Mon chair journal,
Aujoudui, j’ai 8 ans. Et mon nom, cé Élisa. Même si tou le monde m’appelle Zazabizar.
Quand je parle, les Grands me regade avec de gros zieux tou ronds.
Ils aimeré comprendre un son, un mot, quequechoze… Mais mes lerttes se mélange et parvienne toujours à s’essapper !

Elle a l’habitude, Élisa, qu’on la regarde comme une bête de foire. Que les enfants de son âge chantonnent des ritournelles moqueuses sur son passage. Que les adultes lèvent les yeux au ciel et s’énervent de ne rien comprendre à son charabia. Elle n’y peut rien Zaza. Dans sa tête, tout se mélange, tout se brouille, tout s’emmêle. Et quand elle parle, ça sort un peu bancal, un peu tordu, pas toujours droit. Ils se bousculent les mots, ils s’entrechoquent, mais Zaza, elle, sait ce qu’ils veulent dire. Pas de sa faute si les autres ne la comprennent pas…

Ils sont souvent « tougris » les jours d’Élisa. Les grands qui savent parlent de dysphasie, de dyslexie et de tout plein de mots en « I »… mais ça n’aide pas Elisa à se faire comprendre des autres. Alors elle s’isole dans la cour de récréation et se réfugie sur sa « palète », une toute petite planète violette qui tournicote dans un ciel si loin, si haut, que personne ne peut la voir. Elle est bien sur sa planète Élisa, c’est doux et rassurant comme un cocon et elle peut rêver seule au son de sa petite mélodie rien qu’à elle… Le journal qu’elle écrit là haut est rempli de toutes les émotions qu’elle tente d’apprivoiser, les petites joies et les grandes peines, les rêves immenses et les révoltes qui grondent…

La nuit, sait ma dcouleur préférée.
Quan tou le monde dor, pesonne ne m’enpêche de rêver…

Comme je l’ai aimée cette petite Élisa. Elle n’a pas les mots, elle n’a pas les codes mais elle trébuche, elle tombe, elle se relève… et elle grandit. Au cœur des pages de son journal, il y a tous les combats du quotidien, la solitude des jours creux et vides, les peurs qu’on apprend à dompter, les doutes qu’on tente d’apprivoiser. Le monde imaginaire qu’elle se construit lui permet de s’exprimer librement sans crainte du regard ou du jugement. Dans ce monde à elle, dans les mots qu’elle confie à son journal, ce qui la rend unique et singulière devient une richesse.

Je découvre le travail de Nadia Nakhlé avec ce one shot magnifique sur la différence et je suis plus que séduite. C’est poétique, riche de sens, ça ouvre un tas de portes. Une très belle façon de parler de ces façons d’être au monde qui sortent un peu des clous, de tous ces enfants qui débordent du cadre et qui le vivent plus ou moins bien. Cet album leur offre une héroïne qui leur ressemble et, à défaut de réponses ou de solutions, l’envie peut-être d’écouter son propre langage, celui d’un imaginaire capable de réinventer poétiquement le monde…

Nadia Nakhlé est aussi l’autrice du très beau Les oiseaux ne se retournent pas. Vous savez ce qu’il vous reste à faire ♥

Zara Bizar de Nadia Nakhlé
Éditions Delcourt (Septembre 2021)
98 p. / Prix : 19,99 / ISBN : 978-2-413-03961-7

BD de la semaine saumon

Chez Moka


18 commentaires

Natiora · 8 septembre 2021 à 09h07

Qu’elle doit être attachante cette petite Elisa. Les planches que tu montres sur Instagram sont si jolies. Il me faut absolument cet album.

luocine · 8 septembre 2021 à 10h39

j’aime beaucoup la présentation de ce livre

Hilde · 8 septembre 2021 à 11h18

J’aimerais bien découvrir, j’adore les graphismes et le propos semble très touchant. Merci pour la découverte. 🙂

eimelle · 8 septembre 2021 à 11h30

j’aime beaucoup les extraits! Très envie de faire sa connaissance!

Fanny · 8 septembre 2021 à 13h50

Que ça a l’air touchant…
Je n’ai toujours pas lu Les oiseaux ne se retournent pas alors que je l’ai reçu en cadeau…je sais ce qu’il me reste à faire..

Bidib · 8 septembre 2021 à 15h53

ça me rappelle des souvenir, faut que je le lise 🙂

Soukee · 8 septembre 2021 à 17h53

Oh… Ca a l’air d’être une petite pépite, je me trompe ?

PatiVore · 8 septembre 2021 à 20h21

Cette BD me semble belle et intéressante au niveau humain (et artistique aussi) 🙂

Mes échappées livresques · 9 septembre 2021 à 14h17

Très tentant, d’autant plus que j’avais été bluffée par le magnifique Les oiseaux ne se retournent pas.

Nathalie · 9 septembre 2021 à 15h09

J’avais emprunté à la bib « les oiseaux ne se retournent pas » mais je l’ai rendu sans le lire, ce n’était pas le moment, ça avait trop sombre… Du coup, je vais le reprendre ! Et lire celui-ci !

Sabine · 10 septembre 2021 à 22h27

Je viens d’avoir un coup de foudre ! Il me la faut ! J’aime déjà l’inventivité de cet album qui aborde du reste une thématique qui me tient à coeur.

Mylene · 11 septembre 2021 à 07h03

je suis très tentée par ce que tu en dis, je me note ce titre !!

AMANDINE · 11 septembre 2021 à 15h37

Ce livre pourrait bien constituer un futur coup de coeur.

Violette · 12 septembre 2021 à 10h47

j’aime beaucoup les planches que tu nous montres… Les fautes ne sont pas rédhibitoires alors ? 😉

Caro · 13 septembre 2021 à 22h24

Cela pourrait tout à fait avoir sa place au collège, non ? (malgré les fautes ?)

Brize · 14 septembre 2021 à 09h47

Les planches sont très belles et le contenu intéressant. Je la lirai si je la trouve en médiathèque.

Blandine · 15 septembre 2021 à 07h50

Cet album semble très émouvant et les planches que tu montres sont vraiment belles!

Jerome · 2 octobre 2021 à 17h02

Peut-être trop poétique pour moi, mais ça a l’air superbe !

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