C’est une histoire à deux voix. Une histoire d’hommes, unis, puis désunis, qui tentent de se rejoindre, enfin…
C’est l’histoire d’une guerre. Injuste comme toutes les guerres. Une guerre qui fera de multiples dommages, visibles ou non…
C’est l’histoire d’une tragédie qui se dévoile doucement, au fil des lettres que s’échangent Jovan et Pavle suite à ces retrouvailles qu’ils n’attendaient plus. Une histoire de rancœur et de culpabilité, marquée au fer rouge dans le cœur des deux hommes…
On entre sur la pointe des pieds dans ce récit singulier et minimaliste écrit à quatre mains par Antoine Choplin et Hubert Mingarelli. Rien n’est donné d’emblée, au lecteur d’avancer à l’aveugle et de reconstituer peu à peu le fil des évènements qui hantent encore les deux anciens amis ayant combattu côte à côte lors de la guerre en ex-Yougoslavie. Beaucoup de non-dits, beaucoup de silences, beaucoup de retenue… parfois quelques petits arrangements avec la réalité et des mensonges salvateurs. Certaines choses sont dures à dire… et pas plus faciles à entendre. Aux consciences de l’un et de l’autre de faire le reste.
Des choses s’effacent, voilà.
Et d’autres apparaissent et maintenant ce sont elles qui comptent.
J’aime Antoine Choplin, je découvre Hubert Mingarelli… et la rencontre est belle. Les voix de Jovan et de Pavle s’élèvent, discrètes, pudiques. Elles lèvent un pan du voile, puis un autre et laissent peu à peu éclater une vérité bien sombre mais attendue. Un récit court comme je les aime sur l’amitié et la rédemption. A lire…
Regarder le monde comme il est, ce n’est pas si facile mais surtout, je me dis que ce n’est qu’une occupation parmi toutes celles qu’on peut avoir. Je trouve que c’est bien aussi de regarder le monde comme il pourrait être, ou comme on voudrait qu’il soit. Et c’est bien aussi de ne rien regarder du tout.
Une lecture que j’ai le plaisir de partager avec Jérôme et Valérie
Premières phrases : Puerto Madryn, le 10 août.
Jovan,
Je suis rentré hier. Comme ce voyage est long. J’étais fatigué et un peu désorienté, mais très content de t’avoir revu, et j’ai l’impression que tu l’étais aussi. Ca m’a fait du bien de parler avec toi, et de me souvenir avec toi de Branimir, même si nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour le faire.
Je te joins mon adresse, mais ne te sens pas obligé de me répondre. Ne t’en fais pas. J’avais simplement envie de te dire que te revoir m’a fait du bien. Je te souhaite de continuer à être en forme. Il m’a semblé que tu l’étais.
Bien à toi, Jovan.
Pavle.
Au hasard des pages : Les premiers temps après la guerre, je n’arrivais plus à vivre normalement. C’est curieux comme il me semblait avoir perdu l’instinct de la marche, son rythme, jusqu’à l’équilibre des fois. Et la fatigue venait en moins de deux. Plus tard, je me suis demandé si ça n’avait pas à voir avec les pas de cette nuit-là.
Je marche de nouveau, comme tu le sais. Mon pas ici, dans les rues de Belgrade, a retrouvé de l’assurance. Et en même temps, je sens bien comme il gardera toujours sa part fragile et misérable. (p. 71-72)
Éditions La fosse aux ours (Janvier 2015)
80 p.
Prix : 13,00 €
ISBN : 978-2-35707-060-8
31 commentaires
Aifelle · 9 janvier 2015 à 05h58
Je l’ai presque terminé et je retrouve la voix des deux écrivains que j’aime, leur écriture simple mais qui va à l’essentiel, sur fond d’histoire terrible.
Noukette · 12 janvier 2015 à 22h44
C’est aussi tout ce que j’aime, l’écriture est belle, l’histoire est forte… et marque durablement !
Radicale · 9 janvier 2015 à 07h03
Je ne connais pas ce titre mais j’aime beaucoup Mingarelli ! Je te conseille de continuer ta découverte de l’auteur (Un repas en hiver est top !)
Noukette · 12 janvier 2015 à 22h43
J’ai cru comprendre que c’est un auteur sur lequel je ne pouvais pas faire d’impasse ! 😉
Hélène · 9 janvier 2015 à 08h19
J’aime beaucoup ces deux auteurs, je l’ai noté tu penses bien !
Noukette · 12 janvier 2015 à 22h41
Tu vas y retrouver tout ce que tu apprécies déjà de ces deux auteurs je pense. Si tu arrives à repérer « qui » fait « qui », je veux bien de tes lumières ! 😉
cathe · 9 janvier 2015 à 09h39
Je suis une inconditionnelle de ces deux auteurs donc je note bien sûr 🙂
Noukette · 12 janvier 2015 à 22h39
Ils ont une sensibilité très similaire, le duo ne pouvait que fonctionner !
Margotte · 9 janvier 2015 à 10h01
Je suis très tentée car je viens de découvrir Hubert Mingarelli par le biais de son roman « La route de Beit Zeira » qui vient de sortir et j’ai eu un gros coup de cœur !
Noukette · 12 janvier 2015 à 22h38
Je crois que je ne peux pas passer à côté de « La route de Beit Zeira » ! Noté !
jerome · 9 janvier 2015 à 12h28
Avec ces deux auteurs, impossible d’être déçu. Beaucoup de non-dits, oui, une une vraie réflexion sur l’idée de culpabilité je trouve.
Noukette · 12 janvier 2015 à 22h36
C’est aussi ce que j’ai aimé, que tout ne soit pas donné d’emblée. Une belle découverte !
Valérie · 9 janvier 2015 à 12h36
Comme toi, je connaissais la plume d’Antoine Choplin et cette plume m’a permis de découvrir un auteur qui lui semble proche. C’est une très belle découverte, ce roman à quatre mains.
Noukette · 12 janvier 2015 à 22h35
Oui, nous sommes d’accord ! Du coup, je pense qu’il ne va pas se passer longtemps avant que je lise un roman de Mingarelli ! 😉
Alex-Mot-à-Mots · 9 janvier 2015 à 15h58
Deux pointures de la littérature qui écrivent ensemble, cela doit être quelque chose.
Noukette · 12 janvier 2015 à 22h34
L’exercice doit être compliqué mais le résultat est bluffant !
Laure · 10 janvier 2015 à 08h46
Tu confirmes que ce livre est à découvrir, vraiment, tout ce que tu en dis est tout à fait le genre qui me plait
Noukette · 12 janvier 2015 à 22h33
J’adore Choplin, je découvre Mingarelli… Le tout est une pépite !
clara · 10 janvier 2015 à 09h10
il me le faut !
Noukette · 12 janvier 2015 à 22h30
Je plussoie !
Leiloona · 10 janvier 2015 à 09h27
Un nouveau Choplin ? Mais je dis oui tout de suite ! 😀
Noukette · 12 janvier 2015 à 22h30
Un texte concis et très fort, il a effectivement tout pour te plaire !
cristie · 11 janvier 2015 à 16h51
J’aime Antoine Choplin aussi. Il pourrait donc me plaire !
Bonne année Noukette !!
Noukette · 12 janvier 2015 à 22h27
J’ai beaucoup aimé cette lecture, une jolie parenthèse… Et puis c’est si bien écrit !
Edelwe · 15 janvier 2015 à 11h15
J’aime énormément cet auteur!
Noukette · 26 janvier 2015 à 23h40
Oui, c’est un art d’arriver à dire tant de choses avec si peu de mots…
Hélène · 26 mars 2015 à 08h30
J’ai été déçue, j’en attendais peut-être trop. Le style m’a laissée sur ma faim..
Noukette · 3 avril 2015 à 21h59
Tu me fends le cœur… snif… 🙁
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