté et New York, cela me fait deux raisons de m’intéresser à cette BD !

Alex-Mot-à-Mots · 29 janvier 2021 à 11h00

Mais où est le yellow dans ces pages ?

Géraldine · 31 janvier 2021 à 11h06

Quel beau billet pour un album qui semble magnifique. Je n’ai encore lu aucune BD de cet auteur d’ailleurs, il est peut-être temps que je me rattrape !

Nathalie · 31 janvier 2021 à 15h32

Chabouté, je dis oui tout de suite !

Mylene · 31 janvier 2021 à 17h47

je note je note !!

gambadou · 31 janvier 2021 à 17h53

Qu’est ce que j’aime Chabouté ! Je l’avais noté, je le surligne !

Violette · 2 février 2021 à 20h23

oh qu’est-ce qu’il me fait de l’oeil depuis des semaines celui-là!! Tout me plaît déjà!

Blandine · 3 février 2021 à 09h53

Le scénario me plaît mais je crains d’être rebutée par le dessin

Alice · 4 février 2021 à 22h35

Je l’ai feuilleté en librairie, pas plus tentée que ça, ou en tout cas, comme je n’ai jamais lu Chabouté encore, je pense que je commencerais par un autre titre.

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