« J’évite les miroirs. Je me fais peur. A quel point j’ai une sale gueule, je le lis dans le regard des autres même s’ils ne disent rien. J’ai l’impression d’être à poil quand ils me dévisagent, ces cons. Me font chier. Tous. Rien à leur dire. J’arrive plus à faire semblant.

 

Cette envie de chialer qui monte sans raison particulière. Elle est passée où, Lou ?

C’est qui cette loque transparente ?

Je suis en train de sombrer et ça crève les yeux. »

 

La douleur est lancinante… Elle cogne, sourde, dans les tripes et dans le cœur. Tout de lui est encore là, tatoué sous la peau. Son odeur, sa voix, ses gestes. Les parenthèses de bonheur. Les promesses en majuscules… Toi. Toi. Toi. Toi….

 

Ça fait mal l’absence. Ça fait mal et ça imprègne tout. Lou est dévastée depuis qu’il l’a quittée. Exsangue. Et plus rien n’a d’importance. Sa famille, ses amis, son quotidien de lycéenne, le bac qui approche à grands pas, son avenir. Oublier. Il faut oublier. Oublier sa peau. L’urgence des sentiments. La rage du désir. Détruire les souvenirs. Arracher l’amour…

 

« Non je suis pas guérie et je vous emmerde tous. J’arrive pas à l’éteindre, le feu que tu as allumé en moi. Ça brûle et ça fait mal. Chaque fois que j’avale ma salive. J’aimerais que ça s’arrête. J’aimerais pouvoir le décider d’un claquement de doigts mais ça se contrôle pas. Plus j’essaie d’arrêter de t’aimer moins j’y arrive. »

 

Le texte de Claudine Desmarteau est un uppercut. Il frappe fort et résonne longtemps. Court, cru, intense, entêtant, T’arracher incarne avec une justesse rarement égalée les affres du chagrin amoureux. Dans une langue âpre et sans concessions, l’auteure brosse le portrait troublant de réalisme d’une adolescente qui s’enlise et perd pied. Rythmés par une bande son torturée qui épouse à merveille les tourments intimes de Lou, les mots disent la colère, la violence du sentiment d’abandon, l’immense douleur, l’impossible guérison… et la résilience, enfin.

 

Claudine Desmarteau prête sa voix à Lou et le temps s’arrête. Tout est là, dans le monologue cru et à fleur de peau de cette adolescence en plein vertige rongée par la douleur. Aucune mièvrerie, pas de faux semblants. Loin de la bluette pour ados, les mots claquent, sincères, bruts, sans artifices. Un roman coup de poing qui ne peut laisser indifférent… et une pépite jeunesse qui fait « outch » que je partage avec Jérôme, comme chaque mardi.

 

L’avis de Pépita

 

Éditions Thierry Magnier (Août 2017)

160 p.

 

Prix : 13,80 €

ISBN : 979-10-352-0076-3

 

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8 commentaires

Jerome · 10 octobre 2017 à 12h56

C’est cru, oui, et ça secoue fortement. Encore une belle pépite dénichée avec toi chère complice; )

Alex-Mot-à-Mots · 10 octobre 2017 à 13h03

Beaucoup de mots forts dans tes tags également.

Valérie · 10 octobre 2017 à 18h41

Vous donnez très envie de le lire et de le faire partager aux ados. On manque sans doute de littérature de ce genre sur le sujet, pas mièvre mais qui frappe là où ça fait mal.

Moka · 11 octobre 2017 à 16h42

Très tentant. Evidemment !

Antigone · 11 octobre 2017 à 17h48

Outch ! Rien qu’à lire ton billet… Elle fait envie cette pépite.

Mo · 11 octobre 2017 à 21h39

Merci pour le conseil ! Dans la « petite » liste qui à force, n’est plus si petite que ça 😛

gambadou · 11 octobre 2017 à 22h05

Cru à quel point ? Plutôt lycée ?

lasardine · 12 octobre 2017 à 12h47

tu te doutes bien que si ça fait « outch » c’est pour moi hein… je note!

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